Les Danoises de Selvhenter et leur rock mâtiné de jazz expérimental ont tout pour être la révélation de cette édition 2014 (12/02, La Parole errante). © Eckhart Derschmidt
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Sonic Protest, 10 ans à faire valser les étiquettes musicales
Il y a des années où le calendrier est sérieusement raccord. Franchement, dix jours de Sonic Protest, que demander de mieux comme remède à la morosité ambiante ? Le festival sans œillères (dont Poptronics est partenaire) fait encore et toujours plus valser les genres pour sa dixième édition, poursuivant sa ligne de crête stimulante qui fait dialoguer glorieux anciens et modernes électrons libres. En se souciant comme d’une guigne des étiquettes.
Près de quarante artistes, groupes et collectifs passeront par Paris jusqu’au 13 avril, dans une église, un cirque ou aux anciens studios de Méliès, tandis que des soirées sont organisées dans onze autres villes en France et en Europe. Sans oublier la partie expo de Sonic Protest, à la Générale : « Let’s Get Physical » présentera des œuvres de Jean-François Laporte, Xavier Charles et Arnaud Paquotte. Avec une conclusion annoncée « en forme de piratage » le dimanche 13 avril, pour un programme de télé libre baptisé Mikro.tv.
Arnaud Paquotte : « Stripes », dans sa présentation à City Sonics (2012) :
A noter également, la volonté de sortir du simple cadre du concert ou de l’exposition et de convoquer des publics nouveaux, avec des ateliers à l’hôpital de jour d’Antony ou encore au lycée autogéré de Paris autour du circuit bending (avec Andy Bolus) et à l’Ecole nationale d’arts de Cergy. Ce dernier workshop sur le feedback, avec Jean-François Laporte, sera lui-même partie intégrante des pièces exposées à la Générale.
Mais ce sont bien les musiques libres qui restent le cœur de Sonic Protest, qui, anniversaire oblige, aligne quelques pointures. Cette édition 2014 convoque la chanson oblique (Brigitte Fontaine et Areski, Albert Marcœur, avec le Quatuor Béla), les diverses écoles noise itou, de la légende extrême Merzbow aux Autrichiens Radian, ou l’électronique (de la figure bruitiste locale Evil Moisture au Nigérien Mammane Sani).
Brigitte Fontaine & Areski - « Ma Rue » (1974) :
Le rock expérimental n’est pas en reste, avec Thurston Moore et Lee Ranaldo, en vacances de Sonic Youth, et Action Beat. Quant aux figures libres, elles sont représentées par le poète Phil Minton, l’ensemble contemporain Zeitkratzer ou les occitano-médiévistes Jéricho. Sans oublier les plus beaux silences de la musique enregistrée (DJ-set concocté par la revue « Volume »).
Merzbow, live à Milan (2012) :
Outre ces inratables, Poptronics vous invite à deux soirées mémorables (voir ci-contre le mode d’emploi).
Une place à gagner pour la soirée d’ouverture (04/04, au centre Barbara Fleury Goutte d’or) qui, jusqu’à l’aube, vous verra danser sur une proposition mariant noise et électronique avec les déjà cités Radian (qui viennent de sortir un excellent album sur Thrill Jockey) et Evil Moisture, associés à DJ Marcelle, Rubin Steiner, le duo de pointe percussions/orgue David Maranha et Will Guthrie ou encore le très bruyant breton Unas et Rémy Bux, qui réactive pour l’occasion son projet KG.
Unas, live à Strasbourg (2011) :
La seconde proposition, en clôture à Montreuil, sera aussi dense et diverse (12/04, La Parole errante, dès 17 heures). Entre les tout récemment reformés Terminal Cheesecake, figure britannique du rock extrême, et les éruptifs Action Beat, accompagnés de l’ex-chanteur de The Ex, G.W. Sok, qu’on recommande à ceux qui aiment se faire titiller les tympans, on se laissera porter par l’électronique cinématique de Spectrometers, mené par Fred Duvergé, et le minimalisme rock DiY de Benedict Roger Wallers en solo (The Rebel).
On confesse un faible pour les Danoises de Selvhenter, découverte de cette édition (c’est leur première venue en France), dont la musique au carrefour du rock et du jazz sonne comme un manifeste du festival : libre et sonore, bruyante et érudite, sensuelle et réfléchie.
Selvhenter, live à Aarhus au Danemark (2012) :
matthieu recarte
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