Festival du jeu vidéo à Montreuil, du 21 au 23 septembre, Paris-Est Montreuil (Halle Marcel Dufriche), entrée 7 euros, jusqu’à 19h dimanche, 128, rue de Paris, Montreuil.
Salon du jeu vidéo 2007 à Montreuil, les filles sont là aussi. © Pierre Giner
< 23'09'07 >
Le festival de Cannes du jeu est à Montreuil
Ils sont là, déguisés en elfes ou tout de gothique vêtus, quarantenaires ayant gardé l’esprit de la battle d’antan, jeunes filles dansant sur des tapis interactifs et enfants entrant dans l’enceinte du festival comme dans une caverne d’Ali Baba. A Montreuil, la deuxième édition du Festival du jeu vidéo attend jusqu’à ce soir 40 000 visiteurs et la foule qui se presse à l’entrée du hall des expositions donne un bonne indication du succès de la manifestation, la première en France à réunir les studios français, les acteurs indépendants (les plate-formes de jeux multi-utilisateurs, la « fédération des créateurs indépendants de jeux en ligne alternatifs »…, les géants du secteur (Playstation, Ubisoft, Nintendo) et même les champions de la catégorie (les World Cybergames y organisent leur finale française). Sans oublier les héros de la fête, tous les jeux dans tous les genres, ceux qui n’ont pas encore atteint les gondoles, les très attendus et grand public (« Final Fantasy XI » online, « Virtua Fighter 5 » en avant-première sur Xbox 360, « Gran Turismo 5 » ou « Jackass » sur PS3, « Rayman contre les lapins encore plus crétins » avec la Wii, que le joueur utilise comme le tac-tac des années soixante..) et les challengers qui tentent une sortie au grand jour. On s’amuse sur le très dépaysant « Exalight » (PC, sortie prévue fin 2007), un jeu de poursuite futuriste mâtiné de tuning un peu spécial (les voitures sortent d’un vieux Mad Max tandis que les décors oscillent entre univers Kawaii et onirisme à la Moebius). Goa, la plate-forme de jeux on line de France Télécom (qui gagne la palme du stand le plus vitaminé), présente son futur jeu de karting à l’esthétique comics assumée, « Kartn’Crazy ». Il faut dire que ses jeux phare, en provenance de Corée, ont un look manga qui détonne sur l’offre médiévaliste « heroic fantasy » dominante sur le reste du salon (de « Heavenly Sword » à « Age of Conan »). Exception faite des jeux de simulation sportive avec balle au pied et siège de conduite façon Formule 1, qui attire une gent très masculine, bizarrement... « Les jeux vidéo sont la forme la plus avancée des mondes numériques », avance Etienne Arman Amato, chercheur à Paris 8 en « sociologie des pratiques numériques ». Le ludique s’est étendu, jusqu’à toucher aujourd’hui la formation, la propagande ou la simulation. L’armée, l’activisme alter, les défenseurs du développement durable ou les futures coiffeuses chez l’Oréal le pratiquent. C’est la grande vague des Serious Games qui a fait l’objet d’une conférence vendredi (avant les compétitions, les remises de prix et les concours de déguisement des Cosplay). Jean Menu, expert ès-jeux vidéo du Centre national de la cinématographie (CNC), auteur d’un rapport sur le sujet à paraître dans les semaines qui viennent, y faisait le constat d’un « retard de quatre à cinq ans de la France » dans ce domaine, qui attise pourtant les convoitises. Un marché fantasmatique, estimé « entre 300 millions d’euros et 1 milliard de dollars », selon Jean Menu, qui dénonce ce « contresens des créateurs et studios français qui considèrent qu’on ne peut pas mélanger la fiction et la fonction, autrement dit qu’on ne peut pas faire de formation avec du jeu ». Car le jeu perfuse toutes les strates de la société, jusqu’à créer ses propres produits culturels dérivés, les machinimas : ces fictions réalisées à partir des images et des moteurs de jeux vidéo sortent elles aussi du pur cadre référentiel. Le Festival du jeu vidéo a nominé cinq d’entre eux, à visionner et à soutenir ici. L’humour du gamer qui y communique sa passion (comme dans « Patch day » de Panpan studio) est toujours là, mais au-delà de la potacherie digitale, ce sont des courts malins et bien ficelés qui apparaissent. « L’Auberge du petit poney blanc » prend le parti du noir et blanc pour conter une sorte de « Scream » façon film muet ; « Un bout de rêve » joue d’une bande-son totalement décalée. Des petites fictions qu’on peut visionner sans avoir passé ses nuits le joystick à la main, la preuve ci-dessous : « L’Auberge du petit poney blanc », un petit chaperon noir et blanc : « Un bout de rêve », du cauchemar aseptisé 3D : « Patch day », la caricature assumée par Panpan studio de l’esprit gamer :
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