Nicolas Frespech, artiste qu’on aime beaucoup à poptronics,
a vu et aimé « Post Script », exposition de Candice Breitz jusqu’au 18/05 à la Collection Lambert, 5 rue Violette, Avignon (84).
« Working Class hero ( A Portrait of John Lennon) », 2006, installation de 25 écrans. © Jay Jopling / White Cube, Londres, Photographie Alex Fahl
< 03'04'08 >
Candice Breitz, fan de...
(Avignon, envoyé spécial) L’exposition de Candice Breitz (artiste née en 1972 à Johannesburg et résidant à Berlin) présentée dans le magnifique lieu qui héberge la Collection Lambert en Avignon est un rafraîchissement ! Rafraîchissement de nos mémoires, rafraîchissement des écrans omniprésents pour une thématique plus que pop. On commence par une pièce composée de 30 écrans qui forment un mur, chacun occupé par un fan de Madonna. Tous chantent les titres d’une compilation de la star : « The Immaculate Collection » !
Filles ultra-motivées et garçons ultra-maniérés braillent « Like A Virgin » et tout le monde est content ! Candice Breitz présente deux autres pièces monumentales sur le même principe, mais avec des écrans plats qu’elle oriente dans le sens portrait. Des fans de John Lennon fatigués et vieillissant pour « Working Class Hero (A Portrait of John Lennon) » et des fans cuirs rouges pour « King (A Portrait of Michael Jackson) » : faites du bruit ! « Queen (A Portrait of Madonna) », 2005 : Une série de photographies présente des fans de Britney Spears, d’autres de Marylin Manson, Abba et autres groupes, habillés comme leurs idoles dans des poses très classiques, très académiques. On a vraiment l’impression en regardant ces énormes tirages disposés côte à côte qu’effectivement, la société est segmentarisée en différents secteurs commerciaux porteurs autour de la culture du divertissement. On nage dans la fan-attitude premier degré et on imagine les fins de mois difficiles rongées par les économies pour acheter le dernier truc de pouf pour ressembler à son idole Britney : une société de fans et une typologie de la culture de masse un peu déprimante ! Deux installations vidéos intitulées « Mother » et l’autre « Father » ne nous donnent pas envie d’identification parentale : envie d’évasion et de paillettes ! Candice Breitz propose des situations, entre samples et culture du Net, elle représente parfaitement une artiste « Postproduction », pour citer le livre de Nicolas Bourriaud. Mais en visitant l’exposition, je ne peux m’empêcher de penser au dernier livre de Nicolas Thély : « Mes Favoris », qui parle de tous ces fans filmés et photographiés. Ils se filment en train de faire des playbacks sur des tubes, agrémentent leurs blogs de paroles de chansons pour illustrer un état d’âme : nous sommes dans l’air du temps ! La dernière pièce de l’exposition, « Becoming », est la meilleure. Des écrans plats sont collés ensemble et posés sur des supports métalliques à hauteur du regard. D’un côté, une scène d’un film américain jouée par une star américaine (de Cameron Diaz à Drew Barrymore) et de l’autre, l’artiste, Candice Breitz, qui rejoue exactement la même scène, pendue au téléphone, l’air détachée… Portrait d’une aliénée, victime consentante d’images stéréotypées et schizophréniques : un joli portrait de société ! « Becoming », 2003 :
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