Les nouvelles écritures du graffiti, rencontre-débat du cycle art espace public, le 6/02 de 19h à 21h, 17 rue de la Sorbonne (entrée à gauche de la Chapelle de la Sorbonne), inscription sur le site du master Projets culturels dans l’espace public, 17 rue de la Sorbonne, Paris.

M. Chat, les soldes, de 5 à 500 euros, objets tirés de ses voyages à Séoul, Tokyo, Paris, Angoulême, Orléans, le 7/02, de 13 à 17h, chez All Stars, rue des Trois Clefs, Orléans.

A Bamako, au Mali, en 2008, l’Italien Filippo Minelli, qui se définit comme un "artiste conceptuel venu du graffiti", peint des logos de firmes techno, comme ici Microsoft, sur du bois, de la tôle ou des tas de terre. © Filippo Minelli
< 06'02'09 >
Le graffiti, le post-graff et après ?

Signe des temps, c’est à la Sorbonne, dans le prestigieux amphi Richelieu qu’il sera question ce soir de « nouvelles écritures du graffiti », dans le cadre du cycle art [espace] public la « fabrique de l’urbanité ». La gentrification du graffiti est-elle si paradoxale qu’il y paraît ? Cette forme d’art urbain est certes née de son opposition à la création établie et adoubée par le marché, les galeries et les institutions. Aujourd’hui cependant, si le graffiti reste interdit et réprimé, il n’a jamais été aussi présent sur les murs de nos villes, comme dans les publicités de grandes marques de street-wear, et affole les salles de vente. Les signes graphiques, stickers, LEDs, sacs poubelles, etc. se multiplient, et les artistes qui ont choisi la rue comme atelier et lieu d’exposition multiplient les stratégies (plus ou moins marketing) pour être non seulement vus, mais aussi repérés.

Les étudiants du master Projets culturels dans l’espace public de la Sorbonne organisent donc ce vendredi une rencontre entre artistes, chercheurs et observateurs (dont poptronics) pour montrer « comment la ville peut s’inventer autrement » et comment les artistes y travaillent « hors des cadres de la production et de la diffusion culturelles traditionnelles ». Autour de Marko-93 et de David Renault, deux représentants de cet art de la rue qui sort des cadres désormais « classiques » du street-art, des acteurs de cette scène (et poptronics, donc) poseront la question de cette forme artistique mouvante, hier totalement illégale, aujourd’hui encensée par le marché, et jouant incontestablement de la diversification.

Marko-93 est un adepte du light painting ou graffiti lumineux, David Renault imagine des graffitis sonores -une empreinte sonore dans la ville, comme le faisaient auparavant les tagueurs avec leurs initiales stylisées. Tous deux sont emblématiques de la nouvelle génération post-graff. Après la vague rebelle originelle, celle du graff, les post-graff avaient tenté, à partir des années 90, de définir une nouvelle grammaire esthétique de la rue, à base de pochoirs et affiches sérigraphiées (Blek le rat, Banksy), de mosaïques (Invader), d’ombres au sol ou de lacérations d’affiches publicitaires (Zevs).

Ces « maîtres » ont ouvert une voie, que la génération suivante a creusée en la diversifiant : le « reverse graffiti » prend par exemple à rebours la politique de répression qui sévit partout dans le monde contre les graffeurs en karchérisant les tunnels et les murs des villes couverts de pollution pour y inscrire en creux des illustrations.

« Ossario », Alexandre Orion, Sao Paulo, Brésil, 2006 :



Pourtant, la police intervient à chaque fois pour nettoyer totalement les graffs d’Orion… La disparition visuelle n’est donc pas suffisante. Le Graffiti Research Lab à New York est l’un des collectifs les plus en pointe dans le domaine des interventions « open source » (ou comment exporter dans la rue l’esprit du logiciel libre, en documentant et partageant les expériences), de Londres à Vienne en passant par Pékin et Tokyo. Une manière de « reprendre possession de sa ville par tous les moyens ». Ils ont été pionniers en électro-graff et laser-tag, les projections lumineuses laser et LED (les diodes électro-luminescentes) et ont lancé la vague des « Throwies » (des LEDs miniatures accrochées à des aimants ou ventouses, qu’on jette sur un pont ou un toit pour éclairer la nuit). La lumière ne reste pas, les pandores ne peuvent intervenir…

Pour éviter l’arrestation, d’autres ont choisi le gigantisme, avec l’aide d’institutions ou galeries complices. C’est le cas de M. Chat qui continue son tour du monde de Macao à Hong Kong en passant par Séoul et Hué, et l’été prochain, le Brésil (pour une exposition dont on vous reparlera très prochainement…). Dans un tout autre registre, c’est également le cas de JR, photographe adepte de l’in situ-situ : avec ses images géantes noir et blanc, le plus souvent des portraits, il décale le regard sur la ville et ses problèmes politiques. Il l’avait fait de spectaculaire manière sur le mur Gaza-Israël, avec « Face 2 face », des photos d’hommes et de femmes des deux côtés de la frontière, Israéliens et Palestiniens, tous hilares (pas de se retrouver sur le Mur…). Il poursuit avec le projet « Women » au Kenya aujourd’hui, hier dans les favelas de Rio. Son intervention n’est plus illégale, elle fait partie d’un projet artistique plus global, de réappropriation par leurs habitants de cet espace public qu’est la rue.

« Women are heroes », JR, 2008 :


S’émancipant de plus en plus de l’esthétique street-art, d’autres investissent l’espace public pour y poser ou y modifier quelques objets, pratiquant une sorte de sculpture hackée, à base de tricots (tendance filles, mais pas que), de sacs poubelles sur les bouches d’aération de métro ou encore de peinture de chewing-gums… S’éloignant encore un peu plus du graffiti originel. Logotypes détournés, jardinage sauvage, chacun, à sa manière, se réapproprie la ville. Un excellent moyen de toucher le grand public et d’inventer « d’autres récits, d’autres images, d’autres lieux de rencontre et de partage, ici et ailleurs, qui essaient d’activer ou de réactiver la dimension publique de l’espace public, son caractère poétique et/ou politique », avance Pascal Le Brun-Cordier, directeur du master.

On en discutera ce soir, c’est sûr, après avoir balayé l’étendue des ces extensions du graff (jusqu’à la 3D, un dispositif invisible sans artefacts technos… pas totalement convaincant). Et avant les démos de light painting et graff sonore, on posera forcément la question de la récupération et de la dilution du graffiti dans un bain de marketing troublant… Un certain Vincent Elka, anciennement connu sous le nom de Lokiss, historique du graffiti des 80’s qui filmait en 2005 la mise à mort de son identité de graffeur (à voir ici, ici, et ), nous livre brut de décoffrage son opinion sur la question : « Allez tous vous faire e. (censure obligée, ndlr), sales esclaves sans talent ! Gadgetiser n’est pas créer ! Styliser n’est pas révéler ! A bas l’art publicitaire ! Vive l’art politique ! »

annick rivoire 

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< 2 > commentaires
écrit le < 28'02'09 > par < filipedavb 2Qe yahoo.fr >

Voir aussi le Pop_Down Project qui propose à chacun de participer à la dépollution visuelle de l’espace public. Parti de Paris, le mouvement compte maintenant plus de 700 "popdowners" à travers le monde.

L’idée : "Sur Internet, il est relativement facile de réduire le nombre de Pop-Up qui s’affichent sur nos écrans. Dans la réalité, c’est autrement plus compliqué. Le Projet Pop_Down propose donc à chacun de rétablir symboliquement cette liberté de non-exposition en collant des boutons "Fermer la fenêtre" sur toute pollution de l’espace public."

pop-down.blogspot.com

écrit le < 01'03'09 > par < graff.video AT free.fr >

Découvrez une nouvelle pratique du graff et de la vidéo, le "graff vidéo" : ("http://graff.video.free.fr"). La caméra vidéo est manipulée comme une bombe de peinture dans le graff "classique". Les images sont réalisées en direct sans retouche, avec la lumière pour matière picturale. Une approche trans-disciplinaire où les images apportent une nouvelle forme au récit. Plus d’infos sur cette approche sur la page "http://graff.video.free.fr/fr/approach.htm"

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