On a connu d’autres Rascals, il y a près de 40 ans, sur la compilation culte « Nuggets », pour quelques morceaux devenus depuis les parangons côte Est d’un rock brut de décoffrage. Difficile donc de ne pas tourner autour de cette généalogie quand on voit débouler en cette rentrée chargée les Rascals 2008, britanniques ce coup-ci et encore tout minots. Mais les amateurs de copier-coller en seront pour leurs frais car le trio d’énergumènes qui tient les rênes de cette boutique à barouf ne revendique aucune tutelle, si ce n’est cette volonté commune aux groupes ambitieux et cultivés de la belle ouvrage, de l’artisanat et de la hauteur de vue.

« Rascalize », le premier album paru avant l’été, est un concentré de pop anglo-saxonne qui lorgne autant vers les hardiesses de The Coral (collègues de label et indiscutables parrains de toute la scène de Liverpool) que vers l’écriture en vigueur dans les années 60, on y revient donc, hantée par le souci de la mélodie et de l’orchestration. Miles Kane, l’homme-orchestre de ce gang resserré, sera certainement élu musicien stakhanoviste de l’année : il est déjà aux manettes, avec son pote Alex Turner des Arctic Monkeys, de The Last Shadow Puppets, super-groupe monté en 2007 et carton-surprise des festivals de l’été qui lui permet d’assouvir avec une insolente réussite ses pulsions « chamber pop » orientées Walker Brothers et Burt Bacharach.

Avec les Rascals, foin de cordes boisées, on triture celles des guitares, on joue au fier-à-bras, tels des sauvageons pop (on disait « mods » en 1965) toute gueule ouverte, et ça marche. Le concert de ce soir à la Flèche d’Or, dans le cadre du festival Wild Cards (cartes blanches à des labels, tout au long du mois de septembre) a des allures d’évènement inratable, tant le buzz monte outre-Manche. On conseille de venir tôt.

The Rascals - « Freakbeat Phantom » :

benoît hické