Calmin Borel, sélectionneur du Labo de Clermont, explique les choix de la rétrospective Dix ans de Labo, 40 films d’anniversaire, à voir dans le cadre du Festival international du court métrage de Clermont-Ferrand 2011, du 4 au 12 février, à Clermont.
"Tyger", mention spéciale du jury Labo 2007, un des nombreux films brésiliens montrés dans la section des nouvelles images du festival de Clermont depuis dix ans. © DR
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Clermont (3/4) : retour vers le futur en 40 courts
Dernière ligne droite au Festival international du court métrage de Clermont, avant remise des prix et soirée de clôture ce soir. Fréquentation en hausse, soleil en prime, tout va bien au royaume des courts. Suite de notre hommage aux 10 ans du Labo, avec le troisième programme (à voir sur place ou en ligne ci-dessous) de la rétrospective en 40 courts de la section Labo, commenté par Calmin Borel, l’initiateur et programmateur de la compétition dédiée aux films qui ne rentrent pas dans les cases. « Tyger », Guilherme Marcondes, Brésil, 2006, prix de la presse 2007, mention spéciale du jury 2007 : « Le Brésil, un des pays qu’on n’attendait pas et qui s’est révélé gros fournisseur de films d’une incroyable richesse. “Tyger” illustre bien le côté totalement hybride du Labo avec ce traitement photo, ces marionnettes à l’ancienne manipulées à la main, la 2D et les personnages qui se transforment… Tout en parlant d’une métropole avec une approche très vraie, quasi-documentaire sur la vie nocturne, la folie urbaine… Une mise en images brillante ditribuée par Autour de minuit. » « Instructions for a Light and Sound Machine », Peter Tscherkassky, Autriche, 2005, Mention spéciale du jury 2006 : Première partie : Deuxième partie : « En voilà un, Peter Tscherkassky, qui se tamponne du numérique ! Il superpose deux pellicules, en bas une pellicule vierge, en haut un négatif, et, à l’aide d’un pointeur laser, effectue une sorte de décalcomanie. Il peut répéter à l’infini un bout d’image pas cadrée qui lui plaît. C’est une expérience physique, il troue la pellicule, montre les impacts de balle à l’écran, refait sa bidouille décadrée au montage et au son. C’est l’un des réalisateurs les plus hardcore du Labo, distribué par Six Pack, la crème de l’art vidéo autrichien. » « The Tale of How », Marcus Wormstorm, Jannes Hendrikz, The Blackheart Gang, Cherie Treweek, Afrique du Sud, 2006, Prix Canal+ 2007 : « Encore un collectif qui revient, autre signe distinctif du Labo, avec ces étudiants en écoles d’art qui continuent à travailler ensemble en mutualisant leurs compétences, une vraie tendance de ces dix dernières années. Dans le cas présent, c’est baroque et barré, une bande-son façon opéra sur une histoire improbable, un univers entre estampes japonaises et Tim Burton. Une plastique magnifique. » « Magnetic North », Miranda Pennell, GB-Finlande, 2003 « Miranda Pennell fait partie de ces réalisateurs qui n’ont pas de background cinématographique mais qui ont profité de la banalisation des outils numériques pour s’emparer de la vidéo. Elle vient de la danse et a fait ses films parce que c’était facile. Elle illustre la démocratisation numérique pour faire des images en mouvement. Sans prétention, elle fait passer ses références. Ce film est emblématique de ce qui a fait bouger le curseur du cinéma et toute sa pesanteur. » « Mama », Oksana Buraj, Lituanie, 2000, grand prix 2002 « Le premier grand prix de la compétition Labo. Oksana Buraja l’a d’ailleurs eu à deux reprises. Sans la miniaturisation des caméras, elle n’arriverait pas à disparaître ainsi pour capturer l’instant. Ce film m’a conforté dans l’intuition qu’il y avait quelque chose au-delà du 35 mm et qu’on allait pouvoir aller vers le documentaire. » « Non-Fat », Oliver Manzi, GB, 2002, prix du public 2004 : « Un plan fixe de caméra de surveillance et paf, une connerie. J’adore ce film comme “Oh my god”, ce côté outré et trash que j’assume totalement comme une soupape de sécurité. C’est un vrai one shot : c’est le seul film comme ça qu’Oliver Manzi ait fait. Il réalise des documentaires pour la danse. » « Forest Murmurs », Jonathan Hodgson, GB, 2006 : « C’est un des types les plus talentueux que j’ai croisés. Sa palette est très large : dans celui-ci l’approche est quasi documentaire avec un foisonnement d’animes et de dessins, mais il peut aussi jouer de la fiction. » « You Are My Favourite Chair », Robert Hardy, GB, 2003 : « La chorégraphie était un pan peu montré dans le cadre du festival de Clermont, puisque très peu de ces films étaient finalisés en 35 mm. Robert Hardy est un chef-op qui a réalisé avec ce court un concentré de vie de couple en mode dansé. » « Da janela do meu quarto », Cao Guimarães, Brésil, 2004 : « Ce film m’a ému, j’ai eu la chance de le voir au Brésil. Il illustre l’immédiateté que permet la technologie numérique, comme son nom l’indique, il a filmé « de la fenêtre de [sa] chambre », mais avec son œil de cinéaste, il en fait une chorégraphi magique, hypnotique. Le film a beaucoup tourné dans les musées, comme une installation purement plastique et poétique. Cao Guimarães n’est d’ailleurs pas un cinéaste mais un artiste qui pratique beaucoup l’installation vidéo. » « Lila », Broadcast Club, France, 2008, prix spécial du jury 2009, prix de la presse « Télérama » 2009 : Voir un extrait ici et en totalité sur le DVD anniversaire du Labo. « Est-ce un clip, un documentaire sur le camping ? Son esthétique pub plaît ou déplaît immédiatement. J’aime cette incertitude dans laquelle il laisse les spectateurs et la musique magnifique, le sens du montage touchant, ses regards caméra qui rappellent à chacun des souvenirs personnels. La narration y est maltraitée, ramassée et ce qui reste du coup, c’est l’esthétique et le son remonté de façon évidente.
Ah ça IA, ça IA, ça IA
L’art d’éditer l’esprit libre avec do.doc Série Au(x) monde(s) - Jacques Perconte (1/2) David Guez « expérimente sans attendre » avec les éditions L Clermont 2020, le court du jour 7 : « Arabian Night », c’est beau une fable la nuit Clermont 2020, le court du jour : « Bonde », la vitalité queer noire au Brésil de Bolsonaro Clermont 2020, le court du jour 2 : « Kohannia », l’amour au temps de l’effondrement |