Visions d’artistes à propos de la collusion d’actualités mondiales ce week-end, entre le Royal Wedding, sommet de l’actualité heureuse (dont on nous rebat les oreilles) et la mort dans la nuit de dimanche 1er mai à lundi 2 mai d’Oussam Ben Laden, tué par une opération militaire américaine au Pakistan.
La page du site du FBI listant les terroristes les plus recherchés aux Etats-Unis a été mise à jour ce lundi : la photo de Ben Laden est toujours en tête, mais un bandeau "décédé" indique l’événement. © DR
< 02'05'11 >
Obama, Oussama, Kate, Will et le reste du monde

Obama a-t-il attendu l’après-noces royales pour annoncer la mort d’Oussama, histoire de ne pas gâcher la fête des jeunes mariés les plus médiatisés de l’Histoire ? Si le président américain a donné l’ordre de lancer l’assaut militaire le 29 avril, l’opération n’est intervenue que dans la nuit de dimanche à lundi… La coïncidence de calendrier est des plus marquantes : ces deux derniers jours, la planète entière, musulmans et catholiques, européens et asiatiques, jeunes et vieux, nord et sud, a partagé la même double actualité. Totalement heureuse d’un côté, stratégiquement déterminante et lourde de conséquences de l’autre. Comme si deux extrêmes se rencontraient.

Bonheur vs malheur

Bonheur pour les mariés de la couronne britannique, « partagé » par des centaines de millions de spectateurs dans le monde (de ce côté-ci de l’écran, on n’a vu dans la cérémonie soi-disant moderne que traditions toilettées pour l’occasion et retour au statu quo ante d’une monarchie pipolisante sans grand intérêt). Malheur pour les partisans d’Al Qaeda, pour Ben Laden au premier chef qui a trouvé la mort dans la nuit au Pakistan. Bonheur contenu pour Barack Obama qui en avait fait un leitmotiv de sa politique étrangère (décapiter le mouvement terroriste en arrêtant, ou en tuant, son numéro un). Il sait bien que les représailles ne tarderont pas et n’exultait pas au moment de l’annonce (on imagine bien un certain Sarkozy détenant une information équivalente…).

Réussite apparente de l’opération militaire, que très peu de médias occidentaux questionnent d’ores et déjà (ça viendra…). Qui pour dire que cette forme de « justice » est une exécution sommaire ? Ben Laden, le terroriste du 11 Septembre, a été purement et simplement éliminé, sans autre forme de procès…

Bonheur apparent des foules venues assister en masse au mariage à Londres (pour n’apercevoir qu’un chaste baiser), liesse des patriotes américains venus fêter la nouvelle de la mort de l’ennemi public numéro 1 devant la Maison blanche.

Au fond, heureux ou pas, ces événements font danser un drôle de pas de deux ce lundi. Celui de la « Royal Polka » imaginée par Sandor Krasna en premier lieu :

Celui ensuite d’un monde où l’actualité ne souffre pas la moindre seconde de répit. On en veut pour preuve cette histoire dans l’histoire d’Oussama pas du tout anecdotique. Sohaib Athar, un Pakistanais parti se mettre au vert à Abbottabad, la ville de 100.000 habitants où résidait Ben Laden, s’est retrouvé involontairement l’un des acteurs de l’événement : « Uh oh, now I’m the guy who liveblogged the Osama raid without knowing it », écrit-il en conclusion d’une drôle de nuit (« hum hum, je suis celui qui a blogué live sur le raid contre Osama sans même le savoir »).

Le fil de ses posts sur le site de microblogging témoigne du déroulé de l’opération. Ça commence à 1 heure du matin (heure locale) : « Helicopter hovering above Abbottabad at 1AM (is a rare event) » (« un hélicoptère en vol stationnaire au dessus d’Abbottabad à 1h AM -un événement rare- »). Puis, après trois heures de conjectures : « And now, a plane flying over Abbottabad. » (« Et maintenant, un avion survole Abbottabad. ») Une heure après : « Report from a taxi driver : The army has cordoned off the crash area and is conducting door-to-door search in the surrounding. » (« D’après un chauffeur de taxi, l’armée a bouclé la zone du crash et fait des recherches de porte-à-porte dans le secteur »). Témoignant de l’explosion de sa connexion due aux nombres de sollicitations que sa présence sur les lieux déclenche, Sohaib Athar semble autant amusé que critique à propos du cirque médiatique qui se met en place.

Sauf dans les gazettes demain et les télévisions et médias aujourd’hui, il est plus que probable que nul ne songera à rapprocher à l’avenir les deux événements, mariage de Kate et Will d’un côté, mort de Ben Laden de l’autre. Puisque ce jour est doublement exceptionnel, finissons en silence, avec cette très jolie version des noces telle que revisitées par Systaime, détourneur vidéaste en chef dont on retrouve le talent réactif et subtil (sous ses dehors potaches).

The Royal Wedding Vows / Silences, par Systaime :

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< 4 > commentaires
écrit le < 03'05'11 > par < info LPw poptronics.fr >

Systaime nous signale d’autres vidéos/actions/réactions aux événements (cliquez sur les titres pour accéder aux pages) :

William and Kate / The Royal Kiss Facebook Art / Icones By Systaime

William and Kate Kiss (Replay) on the Balcony - The Royal Wedding

Obama : Osama Bin Laden Dead / Silences

Et celui qu’on préfère, un Gif animé et musical qui rejoue le baiser au balcon en icones Facebook :

Trash Gifs Royal Wedding French Trash Touch Systaime

écrit le < 03'05'11 > par < info x32 poptronics.fr >
et aussi le fake repatouillé de l’image de Ben Laden mort : Photoshop Killed BIN Laden
écrit le < 03'05'11 > par < roal 5Ud yahoo.com >
On dirait que vous pleurez Ben Laden, c’est quand même le pire terroriste de tous les temps, responsable de milliers de morts, et auteur des théories les plus délirantes de haine... Sa mort est une bonne nouvelle oui, à ranger du côté des infos heureuses.
écrit le < 03'05'11 > par < matthieu.recarte 9PH poptronics.fr >
Nous ne pleurons pas Ben Laden mais l’attitude des Etats-Unis qui, depuis dix ans, ont pris (c’est un euphémisme) quelques libertés avec le droit international et la notion de justice, instaurant un régime d’exception pour tout ce qui concerne l’islamisme radical (et rognant les libertés publiques, mais c’est un autre débat). Après les tortures et les détentions arbitraires, à Abou Ghraib, à Guantanamo ou dans les prisons illégales de la CIA sur le sol européen (voir "Essential Killing", le très beau film de Jerzy Skolimowski, actuellement en salles, avec le cas polonais en filigrane), après les guerres sales d’Irak et d’Afghanistan (227000 morts tout de même, estimation basse, dont 116000 civils et 9000 soldats de la coalition), voilà donc Ben Laden tiré à vue. Il y a là quelque chose de la loi du talion qui nous dérange. Comme nous dérange l’unanimisme des réactions, fondé en creux sur un syllogisme dangereux : c’est grâce à la torture qu’un coursier de Ben Laden a pu être localisé, Ben Laden était l’ennemi public n°1, donc la torture était légitime pour l’arrêter. Non, la fin ne justifiera jamais les moyens. Ou alors il faut aller jusqu’au bout et admettre qu’on est sorti du régime du droit et de la démocratie (la séparation des pouvoirs, l’acceptation de règles communes, ce genre de détails). Nous ne sommes ni des suppôts de l’islamisme (on serait plutôt du genre très mécréant à poptronics), ni de doux idéalistes. Pour ne prendre qu’un exemple : même un criminel comme Adolf Eichman, pendu en Israël après avoir été enlevé dans un pays étranger (l’Argentine), a eu droit à un procès en bonne et due forme à Jérusalem. L’Amérique est vengée, mais la justice n’est pas passée. C’est ce que nous voulions pointer, loin de l’euphorie généralisée autour du cadavre encore fumant de Ben Laden. Et voir le président français reprendre les mots d’Obama ("justice est faite") à quelques mois du trentième anniversaire de l’abolition de la peine de mort, nous laisse à penser que ce rappel nécessaire était même salutaire. Matthieu Recarte