Sortie de « The Laughter’s An Asshole » - « Lion Land » (Voodoo Eros/ Touch & Go/Pias), double album de Quinn Walker, nouveau venu sur la scène du folk déviant américain.
Quinn Walker a tout fait tout seul sur ce double album de folk baroque bizarro à souhait. © DR
< 06'02'08 >
Quinn Walker, son folk en dérapages incontrôlés
C’est une bizarrerie de plus débarquée des Etats-Unis, un double album qui tutoie Animal Collective comme CocoRosie, tout en orchestrations obliques et tordues. Normal, Quinn Walker est l’un des poulains de Bianca Casady, moitié du duo américain, qui, quand elle n’ouvre pas une boutique tendance à Paris (fringues, thé, musique, art, dans le 18e), cogère le label Voodoo Eros, qui s’est fait une spécialité dans l’exploration des zones tampons entre folk et expérimental. On n’entre pas facilement dans l’univers de Quinn Walker : sa musique chorale et touffue, en un mot borderline, refuse de rester en place, fureteuse, absconse aussi parfois (c’est le risque). Mais parmi les 29 ( !) morceaux de « Lion Land » et « Laughter’s An Asshole » beaucoup font mouche, avec leur étrange alliage de psychédélisme vintage, de post-rock hébété, de « nursery rhymes » insanes, de folk excentrique et de pop neurasthénique. Les synthés cassés côtoient guitare en bois, tambourins et clochettes ; des cuivres klaxonnant et des sons saturés s’invitent en contrepoint de curieuses séquence computérisées ; des percussions africaines carambolent des sarabandes hippies. Un extrait de « Laughter’s An Asshole » - « Up Here The Air Is Fresh And Sweet » : Le jeune Américain a bricolé ces deux disques seul à la maison (Brooklyn), en marge de son groupe, Suckers, avant la rencontre fortuite de Bianca Casady et Michel Gondry lors d’un dîner, qui lui ouvrira les portes d’un enregistrement. Et même s’il en fait parfois trop dans ses expérimentations (quinze idées par morceau, ça peut être usant), il faut se laisser tenter par sa production baroque (quelques extraits ici), qui fait pas mal songer à Panda Bear récemment, mais aussi TV on the Radio ou Yeasayer (on reparle d’eux dans quelques jours) pour la liberté de ton, les harmonies vocales vrillées et les dérapages incontrôlés. Un nouvel exemple de l’inventivité de la scène new-yorkaise, loin des sentiers rebattus du rock. Pour preuve, cet extrait live, enregistré lors du dernier CMJ Festival de New York en octobre 2007 - « I Know How To Be Alone » :
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