5 ans, 50 portraits.

Aujourd’hui : Serge Comte, artiste français né en 1966, vit et travaille en Islande.

Auteur : Nicolas Frespech, net-artiste français.

Autoportrait en Lego de Serge Comte pour la série de 50 portraits pour nos 5 ans. © Serge Comte
< 05'08'13 >
Serge Comte, les formes faibles rendent son art fort

Serge Comte est un artiste contemporain qu’on aime particulièrement chez Poptronics. Diplômé des Beaux Arts de Grenoble en 1995, Serge Comte n’a cessé d’expérimenter, de proposer des œuvres singulières qui touchent tour à tour au réseau et ses multiples pistes de créativité. En explorant les outils “grand public”, il offre à voir des œuvres souvent fragiles et porteuses (malgré elles ?) d’un message politique, plutôt tonique en ces jours de panique post-consommation !

Tête de file d’une culture ProAm
Il fait partie de ces artistes libres, indépendants, en profond accord avec une culture ProAm (pro-amateur), et ce n’est pas un hasard s’il est un des artistes emblématiques d’une génération de créateurs chers à Nicolas Thély dont le dernier essai, “Le Tournant numérique de l’esthétique”, traite de ces nouveaux modèles esthétiques. Ou comment les artistes contemporains connectés s’emparent de ce nouveau paysage culturel pour créer et penser le monde...

Serge Comte a commencé par travailler la vidéo. « Orange Sanguine » (1993), où il reconstitue une atmosphère de vraie-fausse intimité, est ainsi un clin d’œil à la télé confidence (avec la voix filtrée). Sous la forme d’un plan fixe, serré comme un portrait, le narrateur se laisse aller à quelques confidences assez gourmandes. “Loup-Loup” (1993) fonctionne sur le même principe, sauf que le personnage qui se confie (Serge Comte) porte un ravissant loup noir et doré.

« Orange Sanguine », Serge Comte, 1993, coll. Centre Georges Pompidou :

Ça pourrait commencer par un départ ! En 1998, Serge Comte part s’isoler en Islande dans le cadre d’un projet personnel et artistique : “visAvis, the light house project”. Il reste enfermé quelques temps dans un phare, grosse maison lumineuse. A son retour, il expose à la galerie Jousse Entreprise et édite un recueil de courriels et d’échanges chat.

Toutes les formes simples semblent l’intéresser. Serge Comte est aussi connu (et reconnu) pour ses réalisations en Post-It. Cet objet “pauvre” et “invisible” qu’il utilise depuis des années comme pixel coloré et créatif, il l’assemble et le propose en formes simples, bien plus efficaces que les branchouillettes Post-It War pour cadres corporate...

La boule à facettes s’anime
Les outils les plus banals de la culture numérique, lui les considère avec attention. Serge Comte manie avec talent et humour le Gif animé. L’exposition de groupe “Nature Morte”, organisée par Katerina Fojtikova, présentait quelques-unes de ses créations, dont une boule à facettes animées. Malheureusement le site est fermé et il ne reste plus rien à voir de cette exposition. Pas grave, une version 2 est remontée, à voir sur le site de l’artiste.

Une série de sculptures réalisées avec des perles en plastique thermosoudables Hama donne envie de sortir son fer à repasser ! Serge Comte réalise des portraits sophistiqués de “délicieuses pucelles” ou des formes hexagonales qui composent la série “FREE fROM fRANCE” –et oui, Serge habite maintenant en Islande et ce n’est pas un exil fiscal !!!

Mouchoirs, perles et gomettes
Serge Comte imprime sur des mouchoirs jetables le “père noël” dans différentes situations flippantes qui donnent envie de pleurer ou de se moucher très fort. L’artiste manipule aussi et avec autant de brio les gomettes autocollantes, les briques Lego, les bouchons d’oreilles ou le papier millimétré. Une forme de désœuvrement à l’œuvre comme une leçon.

Serge Comte a fait partie des artistes invités à l’exposition fondatrice “Basse def” en 2007 au centre d’art Oui, avec entre autres Camille Laurelli, John Armleder, Fanette Muxart.... L’essai collectif publié à cette occasion, “Basse Def – Partage de données”, fait encore figure de manifeste. Incontournable, il est toujours disponible aux Presses du réel.

En 2000, il investit le site archéologique de Glanum à Saint-Rémy-de-Provence pour une “Attack de lux”, invitant les internautes à participer à cette exposition et à engager un dialogue autour de la mémoire, des restes antiques ou contemporains. Serge Comte récupère alors le livre d’or (avec compliments et insultes) pour le transformer en livre… d’art.

Artiste homestudio et multimédia par excellence, Serge Comte nous invite aussi à chanter et danser avec lui, sa chaîne Soundcloud regorge de titres low-tech comme on les aime, qui sont évidemment librement téléchargeables sur son nuage.

Côté actu, l’été sera chaud ! Et bonus de l’été : son autoportrait 8 bits en Lego.

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Aller plus loin

« Colliers de nouilles 2.0 », texte signé Raoul McCain

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« Rafraichir les formes faibles », texte de Nicolas Thély

PDF - 40.4 ko

Les vidéos de Serge Comte sur Viméo

Serge Comte dans plusieurs expositions collectives :

"Side Effects", Musée d’art contemporain d’Estonie, Tallin, jusqu’au 28 juillet 2013.

"Médusa Caravage Salon", à la galerie Dominique Fiat,, Paris, dans le cadre de NOUVELLES VAGUES 2013, proposition du Palais de Tokyo, curateur Massimiliano Baldassarri, jusqu’au 26 juillet 2013.

"Coulisses", F.R.A.C. Aquitaine, Bordeaux, l’exposition anniversaire des 30 ans du Frac Aquitaine, du 24 mai au 31 août 2013.

Dernière parution en date, dans le catalogue de l’exposition « L’amour à mort », au FRAC Corse, Corte, 2012.

nicolas frespech 

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