Arnulf Rainer, exposition jusqu’au 24/06 à la galerie Christophe Gaillard, 12, rue de Thorigny, Paris 3e.
« Portrait de Van Gogh » (1979), huile sur photographie, recouvert par Arnulf Reiner. © DR
< 09'06'08 >
Arnulf Rainer, peintre jusqu’au dernier souffle
Voir une exposition d’Arnulf Rainer, actuellement à la galerie Christophe Gaillard, confronte chaque spectateur à sa propre conception de la mort. Autrichien, Arnulf Rainer, figure internationale de l’art (deux rétrospectives lui ont été consacrées, en 1989 au Guggenheim de New York et en 2000 au Stedelijk d’Amsterdam), crée un univers inquiétant baignant dans les questionnements philosophico-métaphysiques. Ses compositions et recherches, associées à la psychiatrie, aux diverses substances psychotropes et sa passion pour l’Art Brut (qu’on avait découvert en 2005 à la Maison Rouge) n’ont rien à envier aux actionnistes viennois. Dans leurs performances radicales, (Günter Brus, Hermann Nitsch, Otto Muehl, Rudolf Schwarzkogler) transfiguraient Eros et Thanatos par le blasphème et faisaient sauter dans le cloaque les carcans trop rigides de la société autrichienne. Arnulf Rainer, lui, opte pour le surréalisme révolutionnaire via le Hundsgruppe (le « groupe du chien ») dans les années 50. Avec une même inquiétude teintée d’angoisse quant à l’avenir qui lui inspire dès les années 50 sa série d’autoportraits grimaçants, réalisés dans un Photomaton puis rehaussés d’aplats colorés. Son vocabulaire plastique se développe à partir de sa méthode des « retouches » et « ajouts de peinture » (en allemand des « Ubermalungen », littéralement sur-peintures), qui consiste à recouvrir petit à petit ses propres travaux pour en faire des monochromes. Cette technique se prolonge sur d’autres œuvres prêtées par les peintres Georges Mathieu, Victor Vasarely et Emilio Vedova. Sale, malpropre, sordide, tacheté… tels sont les qualificatifs des détracteurs de Rainer. Les cimaises de la galerie Christophe Gaillard esquissent tout autre chose, comme une sorte de panthéon personnel d’un artiste rempli de figures littéraires et artistiques. Dont Vincent Van Gogh. Arnulf Rainer griffonne, dessine, corrige, rature, biffe les motifs issus d’une peinture ou d’une photographie. Il réinvente par le trait coloré, les courbes d’une sculpture comme dans sa série sur Canova (2003). En somme, il dialectise le motif, se l’approprie à l’aide d’un pinceau ou plus directement avec ses mains
(« Handmalerei ») et ses doigts (« Fingermalerei »)… Toucher la figure, la transcender, vainement car la mort rôde. Les masques mortuaires de la galerie complètent la série présentée au Musée d’Orsay en 2002 pour « Le Dernier Portrait ». Ce qui le fascine, c’est « le visage de l’être qui a souffert, qui est arrivé au bout de la souffrance, libéré d’elle, qui est arrivé au bout du combat, pacifié ; l’apparition du terrible et de la délivrance ». Ses portraits du dernier souffle avant la mort n’autorisent aucune échappatoire religieuse. Au contraire, l’artiste matérialise le corps mort, pose son regard pour remettre en cause nos certitudes contemporaines sur la représentation des vivants.
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