A Poptronics, on aime les chemins de traverses. Alors que toute la presse va vous bassiner avec les Eurockéennes de Belfort et leur plateau de superstars (Cure, Justice, Jack White…), on vous propose de faire une sieste ce week-end. Une sieste électronique même, avec la 11e édition du festival homonyme à Toulouse.
Lancé en plein air au son d’une techno aqueuse et d’ambient, les Siestes électroniques ont depuis ouvert sa programmation à des projets plus aventureux. Au jardin Compans-Caffarelli ou, pour une soirée club, au... lycée Déodat de Séverac, entre dancefloor ibérique (John Talabot et Pional), math-rock (Elektro Guzzi, déjà vus à Villette sonique), électronica (Tom Terrien) et techno libanaise (Rabih Beaini), le spectre de la proposition est large. Mais ce qui séduit aussi dans cette formule qui a fait école un peu partout, c’est la place dévolue aux émergences électroniques. Ou comment profiter de concerts gratuits pour éduquer l’oreille du public.
Au rayon des projets curieux, on jettera une oreille attentive au duo local Saåad et à son ambient drone, ou encore à l’Américain Bruce Lamont, saxophoniste échappé d’un groupe de métal inconnu de nos services (Yakuza) pour verser dans un chamanisme hébété de saison caractéristique d’une nouvelle génération menée par Om. Mais la vraie curiosité sera la création de l’Inuit Tanya Tagaq et du Français Aymeric Hainaux, un duo de human beatboxes inédit.
Tanya Tagaq dans une performance improvisée (2009) :
Ouvertes aux quatre vents, les Siestes électroniques convient également quelques figures libres éloignées des machines. Ainsi de Matthew Friedberger, moitié des Fiery Furnaces. Lancé en solo, l’Américain a publié pas moins de huit albums alambiqués l’année dernière, mêlant expérimentations hardies et pop oblique. A noter aussi, la présence de James Blackshaw, de Current 93, et de son folk virtuose et barré à la douze cordes.
Matthew Friedberger - « Meet me in Miramas » (2011) :
Enfin, bonne nouvelle pour les Parisiens, le festival toulousain se téléporte début juillet au musée du quai Branly. Invitant dix musiciens expérimentaux à se plonger dans l’imposante médiathèque du musée pour retravailler ses documents sonores exceptionnels, les Siestes électroniques s’installent tous les dimanches du mois de juillet pour proposer des musiques du monde pas world. Evidemment, on y retrouvera Alan Bishop, l’ex-Sun City Girls devenu patron du formidable label Sublime Frequenciesdont on vous parle souvent (le 8), Jean Nipon (le 15), mais aussi la grande figure expérimentale Keith Fullerton Whitman et ses synthés modulaires (le 1er). Concerts gratuits entre 16h et 18h dans le théâtre de verdure du musée. Ça va faire du bien de se reposer cet été !
Keith Fullerton Whitman au festival High Zero à Baltimore (2010) :