Première chronique sous inspiration hack de la prénommée Cindy (oui oui un pseudo) pour poptronics, autour de la RepRap machine, un prototype qui permet de fabriquer et d’imprimer des objets en 3D.

Adrian Bowyer, l’ingénieur universitaire qui a conçu la RepRap machine, la présentera le 6 juillet au Lift France 10, à 16h45, au Théâtre de la Criée à Marseille.

L’un des multiples objets 3D réalisés par la RepRap Machine d’Adrian Bowyer, qui dit travailler sur l’auto-réplication des objets. En open-source, naturellement… © RepRap
< 06'07'10 >
RepRap, la machine réplicante qui fait peur aux capitalistes

« Nous sommes en 2020, les hackerspaces, fablabs et autres usinettes se comptent par milliers en France et pas seulement dans les grandes villes. Des gens de bonne volonté se sont regroupés dans certains villages désertiques, dans d’anciennes MJC-Algeco de banlieues "chaudes", dans des usines désaffectées. Le passionné de mécanique automobile prête ses outils et donne des cours à des types qui font en échange un peu d’ingénierie inversée sur la puce qui contrôle l’allumage de sa fourgonnette TDCI. On peut voir aussi un artisan potier essayer une machine de prototypage rapide qui, d’après un fichier 3D qu’il aura peaufiné avec un fan de Blender, verra apparaître sous ses yeux une œuvre originale prête à passer au four. D’autres décideront d’agrandir simplement le village en construisant des yourtes et des maisons en bois équipées de digesteurs alimentés par les déchets organiques générés par l’élevage porcin le plus proche. »

Nous sommes en 2010 et ceci n’est pas une fiction, c’est écrit sur le site d’Usinette. En témoigne le RepRap Project et sa folle machine futuriste auto-réplicante imaginée par Adrian Bowyer, ingénieur et mathématicien britannique de génie. Il en parlera mieux que Cindy le 6 juillet à 16h45 au Lift France 10, à Marseille, au Théâtre de la Criée (dans une conférence intitulée « Fab Labs : l’innovation industrielle ouverte à tous ? »). Clap clap.

Adrian Bowyer présente son RepRap Project et sa machine infernale :



Alors donc, cette RepRap machine (pour « replicating rapid prototyper ») et sa copine, la Makerbot, une imprimante 3D open source, sont des machines anticapitalistes. Pour de réel. Cindy en a testé quatre pour vous, trois au HackerSpace Festival de Toulouse, du 26 au 29 mai derniers (les 2 RepRap d’Alexandre Girard et d’Alexandre Korber et la Makerbot de John Lejeune) et la machine RepRap à l’expo Panorama du Fresnoy (du 5/06 au 25/07), celle de Mohamed Bourouissa). Quatre raisons d’y croire, à la révolution qui vient.

C’est pas Cindy qui parle de révolution, c’est l’ingé’ Adrian B., le type qui a mis tous les plans de la machine en ligne, le type qui propose pour environ 500 euros le prototype en kit, avec cartes, logiciels, poulies à gouttière crantée, roues, « extruder controler » installé via Replicatorg, alimentation de pc 350w modifiée, carte pwm, ventilateurs, capteur de température thermocouple… et Cindy en passe ;)

La Makerbot, la copine de la RepRap, version Dark Vador :



Donc, notre RepRap machine a pour fonction de fabriquer n’importe quel objet utile ou inutile, un cendrier, une pièce de Lego, un sifflet, un buste de Beethoven ou de Mario, là, chez vous, dans votre cuisine ou dans votre salon, depuis votre si Personnel Computer. Clic clic. Une machine citoyenne en quelque sorte.

Cindy désire une assiette pour son invité supplémentaire ! Hop. Elle récupère un fichier d’assiette modélisée sur le site communautaire du RepRap Project, elle connecte son imprimante 3D à son ordi, elle règle les paramètres de son RepRap logiciel, elle positionne délicatement son fil de plastique (la matière première utilisée par la machine) et puis, en sirotant un verre de blanc, elle ne se lasse plus de regarder le fil qui lentement fond à 240° et se laisse orienter par le système d’entrainement direct de type « pinch wheel » et se déposant ainsi et peu à peu sur la plaque chauffante, le socle de l’objet à venir.

Nous sommes en 2010, et l’invention de Bowyer est à ce jour un peu capricieuse. Certains récupèrent des roues crantées sur de vieilles imprimantes HP, car ces dernières « pincent » mieux le fil de plastique que les roues du kit RepRap. Elle (la machine et pas Cindy) n’est pas assez écolo, alors certains autres travaillent sur la matière première utilisée par l’invention de Bowyer : le PLASTOC, à ne pas confondre avec l’explosif, le plastic. Cindy est dac’, la machine idéale doit utiliser un plastique recyclable, révolution oblige.

Les geeks des hacker spaces, qui montent des ateliers RepRap ici et là, sont également sur d’autres développements, comme celui du plastoc de maïs recyclable pour imprimante RepRap 3D. C’est quand même plus efficace de résider dans quelques villages désertiques pas trop éloignés de nos champs céréaliers de graines libres.… La boucle est bouclée, celle de Valentin Lacambre, utopiste vertébré du www libre 0.0 et son altern.org, son Gandi, ses utopies, enfin bref. Valentin et les autres qui passent du logiciel libre à la graine libre… Internet mon amour, quarantaine oblige.

Cindy et ses copines ont du boulot, car la machine infernale, il s’agit aujourd’hui de la monter. Cela dit, c’est pas si con comme capitalisation, car en 2020… il n’y aura peut-être plus d’assiettes dispos pour l’invité supplémentaire. Sans doute plus aucun Monoprix ou Franprix ouverts à n’importe quelle heure, plus rien à acheter, acquérir, consommer, ranger, jeter, ignorer. En 2020, avec quelques graines libres de betteraves et de carottes, Cindy pourra fabriquer les cartes Pokémon de son fils en recyclant un buste de Mario oublié. Flèche droite, flèche gauche, flèche du haut.

Cindy, elle est certaine que ce n’est pas un hasard, si l’éditeur Denoël republie « Stalker ou pique-nique au bord du chemin », des frères Arkadi et Boris Strougatski. Elle est convaincue du retour ou de l’inversion d’une science-fictionnelle. Elle sait bien que la révolution qui vient s’écrit aujourd’hui et radicalement au sein d’une geek-party.

Mais Cindy fait semblant, elle arpente les expos intellos, Cindy n’a pas choisi, ce n’est pas son prénom. Elle s’emmerde aussi en attendant son invité supplémentaire. Et à Panorama12, l’expo 2010 du Fresnoy, elle hallucine de voir l’un des jeunes élus proposer la machine infernale, anticapitaliste, 3D, citoyenne ou simplement féminine, open source. La RepRap machine. Elle cherche les mots de l’insurrection qui vient. Elle interroge le jeune artiste, Mohamed Borouissa sur son « Edgar », mais le jeune homme, si jeune, se liquéfie dans une ambiance chiante et imposée, une ambiance radicalement égocentrique, politique et techno-interactive-chouette, celle de l’expo Panorama, à l’image stricte de son démiurge Alain Fleischer. Pfff.

Honneur à Mohamed B. qui a monté le kit de la machine infernale tout seul, qui a tenté une intrusion dans le monde libre et merveilleux de nos geeks. Honneur à Mohamed B. qui n’a pas conscience de son geste, modélisant avec grande naïveté le corps des visiteurs fatigués ou aveugles, afin d’accéder au statut d’artiste international, promesse écrite du Studio national des arts contemporains.

Cindy hésite, mais elle ne doute pas. Les artistes arpentent les hacker spaces, ils se planquent sous leurs masques de geeks, mais eux mesurent nos rêves et perçoivent, eux pensent et redéfinissent nos territoires. Les autres, si jeunes, se laissent embarquer au sein de quelques grands palais et conseils démagos événementiels de la création artistique en tout genre. Qu’ils se démerdent entre eux, après tout. Cindy s’en fout, comme vous et moi. Cindy est seule, et elle relit sur le Web le plus grand écrivain de nouvelles de SF, Jacques Sternberg, en attendant qu’un éditeur se réveille. Parce que Cindy aime lire un livre.

cindy 

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< 1 > commentaire
écrit le < 06'07'10 > par < bram.org LQu gmail.com >
J’adore Cindy