Et c’est comme ça qu’on se retrouve au Daily Monop’, rayon sushis plastiques, à secouer la tête de gauche à droite en chantonnant tout haut « elles sont diiiiingues de mon slip, diiiiiiingues de mon slip ». Sans y penser, machinalement, comme il y a quelques années on s’était trouvée à gueuler « est-ce que tu viens pour les vacaaaanceuh ? » devant le chat consterné. Sauf qu’on a largement passé l’âge de ce genre de gueuseries, et que la gueuserie en question, signe des temps, on la trouve sur le Net, avec une farandole d’autres conneries autour du slip, grand lauréat de l’été 2007.

Et star incontestée (après une très longue enquête) du réseau mondial (peut-être aidé en cela par le lancement de la fête nationale du slip amorcée dès 2004). Si je te dis « slipman », « Stephano Mariano », « FunnyBear », tu me dis quoi ? Si rien, passe ton chemin et retourne donc lire un livre. Si au moins un des trois, bienvenue dans la merveilleuse confrérie des internautes et du mystère buzz (cf la marmotte et son inexplicable succès, et la liste serait longue), à la fois over-lancé et magnifiquement confidentiel : l’url qu’on se repasse sous le manteau, ou sous le slip, comme on veut, qui sert de lien ou de clin d’œil entre initiés, à la fois phénomène et décrypteur de mode, tout ça.

Bref, revenons à cette mélodie extrêmement lancinante « elles sont diiiingues de mon slip » et du désormais poptroclamé cultissime interprète de ce morceau de bravoure : Stéphano Mariano, lunettes noires et sourire, comment dire, un rien benêt, veste en lamé et slip blanc. La personne se dandine vaguement en ânonant d’une voix monocorde et auto-ennuyée la phrase du dessus (ne pas la réécrire, sinon elle va investir pauvre tête encore 24h) et le texte à la fois abscons et magnifiquement parodique de notre époque, daâââârling : « Il fait très beau à Saiiint-Tropez, y’a des belles filles à Saint-Tropez, y’a des beaux mecs aussi à Saint-Tropez, moi je t’aime tellement à Saint-Tropez ». Mais avise de visu...

Et conseillons d’aller voir son site, en tant qu’étoile de la vie artistique d’Angers (la partie sur le non-concert et sa soirée d’anniversaire sont déconcertantes d’auto- dérision, mi-roman photo, mi-mauvais « Voici »).

Autre avatar et mise en avant, si on ose dire, de ce fameux slip blanc, c’est l’atroce slipman, la danse d’une figure de synthèse qui, Dieu merci (si tant est qu’Il ait quelque chose à voir là-dedans), ne dure que 31 secondes en chaussettes assorties au slip, une tête sortie de celle d’un type qui aurait fumé du hibou, qui s’agite de manière, euh, lascive, avant de ?... tu le sauras en regardant la vidéo.

L’impression est surprenante, angoissante à jeun, mais (on a testé), beaucoup plus décalée un peu imbibé. « C’est au-delà de la satire de l’image et du rapport à l’image, tu voaaaaas ».

Et pour finir, puisqu’on est dans le n’importe quoi de quoi, le mon slip qu’est-ce qu’il a mon slip ?, la version hype et nunuche du slip kangourou avec le nounours chéri de ces damenautes, j’ai nommé Funny Bear, machin en gummi verdâtre qui chante (c’est beaucoup dire) "j’ai un ptit ventre mou et un slip kangourou", musique aussi entêtante que le premier, avec là aussi des paroles que même Steevy, y peut se rappeler. D’ailleurs, il est tellement pop qu’on le trouve aussi sur Seniorplanet, en plus de quoi, plus d’un million d’autruis l’ont déjà chargé... Le premier qui dit que c’est la balle dans le slip a gagné un 45 tours de Stéphano Mariano.

emmanuèle peyret