Tom Verlaine et Jimmy Rip en concert le 20/04 dans le cadre des Soirées Nomades à la Fondation Cartier, 261, bvd Raspail, Paris 14e (complet).
« Land 250 », exposition de Patti Smith, jusqu’au 22/06.
Tom Verlaine, légende punk et... guitariste virtuose. © DR
< 20'04'08 >
Tom Verlaine, punk et virtuose

Rien d’étonnant à ce que Patti Smith invite ce dimanche soir Tom Verlaine à la Fondation Cartier, pour une de ces Soirées Nomades dont elle assure la programmation jusqu’au 9 juin (dans le cadre de son exposition « Land 250 »), tant leurs parcours sont étroitement imbriqués.

Au début des 70’s à New York, l’une révère Rimbaud, l’autre emprunte à Verlaine son nom ; ils lisent des poèmes dans le même circuit folk avant de participer à l’éclosion de la scène punk. Alors que Television, le groupe de Tom Verlaine, investit la scène du CBGB’s, elle est l’une des premières à s’enflammer dans un article pour « Rock Scene », fascinée par leur manière de jouer « comme s’ils allaient se battre au couteau dans la rue après leur set ». Une rencontre décisive : « J’ai vu Tom Verlaine, et depuis nous sommes amis. » Furtivement amants, ils ne cesseront dès lors de se croiser, marqués par un sort semblable : un premier album en forme de chef-d’œuvre (« Horses » en 1975 pour Patti Smith, « Marquee Moon » en 1977 pour Television) difficile à surpasser. Ils multiplient les collaborations, s’échangent les musiciens, cosignent quelques chansons et recueils de poèmes.

Lettré et lyrique, Television dépare à côté de l’énergie brute des New York Dolls ou des Ramones. Basée sur la géométrie complexe des jeux de guitare entremêlés de Tom Verlaine et Richard Lloyd et sur l’improvisation, leur musique emprunte autant au psychédélisme et à l’acid rock qu’au jazz et au free. Résultat : des morceaux qui atteignent les 10 minutes, atypiques pour une époque qui réclame des chansons nerveuses. Le critique rock Lester Bangs, qui ne voit en eux qu’un Grateful Dead du punk, fait la fine bouche, Nick Kent qualifie lui « Marquee Moon » « d’œuvre de génie ». Le chant étranglé de Tom Verlaine, la froideur tranchante, la tension pétrifiée qui l’habitent font passer la pilule de la virtuosité. En fait, c’est un des rares guitar-hero (principale influence revendiquée de The Edge, le guitariste de U2, c’est dire si ça fait peur), qu’on n’a pas envie de pendre aux cordes de sa guitare.

Après avoir dissout son groupe en 1978 (après deux albums essentiels et avant d’y revenir en... 1992), Verlaine s’engage dans une carrière solo avec une dizaine d’albums. D’abord dans une veine new wave, honorable mais qui ne fera jamais oublier Television, puis il trouve ses marques avec un disque expérimental et atmosphérique, fait de silences, de respirations et de motifs free (« Warm and Cool » en 1992), véritable coming out instrumental pour ce fan de jazz. Tout en donnant quelques concerts épisodiques avec Television, il commence à jouer régulièrement avec un complice de toujours, le guitariste de studio et producteur Jimmy Rip (notamment en accompagnant les films surréalistes de Man Ray, Fernand Léger ou Hans Richter.) On les retrouve ensemble ce soir, pour un entrecroisement de guitares.

Tom Verlaine et Jimmy Rip - Extraits de « Music for Experimental Film » (2007) :

julie girard 

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