« Utopistes au boulot ! » Une affiche de Lénon sur le site « Redonnons la parole aux murs ». © DR
< 30'05'08 >
Mai 68 toujours en haut de l’affiche
Ça y est ! Mai 2008 s’achève, sans barricades ni révolution. Dans le flot commémoratif de l’autre mois de mai, celui d’il y a 40 ans, l’activisme graphique de l’époque fait l’objet de plusieurs points de vue. En ligne et en double contrepoint, le feuilletage proposé par la Bnf des tracts de 68, sans commentaires (plutôt agréable après le déferlement de publications sur l’héritage 68), contre la version 2008 de Redonnons la parole aux murs. 1968/2008, même combat ? Les activistes de ce site participatif dont on vous a déjà dit du bien, ont lancé un appel aux artistes, graphistes, activistes et militants pour faire rimer imagination avec action : les affiches 2008 ont été placardées un peu partout en France sur les murs, les arbres, ou autres panneaux. Si les revendications sont actualisées (sans papiers, pouvoir d’achat, OGM, culture, éducation…), les slogans sont toujours aussi mordants, à l’image du « Sarkomence » ou de « Souriez, vous êtes fichés ».
Paradoxalement, à Chaumont, au Festival international de l’affiche, c’est une autre référence qu’a choisie Alex Jordan, co-directeur artistique, en contrepoint aux affiches des étudiants des Beaux-Arts de Paris de 1968. Un filin traverse de biais la salle d’expo de la mairie, sur lesquelles sont posées d’immenses lés de papier saucissonnant d’un côté une caricature anti-boulangiste de 1890 et de l’autre une sélection des affiches des étudiants de Mai 68. Simple et sobre, le « Cri du papier » (quel beau titre !) rappelle à point nommé que « l’expression contestataire par l’icone ne date pas de 1968 ». Et pour les voir « en vrai », lesdites affiches, à Paris, c’est aujourd’hui le dernier jour d’exposition à Confluences d’une quarantaine d’affiches collectionnées par Jacques Robnard : « Je ne suis pas un ancien combattant de Mai 68, explique-t-il, mais un simple témoin qui a conservé ces souvenirs, ou pièces à convictions, d’une période pleine de fièvre et de ferveur. » Outre les classiques « Sois jeune et tais-toi », « La chienlit, c’est lui », l’exposition fait revivre les revendications de l’époque : Ortf, grève des cheminots et des ouvriers de Renault, lutte contre la répression…. Une petite piqûre de rappel pour les 40% de Français qui réduisent trop rapidement le mouvement à une révolte étudiante.
Last but not least, l’exposition « La bande son de Mai 68 », ne montre pas d’affiche, mais a le mérite de proposer une autre vision de cette année-là. Dans cet appartement 60’s reconstitué dans la mairie du 18e, c’est tout le quotidien d’une famille soixante-huitarde qui revit à travers les tubes de l’époque. « Emmenez-moi » d’Aznavour ou la « Petite fille de Français moyens » de Sheila du côté du père ouvrier gréviste d’une petite usine de banlieue, « Born to be wild » de Steppenwolf pour le fils communiste, ouvrier gréviste chez Renault ou encore « Dream a little dream of me » de Mama Cass pour la fille, étudiante à la Sorbonne... A l’extérieur de l’appartement, un point d’écoute, d’Evariste à Renaud, en passant par les Stones. On découvre les mythiques guitares de l’époque (Gibson, Epiphone et Fender) avant de s’arrêter au coin archives avec actu et journal télévisé, sans oublier les immanquables épisodes des Shadoks ! C’est sûrement l’expo la plus insolite de ce mai 2008. Pas étonnant donc qu’elle joue les prolongations (jusqu’au 5 juillet).
valérie nescop
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