Pere Ubu et Dirty Three, en concert ce soir à 20h30, dans le cadre du festival Sons d’Hiver, au Théâtre Romain-Rolland, 18, rue Eugène Varlin à Villejuif (94).
Dirty Three, trio australien légendaire, mené par l’allumé Warren Ellis (au premier plan). © DR
< 15'02'08 >
Pere Ubu vs Dirty Three, underground double face

World, chanson, rock… Il y en a pour tous les goûts à Sons d’Hiver, le festival qui sillonne vaillamment le Val-de-Marne tous les mois de février. On s’arrêtera sur une double affiche comme on les aime, ce soir au Théâtre Romain-Rolland de Villejuif, avec des vieux de la vieille adeptes d’un rock mutant, aux frontières de l’expérimental.

On retrouvera d’abord les vétérans Pere Ubu, remis en selle avec « Why I Hate Women » (tout un programme), excellent album (le treizième) sorti il y a deux ans. Une misogynie qui n’étonne pas : David Thomas, le double quintal vociférant qui sert de chanteur et songwriter au collectif, n’aime pas les gens, misanthropie qui affleurait dès les débuts du groupe, quand il se lançait dans l’aventure punk nanti du tube intello trash « Final Solution », qu’il joue toujours trente-deux ans plus tard. Fer de lance de la vivace scène de l’Ohio (Devo s’activait alors du côté d’Akron), Pere Ubu ne connaîtra jamais le succès, confiné à un underground qui sied bien à sa musique exigeante, bruyante, en recherche ; pataphysique, comme son nom l’indique. Références à Jarry et Dada omniprésentes, Thomas joue les prêcheurs hallucinés à voix de fausset dans un halo sonore tordu et radical (boucles de theremin, riffs stridents, extrapolations free), qui a exercé une influence déterminante sur tout un pan du rock dit « alternatif » des années 90 : encore gamin à Cleveland, le petit Trent Reznor confesse avoir été durablement marqué par les performances terroristes de Pere Ubu, qui n’a rien perdu de son tranchant avec l’âge, encore renversant il y a deux ans au Nouveau Casino.

Une reprise de « Final Solution » par Trent Reznor, Peter Murphy (Bauhaus) et TV On The Radio à Washington en 2006 :



Autre formation underground à l’affiche, le trio australien Dirty Three, soit Warren Ellis, Jim White et Mick Turner, bien connus des amateurs de musiques différentes. Violoniste tortueux, Ellis, élément-clé des Bad Seeds de Nick Cave depuis 1996, est l’homme des arrangements étranges et du bruit blanc, devenu l’alter ego du crooner australien dans le projet garage sulfureux Grinderman. Jim White est lui l’un des batteurs les plus courus du circuit (Bonnie « Prince » Billy, Smog, Cat Power, Jim O’Rourke…), compagnon de route de longue date de PJ Harvey (responsable du jeu à l’étouffée sur le formidable « White Chalk »). Quant au guitariste, Mick Turner, peintre reconnu aux antipodes, c’est l’un des punks historiques les plus crédibles d’Australie (The Sick Things, The Fungus Brain, Venom P. Stinger, avec Jim White déjà …). Ensemble, ces électrons libres composent depuis quinze ans, et leur bien nommé « Sad And Dangerous », une musique instrumentale d’une rare beauté, où s’entremêlent jazz entêtant et rock performatif, expérimental tendu et folk de foire. Actuellement en tournée avec les Nuits de l’Alligator, ils seront le 22 février l’une des attractions de la Route du rock collection hiver à Saint-Malo. Laissez-vous tenter par leurs concerts qui avancent sur un fil ténu, entre mélancolie à fleur de peau et explosions de rage.

Un extrait de « Sue’s Last Ride » (2001), un film de Nicholas Elliott consacré à Dirty Three :

matthieu recarte 

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< 1 > commentaire
écrit le < 18'02'08 > par < thomas.cheneseau qoi beauxartsparis.fr >
wock and woll