Fini l’absence de guitares et de barouf dans les salles parisiennes : les jours à venir auront un ton résolument rock, et les allergiques pas beaucoup d’alternatives. On ne voit guère, au rayon « nouvelles pousses du songwriting », que la fratrie Stone, Angus & Julia, originaire de Sydney, qui délivre un folk rock moelleux, servi par la voix de très vieille dame de Julia (la Flèche d’Or, le 4). Ou alors, en français, la soirée des Inaperçus du 8, au Glazart, où les deux anciens leaders de Diabologum, soit aujourd’hui Arnaud Michniak et Experience, se partagent l’affiche.

Les guitares sortent du garage

Ça commence dès dimanche avec les Californiens Lords Of Altamont, qui pratiquent un gros rock garage sentant le houblon et le riff mais pas dénué de fulgurances. Forcément : le groupe compte en son sein d’anciens Fuzztones, Cramps et Bomboras (Nouveau Casino, le 3, et en tournée). Le lendemain, les fans de rock anglais devront choisir leur camp : au Zénith, la relève version accroche-cœur Babyshambles, parfois bringuebalant sur scène ; à l’Olympia, l’éternel revenant Morrissey. Pour son actuelle tournée (promo d’un imminent best of), le Moz pioche dans son back catalogue pour ses vieux fans déplumés (faces B des Smiths, morceaux issus du merveilleux « Vauxhall & I »). Vendredi 8, direction Montreuil et les Instants Chavirés pour voir les rares HRSTA (Constellation), menés par Mike Moya, un historique de la scène post-rock montréalaise, ancien de Godspeed You ! Black Emperor, Molasses, Set Fire To Flames. Le lendemain, au choix, Marc Ribot à la Cité de la musique ou, à Mains d’Œuvres, Githead, vrai super groupe composé de Colin Newman (de Wire, soit le groupe le plus malin du post-punk), Robin Rimbaud (plus connu sous le nom de Scanner) et deux membres des très rares Minimal Compact.

Githead - « Drive By » (le 15 à Mains d’Œuvres) :

Le 10, commencent cinq jours de squat de la Maroquinerie pour les troisièmes Nuits de l’Alligator. A quoi ça ressemble avec un nom pareil ? A un festival itinérant (Paris, Lille, Marseille, Angoulême, Clermont, Angers, Evreux… jusqu’au 26) qui s’intéresse au blues déviant et à ses antennes dans le hip-hop (Buck 65), le rock (Bob & Lisa, des Bellrays) ou le folk (Vic Chesnutt). On vous en dit plus très vite. La quinzaine se finira sur un dilemme, vendredi 15. Au Nouveau Casino, Earth présente son nouvel album, « The Bees Made Honey In The Lions Skull », dans le registre rock expé (très) puissant et mental. L’une des influences de Sunn o))), pas moins. Le même soir, au Théâtre Romain-Rolland de Villejuif (et avec Dirty Three en ouverture), le colosse David Thomas et son Pere Ubu balanceront leur rock dada et imprécatoire (trente ans d’âge) sur des boucles diaboliques de theremin. On en parle abondamment dans les jours à venir. Il y aurait bien eu Neil Young, toujours aussi remonté (Grand Rex, le 15), mais c’est complet malgré des tarifs prohibitifs (78 euros la place…).

Alamo Race Track - « Black Cat John Brown » live (le 10 à la Maroquinerie, dans le cadre des Nuits de l’Alligator) :

DJ Food et autres sucreries acidulées

Au contraire, la quinzaine sera relativement calme sur les fronts électroniques. Au rayon pop, à noter dès ce soir, le retour des désormais très courus Digitalism, tête d’affiche de la soirée Kitsuné au Bataclan. Pour son premier concert solo, Etienne Jaumet, taulier de Zombie Zombie, se produira en configuration glapissements, saxo et machines déglinguées (la Flèche d’Or, le 2). Enfin le 15, Laetita Sadier, en vacances de Stereolab, réactivera son projet Monade sur la scène du Divan du Monde.

Les clubbers fileront dès demain au Social Club où se produit DJ Food, qui a acquis une solide réputation grâce ses sets insensés et érudits. La rumeur se vérifiera bientôt : Danton Eeprom et Ivan Smagghe, frenchies tous deux exilés à Londres, mitonneraient des choses ensemble en studio. Gigotons donc au Rex ce samedi en attendant de découvrir le fruit de leurs sessions. Et encore le 14 où Sascha Funke partagera la cabine du même Rex avec DJ Chloé. A surveiller enfin, au Social Club le 8, le très attendu (et très intransigeant) duo canadien Crystal Castles.

Digitalism – « Idealistic » (le 1er au Bataclan) :

benoît hické et matthieu recarte