Les 50 ans du GRM (Groupe de Recherche Musicale) sont fêtés toute l’année : du coup d’envoi en mode privé le 10/03 à la Maison des Métallos au festival Présences Electronique, du 27 au 30/03, Salle Olivier Messiaen, Maison de la Radio, Paris 16e (entrée libre).
Pierre Schaeffer face au « Phonogène », magnétophone tri-bandes. © Serge Lido
< 27'03'08 >
Le GRM, la cinquantaine bien portante
Le GRM a 50 ans. Dix ans après l’acte de naissance de la musique concrète impulsé par les fameuses « Etudes de bruits » de Pierre Schaeffer en 1948, celui-ci crée le Groupe de Recherche Musicale à la Maison de la Radio. La musique concrète, on dira plus tard acousmatique, introduit les notions de recyclage et d’échantillonnage comme dogme de composition. C’est une musique de support qui ne se manifeste que par la lecture du matériau sur lequel elle est enregistrée (disque vinyle, bande magnétique, fichier informatique) et qui invente un nouveau paradigme de diffusion : l’acousmonium, soit un orchestre de haut-parleurs. Les festivités du cinquantenaire ont débuté dès décembre 2007 pour les 80 ans de Pierre Henry et se prolongent du 27 au 30 mars avec l’incontournable rendez-vous Présences Electronique, ouvert aux pratiques post-techno et electronica. Se produiront dans la salle Olivier Messiaen de la Maison de la Radio Chris Watson, récente tête d’affiche du AV festival, le virtuose manipulateur de cassettes Aki Onda, un pape de l’impro bruitiste electro, Phil Niblock et aussi le duo bidouilleur de samples, Matmos. Coté relève française, performeront Michel Guillet, Portradium, Colleen, Goran Vejvoda. Point d’orgue de ces célébrations tous azimuts, un cocktail acoustico-dinatoire à la Maison des Métallos, transformée pour l’occasion en acousmonium, réunissait lundi 10 mars tous ceux qui ont compté et comptent pour le développement de cette musique française. Manquaient les grands disparus : Pierre Schaeffer (mort en 1995) et Luc Ferrari (mort en 2005). Pierre Henry, bien vivant à 80 ans, n’avait pu se déplacer de même que le compositeur biographe de l’électroacoustique, Michel Chion (que le président de l’INA a écorché en Michel « chiant » dans son discours). Après ce lapsus malheureux qui en disait long sur les rapports d’incompréhension et d’admiration entre le laboratoire de recherche et l’institution, un panachage de compositions historiques et actuelles se sont succédées : Pierre Henry et le thème « Tokyo 2002 » créé pour un ballet du complice Maurice Béjart, « Bidule », dernière pièce écrite par Schaeffer pour piano et bandes en 1979 (pas sa meilleure), Christian Zanési, directeur artistique du GRM, superbe dans un live proche de l’electronica, qui cite Pan Sonic et Christian Fennesz, deux résidents du GRM en 2003. Daniel Teruggi, président et directeur de la recherche du Groupe, a mis la main à la console de diffusion dans une œuvre pour percussion live et sons fixés et pour la spatialisation d’une pièce de Bernard Parmegiani. Cette apologie ultracorporate montrait donc un GRM quinqua bonhomme, plus heureux qu’à ses 35/40 ans, quand l’électroacoustique s’enfermait dans un carcan patrimonial, se coupant du monde et des tendances techno. Christian Fennesz avoue n’avoir entendu parler du GRM qu’après avoir piraté à la fin des années 90 les GRM Tools, qui transforment le son par le biais de délais, résonances et autres filtres. Ces outils ont probablement fait autant pour la reconnaissance du GRM que toutes les compositions issues de son répertoire. Célébration toujours, côté librairies et disquaires, « GRM : cinquante ans d’histoire » (Fayard), grand prix de littérature musicale de l’Académie Charles Cros, signé Evelyne Gayou, collaboratrice du groupe depuis 1975, regorge d’anecdotes et de petites histoires. Une colossale anthologie de Bernard Parmegiani en 12 CD est également sur le point de paraître, de quoi donner encore plus d’idées à Gus Van Sant qui a choisi des extraits de « Dedans Dehors » pour son Paranoid Park. Enfin, une non moins imposante collection de textes et de lectures de Pierre Schaeffer va être publiée, abondamment illustrée. A la question « A quoi sert la musique concrète ? », Schaeffer répond : « A quoi sert la musique ? » Soixante ans après son geste séminal du sillon fermé, la question tourne encore. Bonus track en exclusivité pour poptronics, deux extraits du « GRM en 50 sons », un CD hors commerce donné aux invités lundi, une collection de sons très courts agrémentés d’une narration plutôt iconoclaste pour le GRM. Plage 1 : Introduction : Roger Cochini (2000) + Robert Cohen Solal (1968), Luc Ferrari (1958), Pierre Schaeffer (1959), François-Bernard Mâche (1959), Mireille Chamass-Kyrou (1960), Philippe Carson (1961), Claude Balif (1962), Earl Brown (1963), Luc Ferrari (1964), Edgardo Canton (1965), Guy Reibel (1966), Catherine Bir (1967), Robert Cohen Solal (1968). Plage 2 : Jean-Claude Risset (1969), François Bayle (1970), Alain Savouret (1971), Bernard Parmegiani (1972), Michel Chion (1973), Dennis Smalley (1974), Luciano Berio (1975), François Bayle (1976), Denis Dufour (1977), Ivo Malec (1978).
Feu le sorcier de la musique concrète Pierre Henry
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