Vasareline, Offset #1, Mathias Schweizer, jusqu’au 6 mai, CAPC Bordeaux Entrepôt Lainé, Bordeaux, tlj 11h-18h sf lundi, mer jusqu’à 20h.
Vue de l’exposition Vasareline © Aude Crispel
< 02'05'07 >
Vas-y Vasareline
Quand Cassandre révolutionnait l’affiche, il n’en sortait pas. Quand les graphistes contemporains inventent de nouveaux langages typographiques, c’est non seulement hors affiche que cela se passe mais hors des sentiers balisés des cabinets graphiques. L’exposition Vasareline que présente le CAPC de Bordeaux jusqu’au 6 mai en est une bonne illustration. D’abord parce que le graphiste honoré, Mathias Schweizer, a préféré voler de ses propres ailes, quittant les Graphistes associés en 1999. Ensuite parce qu’à l’instar de Cassandre, qui réinventait le message publicitaire en l’enrobant de rêve et d’illusions très fleur bleue, lui qui, selon Etienne Bernard, commissaire de l’exposition, « se nourrit de la culture visuelle dont il est consommateur/usager comme chacun de nous, la détourne et la questionne ».
Mathias Schweizer est doté d’un solide point de vue critique sur les systèmes de communication visuelle. Son travail d’affiche, de flyers, de publicité et de marketing direct, n’est pas illustré mais axé sur le rythme graphique et la typographie. Dans cet univers où est censé surgir un idéal de consommation, lui compose à partir de motifs répétés, simples lignes droites ou circulaires, reflétant une oscillation visuelle où le gris n’est qu’un effet d’optique. Ses pochoirs sont bombés les uns sur les autres, jusqu’à ce qu’une figure centrale s’en dégage. Et ce n’est pas l’affiche qui pousse à la consommation, mais l’artiste qui consomme : une simple pomme devient entre ses mains le produit de base de la typographie : Apflabet (2002-2003), dont il illustre le concept avec un empilement vertical de faux fruits. « Chaucomont », le golem de chocolat qu’il a créée pour le festival international de l’affiche de Chaumont en 2006, équipée d’un pinceau, se fait belliqueux en 2007, poing levé et regard agressif. De la consommation à l’assemblage, Schweitzer s’attaque aussi à la tarte à la crème de la consommation de masse : les meubles en kit, qu’il réduit à une typographie IKEA (2000) inspirée de la gamme d’étagères Sten de la marque suédoise.
Vasareline, première manifestation estampillée Offset, groupe de recherche graphique fraîchement mis en place par le CAPC, empile façon atelier de jeu de construction projets et commandes de Mathias Schweizer. La scénographie détourne explicitement les objets graphiques de leur fonction de communication et leurs supports urbains d’origine. Posés à plat sur des tables de bois empilées les unes sur les autres, affiches, flyers, pochettes de disques et catalogues s’entassent, tandis que les typographies sont imprimés directement sur les tables. Quelques sculptures rompent avec la linéarité de ces espaces horizontaux. L’une, imposante, Vasareline (2007), décrite comme une « création hybride entre panneau lumineux et arme de guerre aux protubérances acérées », éclaire la salle d’exposition de son néon. L’autre plus discrète, toute en rondeur, est simplement posée à terre.
Boulimique de la création graphique, Mathias Schweizer, 33 ans, ne s’arrête pas au support papier. La culture DJ/VJ n’est jamais loin. Le vernissage du 8 février a transformé le Café Pompier, le rendez-vous associatif des étudiants des beaux-arts de Bordeaux, en free party. Sorte de marque de fabrique du garçon, qui a conçu pochettes de disque et clips (Crack it en 2000, pour le DJ Léonard de Léonard, s’est essayé au VJ’ing, a performé dès 2004 à Chaumont avec Tuning. Une performance sonore et visuelle avec Jean-Pierre Ballée (photo-graphies) qu’il réactive sous forme de pack CD-45 Tours et livre avec son label Rolax en 2005. Particularité des compositions sonores de Schweizer, elles sont générées à partir d’éléments naturels, pluie, gouttes, cloches… Autant d’éléments qui s’imbriquent pour former un archétype du détournement, et des jeux de construction, déconstruction et reconstruction, le tout truffé de références aux années 70, et baignant dans une culture entre punk et manga. Aude Crispel
aude crispel 

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< 1 > commentaire
écrit le < 25'09'07 > par < crayon-taille KiJ hotmail.fr >
Salut, Sur taille-crayon, on est en train de discuter de nouveaux moyens d’expositions pour le graphisme. Je mets ton article en lien, car nous n’avons pas été jusqu’à Bordeaux pour voir l’exposition schweizer, et nous espérions recueillir des photos / crtitiques / commentaires. Si tu veux nous faire partager ce que tu as vu (scéno / contenu de l’exposition / détails photographiques...) ce serait avec plaisir qu’on pourrait discuter de tout cela. Alors, rendez vous sur Taille-crayon, http://taille-crayon.over-blog.com/article-12530560-6.html Bien à toi, Sophie pour Taille-crayon