Décrytage du buzz d’affiches sauvages, reprenant le graphisme des affiches d’Obama appliqué à Nicolas Sarkozy. Mais pour qui roule le collectif Sarkobama ?
Une "Sarkobama Team" très organisée a placardé des centaines d’affiches à l’effigie du président français dans Paris ce week-end. © DR
< 02'12'08 >
Sarkobama, un buzz sinon rien

Beau joueur, Shepard Fairey, qui commente sur son site la version française de son affiche Obama : « Je suppose que la France respecte à nouveau les Etats-Unis, et que les frites de la victoire peuvent être appelées à nouveau frites françaises (French fries)… » Pourtant, l’affichage sauvage du collectif Sarkobama, montrant un Nicolas Sarkozy lui aussi passé au bleu-blanc-rouge façon propagande soviétique et reprenant le slogan d’Obama, « Yes we can », est plutôt du genre ambiguë. Elle emprunte aux canons du marketing, tout en s’en défendant : « Nous devons vous avouer que nous sommes assez surpris du buzz que nous avons créé bien malgré nous. » Décryptage d’une leçon de street-marketing qui laisse un drôle d’arrière-goût en bouche.

Ce week-end, première vague d’affichage, un peu partout dans Paris, mais de préférence pas loin de quelques rédactions papier qui reprendront l’info : République, où se trouvent « Libération » et « Marianne » entre autres, gare de l’Est, etc. Sous le slogan « Yes we can », quatre formules de notre président (déjà élu, faut-il le rappeler) : « Faire économiser 1000 €/an à chaque ménage », « Faire payer les entreprises qui polluent », « Produire une énergie propre et durable en Europe », « Créer trois millions d’emplois non délocalisables en Europe ». Et dans la foulée, une vidéo pour teaser son monde, postée sur Dailymotion et sur LePost, le site « jeunes » porté par « Le Monde », qui du coup ne peut faire l’économie d’un article

« A l’assaut des murs de la capitale », la vidéo de Sarkobama :



Quelques articles plus loin, qui tous se demandent qui est derrière cet affichage, les jeunes UMP démentent toute implication, mais auraient bien pris le buzz à leur compte. Pour « L’Express », Alexandre Brugère, porte-parole des « jeunes populaires », admet que « l’idée est bonne, et le message plutôt positif. J’en regretterais presque que ce ne soit pas nous qui l’ayons initiée, ça nous aurait fait une bonne pub. »

Et c’est là que le bât blesse. En copiant le graphisme de Shepard Fairey, qui a lancé cette affiche pour Obama en février dernier, leurs auteurs ne pensaient sans doute pas soutenir le président français (déjà élu, faut-il encore le rappeler), mais bien plutôt moquer la tendance présidentielle franchouillarde à vouloir se positionner comme l’équivalent d’Obama pour la France et l’Europe.

Après la vidéo et les photos postées sur Flick’r, la « Sarkobama team » vient de mettre en ligne un blog (très organisée, on vous dit), qui distille quelques menues flèches à l’encontre de notre président. Jugez plutôt (fautes d’orthographe comprises) : « Le but initial de nos affichages était de montrer aux parisiens les similitudes frappantes qu’il existe entre Barack Obama et Nicolas Sarkozy. Ces deux hommes sont tous deux nés avec un gros handicap et ont quand même réussit en politique. Le premier est noir (ou métisse pour certains) né d’un père kenyan et d’une mère blanche américaine, le second est nain d’origine hongroise. » Evidemment qu’un jeune militant UMP ne traiterait pas son héros de nain…

N’empêche, le message délivré par cette affiche est alambiqué, n’en déplaise aux joyeux drilles qui en sont les auteurs. Shepard Fairey, quand il propose l’affiche d’Obama, a pour lui toute l’expérience des campagnes d’affichage qui ont en fait un « géant » du graphisme : « André the Giant Has a Posse » et plus génériquement « Obey Giant ». C’est avec cette image sérigraphiée d’André le boxeur que le jeune étudiant fraîchement émoulu de la Rhode Island School of Design s’est fait connaître en 1989 en placardant partout ce sticker puis les affiches Obey Giant (« obéissez au géant », littéralement). Et c’est fort de ces méthodes éprouvées qu’il décide de soutenir la campagne démocrate de Barack Obama, avec la tête d’Obama surmontant le mot « hope » (« espoir »). Il s’en expliquait ainsi à la télévision américaine :



Le but des « Sarkobama » n’est pas si clair. Sauf à faire parler d’eux, on ne voit pas très bien qui ils soutiennent, le président Sarkozy étant élu, faut-il (encore… !) le rappeler.

annick rivoire 

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< 2 > commentaires
écrit le < 03'12'08 > par < jjbirge 5B8 drame.org >
Moins on parle de Napoléon IV, mieux on se porte. Le citer, comme le fait Libé régulièrement en une, lui fait de la publicité. Tout le monde le sait. Les journalistes ne peuvent l’ignorer. Peu importe qu’on en parle en bien ou en mal, l’important est d’occuper le terrain. J’avais seulement pensé que l’Empereur avait changé de graphiste. Sur mon blog, j’évite donc soigneusement le sujet et ne cite jamais son nom !
écrit le < 03'12'08 > par < annick.rivoire oVL poptronics.fr >

Rebondissement dans "l’affaire" Sarkobama, ou le coup de l’arroseur arrosé : l’association Greenpeace a revendiqué ce matin l’opération Sarkobama en recouvrant les publicités du métro République à Paris d’affiches 4×3 reprenant le visage de Nicolas Sarkozy avec cette fois pour slogan « Réduire de 30 % les émissions de gaz à effet de serre en Europe ? Yes you must ! ». Une manière de signer l’action qui leur a valu d’être débordés par d’autres buzzeurs sur le Net, en enfonçant le clou sur le blog de Greepeace (http://blog.greenpeace.fr) : « Cette campagne de buzz vise à éveiller la curiosité du grand public et à faire le maximum de bruit à propos d’un événement essentiel qui, aujourd’hui, malheureusement, n’intéresse pas grand monde : l’adoption imminente du paquet “climat/énergie” par l’Union européenne, alors que la Conférence des Nations unies sur le climat bat son plein à Poznan », explique Pascal Husting, directeur général de Greenpeace France.

Et Adélaïde, militante Greenpeace, d’ajouter (suite à la volée de commentaires) : « En fait, des gens dont nous ignorons l’identité, ont tenté de “récupérer” notre buzz, de le détourner. Ils ont créé le blog “http://sarkobama.blogspot.com”, qui n’a strictement aucun rapport avec Greenpeace et où ces gens ont récupéré nos photos, assortis de messages pas du tout “Greenpeace” et sans aucun lien avec le sens de notre campagne !! » Ne serait-ce pas le signe qu’elle n’était pas totalement efficace, ladite campagne ??