Ouverture de l’Imaginarium, dédié à l’image, dont Pierre Giner est l’artiste en résidence pour trois ans, chargé de la programmation, avec Poptronics inside.

« +… », exposition et ateliers en ouverture, du 16/02 au 4/03, du lundi au vendredi de 11h à 18h, les samedi et dimanche de 14h à 18h, entrée libre, 99 boulevard Descat, 59200 Tourcoing, métro Alsace.

http://imaginarium-society.org

L’Imaginarium, à Tourcoing, accueille entreprises, chercheurs et artistes autour des industries créatives et des "visual studies". Et poptronics aussi ! © Pierre Giner
< 22'02'12 >
L’Imaginarium est ouvert, Poptronics in situ

(Tourcoing, envoyée spéciale)

Des discours officiels en réalité augmentée, un bâtiment en pur style industriel du Nord refait à neuf, du beau linge et une cohue bigarrée, c’était jeudi dernier l’inauguration de l’Imaginarium et ses 8000 mètres carrés dédiés aux nouvelles images, à Tourcoing. Avant que la fête batte son plein, avec le pionnier Patrick Vidal et Damien Bourniquel aux manettes d’« I Dance », le drôle de module de VJing de Pierre Giner, les officiels et la presse ont exploré le bâtiment et ses différents espaces d’exposition ou de travail, Martine Aubry en tête (qui avouait ne pas avoir tout compris, mais c’est ce qui est stimulant, ajoutait-elle), son vice-président à la communauté urbaine et maire de Tourcoing, Michel-François Delannoy en garde rapprochée, jusqu’au préfet venu marquer le soutien de l’Etat dans ce projet urbain, économique, social et culturel… Il faut dire que l’ambition est énorme, puisqu’il s’agit de faire se rencontrer l’art, la science et l’industrie dans un même lieu, qui sert à la fois de pépinière pour jeunes pousses innovantes, de labo de recherche universitaire et d’espace de production et de diffusion culturelles.

L’inauguration vue par Idées-3Com (entreprise de la Plaine Images qui a travaillé avec Pierre Giner) :

Et Poptronics dans tout ça ?
L’Imaginarium est en quelque sorte le vaisseau amiral de la Plaine Images, gros chantier économique de requalification urbaine (5 hectares), lui-même partie prenante d’un encore plus vaste projet, celui de l’Union, qui couvre plusieurs communes autour de Lille et comprend aussi bien des projets architecturaux que des éco-quartiers, des équipements culturels, des aménagements urbains, etc. Le vaisseau amiral des nouveaux usages des jeux vidéo, des interfaces tactiles, de la 3D et de la réalité augmentée. Un vaisseau amiral dont Pierre Giner, l’artiste à qui Poptronics ne sait rien refuser, est le directeur artistique invité. Et si le flot s’est ralenti sur Poptronics ces dernières semaines, c’est un peu à cause de lui, qui nous a proposé de le suivre dans l’aventure.

A quoi tu joues ?
Pierre Giner pense l’exposition et son travail avec les médias numériques comme un métamédia. Un média augmenté d’art, comme Poptronics est un média augmenté d’expertise et d’art lui aussi (en tout cas, on le revendique…). C’est donc avec Poptronics et le cabinet graphique Trafik (la même charmante équipe qui avait contribué au succès de l’exposition « MuseoGames » aux Arts et métiers l’an dernier), que Pierre Giner a conçu l’Imaginarium comme une agora. Une « société de l’imaginaire » ou « Imaginarium Society », le nom du site internet, mais aussi le titre d’un ensemble de portraits du territoire en mode joueur, exposé sur place et en ligne, qui initie cette nouvelle convivialité. Plus petit dénominateur commun entre les habitants de ce territoire, le jeu vidéo. Une même question (« à quoi tu joues ? ») déclinée et posée au maire comme au balayeur, au collégien comme au développeur, pour commencer.

« Un tiers-lieu collaboratif »
Puisqu’il n’était pas question de faire l’énième équipement culturel de la région Nord-Pas-de-Calais (déjà bien pourvue, entre le Fresnoy, de l’autre côté de l’avenue, la Condition publique, à deux pâtés de maison, le Tri postal et les maisons Folies conçues à l’occasion de Lille 2004, entre autres…), Pierre Giner a voulu « un tiers-lieu collaboratif ». Où viendraient échanger les industriels innovants qui s’installent sur la Plaine Images (50 entreprises y sont déjà, soit 1000 salariés, deux étages de l’Imaginarium leur sont consacrés), les chercheurs qui, sous le label des « Visual studies » vont intégrer le 3ème étage (CNRS, Universités Lille 1 et Lille 3) et enfin les artistes. Le tout sous le regard du public, parfois avec sa participation, qui voit revivre ce bâtiment chargé de l’histoire industrielle locale, l’ancienne manufacture Vanoutryve (usine où flamboyait l’expertise du Nord en matière textile, avant la première crise de l’après-Révolution industrielle).

Deux étages ouverts au public
L’ouverture jeudi dernier a été l’occasion de passer des intentions (toujours louables) à la réalité. Après la fête, ce sont deux semaines d’accueil des curieux, scolaires ou habitants (150 y sont passés ce dimanche après-midi, un exploit sur ce territoire généralement fort peu animé le week-end). Ankama, la plus grosse entreprise de la Plaine Images (créée en 2001, elle compte 450 salariés et sort son 2ème MMORPG le 29 février, « Wakfu », après le succès mondial de « Dofus »), présente son savoir-faire transmédia (un seul monde médiévalo-fantastique-kawaï pour tous ses produits édition, presse, jeu, animation) au 1er étage. Cet espace « invité » est jouable (« Wakfu » en avant-première), agrémenté de quelques interviews de ses créateurs (sound designer, character designer…).

Exposition boîte à outils
De l’autre côté, toujours au 1er étage, le fablab émergent du Nord, m.e.u.h lab (« machines électroniques à usages humanistes »), propose des démos de découpe laser, de circuit bending et autres fraisages numériques. Au rez-de-chaussée, Pierre Giner a déployé son atelier, « ma boîte à outils », dit-il, une manière de montrer comment les technologies de communication ont souvent avancé avec la contribution parfois critique des artistes. Des pièces anciennes ont été remontées : « Ça dure un peu », sa cigarette net-art de 1998, qui sortira tout bientôt en appli pour smartphone. Des « antiquités numériques » comme « Sentimental Phone » (1997), un ancêtre des chats amoureux via smartphones, mais aussi trois pièces nouvelles réalisées avec des ingénieurs de la Plaine Images en réalité augmentée et en capture de mouvement, sont aussi montrées.

« Dans l’ordinateur de Pierre Giner, l’atelier de l’artiste » n’est pas une exposition. Son espace n’est pas celui d’un musée. Il n’y a pas de « curateur ». C’est une autre façon d’intégrer la création contemporaine dans un lieu qui n’est pas réservé à ceux qui fréquentent les centres d’art (on connaît les limites de la démocratisation culturelle). En choisissant de placer un artiste à la tête de la programmation, l’Imaginarium s’affiche à l’antipode du show-room pour entreprises locales. L’Imaginarium, expliquait le maire de Tourcoing dans son discours, est un « événement pour le monde ». Sans aller si loin, si l’Imaginarium parvenait à faire se côtoyer sans se marcher dessus artistes, industriels et chercheurs, tout en permettant au public de contribuer aux échanges, il serait déjà plus que novateur...

annick rivoire 

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