Paris Cinéma, du 3 au 14 juillet, au MK2 Bibliothèque, à l’Arlequin, et au Max Linder, à Paris.
"This is England", de Shane Meadows, révélation de cette cinquième édition de Paris Cinéma. © DR
< 07'07'07 >
Les Toiles de Paris

Paris Cinéma est une jolie manifestation du genre tête chercheuse qui fait la part belle au Liban pour cette cinquième édition, et comme toujours aux films inédits, aux hommages et aux courts métrages. En sélection officielle, treize longs métrages, dont bon nombre de premières œuvres comme Shotgun Stories, de Jeff Nichols, règlement de compte familial au fin fond de l’Arkansas, sélectionné à Berlin cette année, ou Falkenberg Farewell du Suédois Jesper Ganslandt, dans lequel cinq amis d’enfance, moral dans les chaussettes, organisent leur suicide dans une petite ville qualifiée de « Suède en miniature » (film sélectionné à Venise et Toronto, à découvrir donc en exclu).

This Is England, de Shane Meadows, est d’ores et déjà la révélation du festival, il repasse lundi 9, courez-y ! Son premier long, « Dead Man’s Shoes », était déjà produit par la division cinéma du label électro de référence, Warp Records. Ce film très anglais se déroule au beau milieu d’années 80 marquées par la poigne de Thatcher et la guerre des Malouines (bizarrement peu documentée par le ciné british). Sur fond de Toots & The Maytals, des Specials et des Smiths, Shaun, gamin solitaire, tente de se reconstruire après la mort de son soldat de père aux Malouines, et rencontre une bande de jeunes skinheads, qui l’adoptent jusqu’à l’enrôlement au National Front. En disséquant les luttes de clans, la camaraderie, la violence sourde souvent née de traumas affectifs, Meadows réussit un film très juste sur les skinheads d’alors, partagés entre les origines d’un mouvement qui remonte aux Mods 60’s et leur amour pour toutes les musiques noires, dont le ska, et les dérives nationalistes. Sorte de « Kes » réactualisé, ce film parfois très dur, loin des clichés, cartonne en vrai phénomène de société en Angleterre (sortie française le 10 octobre).

Le Liban est à l’honneur avec les premiers travaux du couple Hadjithomas/Joreige, réalisateurs de « Perfect Day », film sensible et moderne qui marqua en 2005 le renouveau du cinéma libanais, l’intégrale des courts métrages et docus de Danielle Arbid, et surtout les trois films de Waël Noureddine, documentariste des plus aventureux. Ses films lui ressemblent : passionnés, politiques, fragiles et déviants. Pas un hasard s’il les truffe de morceaux de MKB Fraction Provisoire, le groupe de rock industriel de FJ Ossang, lui aussi présent à Paris Cinéma avec « Silencio », son court-métrage qui effectue une belle tournée des festivals (Quinzaine des réalisateurs, Clermont-Ferrand).

Dans la veine cinéma social, hors compétition sont à découvrir le palmé « 4 mois, 3 semaines et 2 jours » du Roumain Christian Mungiu, ou le très noir « Exilé » de Johnnie To, la star du polar fantastique hong-kongais. Les fans de rock ne manqueront pas la projection du fameux documentaire « Glastonbury » de Julien Temple, cinéaste rock’n’roll, qui vient de signer The future is unwritten, sur Joe Strummer (sortie attendue le 11 juillet). Quant aux amateurs de comédie salace et absurde, « You, The Living » de Roy Anderson, auteur des « Chansons du deuxième étage », est pour eux.

Enfin, le génial Francesco Rosi présentera lui-même ses films-enquêtes, dont la bio du mafioso le plus célèbre au monde, « Lucky Luciano », « Chronique d’une mort annoncée » ou « Oublier Palerme ». Et la note musicale et déjantée revient à Charlie O et son orgue Hammond déglingué qui mettra en musique les comédies ultimes de Lubitsch.

benoît hické 

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