Compte-rendu de la deuxième édition de la Garden Nef Party, festival rock charentais de belle tenue, qui a eu lieu les 18 et 19/07 à Angoulême.
A regarder, cette sélection d’instantanés saisis par Pierre Huot, photographe spécialement dépêché par Poptronics à Angoulême (ici, Alison Mosshart des Kills). © Pierre Huot
< 22'07'08 >
Angoulême trace son chemin de traverse rock

(Angoulême, envoyé spécial)

La Ferme des Valettes se découvre au détour d’un virage : au pied des remparts d’Angoulême, surplombée par un bois, une immense clairière en pente douce piquée d’arbres. Bucolique et surtout très agréable, le site de la Garden Nef Party est l’un des atouts du festival, suffisamment vaste pour accueillir deux scènes et circuler facilement entre les stands de nourriture bio, les disquaires et les bars. Ajoutez à cela des préoccupations environnementales (tri des déchets, à chaque festivalier un gobelet unique consigné, brigades vertes hyperactives sur le site), une affiche plus affûtée que la moyenne et la possibilité de voir tous les artistes programmés, et vous tenez la recette du succès de cette deuxième édition qui a rassemblé plus de 20000 personnes ce week-end (contre 17000 en 2007). Pas mal du tout.

Vendredi et samedi, c’était un festival d’egos, avec un concentré de fortes têtes, du genre à haranguer la foule sur le mode « je suis le plus grand rocker du monde ». Ça a commencé vendredi soir avec Heavy Trash. Dans son costard cintré, Jon Spencer est remonté comme un coucou qui pour la trente-deuxième fois en dix minutes vient de hurler « Ladys and gentlemen, Heavy Trash, rock’n’roll !!!! ». On a beau préférer Blues Explosion à ce projet rockabilly sans vraie surprise, sur scène, Heavy Trash a un effet bœuf sur un public qui vient de s’infliger BB Brunes et fait voler la poussière dans un réjouissant pogo.

Spencer, showman de première classe, a fait des petits : le lendemain sur la grande scène, Pelle Almqvist, le chanteur hâbleur des Hives, reprend la balle au bond, brandissant un calicot « Long Live The Hives » et répétant à l’envi que c’est le meilleur groupe du monde. C’est vrai sur les bouillants « Die, All Right » ou « Main Offender » qui ont lancé les Suédois il y a dix ans, moins sur les titres plus récents. Mais c’est une préparation parfaite à l’arrivée du parrain : Iggy Pop, 61 ans quand même, venu avec ses Stooges (soit les frères Asheton et Mike Watt, fondateurs des essentiels Minutemen). On se pressait même à l’arrière-scène pour voir : des Hushpuppies à Serge Tessot-Gay de Noir Désir venu en voisin, de Lisa Kekaula des Bellrays à l’inénarrable Philippe Manœuvre.

« Bonsoir, we are the fucking Stooges », hurle Iggy (jean cintré, torse nu, pourquoi changer ?), en déboulant sur scène peu avant minuit. Bien sûr, on n’entendra pas la guitare de Roy Asheton, bien sûr, c’est le bordel (trois micros cassés, roadies en surchauffe), bien sûr la scène est envahie sur « No Fun ». Iggy fait son Iggy mais il a toujours du chien : voir la foule apprécier des versions particulièrement tordues de « Funhouse » et « I Wanna Be Your Dog » (avec Steve MacKay au saxophone) est quelque chose de si réjouissant qu’on lui pardonnerait presque d’avoir expédié « TV Eye ».

Pour les organisateurs, cette performance remplit son office : attirer du monde avec une grosse machine sans vendre son âme, malgré les choix moins pertinents de Justice ou The Do, très bankables mais toujours aussi indigents sur scène. En passant, ça fout un peu plus la trouille à chaque fois d’entendre la clameur des fans à l’apparition d’une croix latine illuminée…

Heureusement, une foule de propositions alternatives accompagnait les têtes d’affiche : du concert tordu des Kills, recentrage bruyant après les ternes Nada Surf (on se souviendra longtemps du mouvement de foule accompagnant l’incunable « Fried My Little Brains ») à la prestation tellurique d’Archie Bronson Outfit en lever de rideau, décidément à suivre ; de la frêle Alela Diane, triomphant seule en scène avant un « Pirate’s Gospel » joliment accompagné par Moriarty, au DJ-set tout en nuances (si, si) de Peaches ou à la pop du néo-crooner Adam Green, sans parler de la clôture du festival en quasi free party sous les coups de boutoirs de Birdy Nam Nam (ça fait très mal au crâne).

C’est avec cette ouverture-là que la Garden Nef Party soigne sa différence et tente de se faire une place sur la scène des « gros » festivals sans sacrifier le plaisir de fouler les chemins de traverses. On en sort ravi, fatigué et avec la ferme intention de revenir l’an prochain.

Et en pop’plus, les images sur le vif de Pierre Huot, photographe spécialement dépêché par poptronics à Angoulême.

matthieu recarte 

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< 1 > commentaire
écrit le < 23'07'08 > par < whiteordell ttd yahoo.fr >
Iggy avait incontestablement la pêche, mais tout de même, quelle souffrance que d’écouter (et 2 fois en plus !!!) un "I wanna be your dog" totalement vandalisée par ce saxo aussi inutile qu’insupportable... Les sifflets (plutôt mérités) arrivaient tout de même à se faire entendre parmi les applaudissements, à la fin du set... Très bon festival malgré tout dans l’ensemble. Je retiens le "Let’s go fuckin’ mental" martelé par un Anton Newcombe moins stressé/stressant que d’habitude. Nice.