Dailymotion après Youtube : la justice française resserre ses griffes sur les sites de partage de vidéo en ligne. Interview du directeur des contenus.
Dailymotion lorgne sur le marché international, et doit se conformer aux décisions de justice... © DR
< 16'07'07 >
Dailymotion : "Notre service de partage de vidéos reste valable"

Après le téléchargement "illégal" de musique sur les réseaux pair à pair (P2P), la justice française s’attaque frontalement aux réseaux de partage de vidéo. Dailymotion, plus gros site français de vidéo en ligne, a été condamné vendredi 13 juillet par le tribunal de grande instance de Paris pour avoir laissé un internaute diffuser le film "Joyeux Noël". La condamnation pour contrefaçon est ainsi justifiée : Dailymotion "a commis une faute engageant sa responsabilité civile en lui fournissant les moyens de réaliser une contrefaçon". Le montant des dommages et intérêts s’élève à 25000 €. Martin Rogard, directeur des contenus chez Dailymotion, répond aux pop’questions.

Vous avez été condamné par la justice française pour avoir laissé un internaute mettre en ligne un film protégé par les droits d’auteur. En parallèle, vous expérimentez un système d’authentification des contenus protégés, à la demande des ayant-droits. Pensez-vous qu’une solution technique puisse empêcher les internautes de pratiquer les citations vidéo comme ils le font aujourd’hui ?

P. R. : Il ne s’agit pas d’empêcher les internautes de publier des vidéos mais de détecter la mise en ligne d’œuvres protégées par des droits. Les solutions techniques comme celle d’Audible Magic que nous lançons aujourd’hui (lundi 16 juillet, ndlr) sont des pistes très intéressantes pour protéger les œuvres. Aucune solution n’est parfaite mais le processus est lancé et nous souhaitons être à l’avant-garde de ces solutions, c’est la raison pour laquelle nous travaillons avec les ayants droits de la musique et des médias pour avancer rapidement.

Dailymotion est le premier site français de vidéo en ligne, mais l’Internet est un marché mondial... et les adversaires, type Youtube, puissants : comment pourrez-vous lutter dans cet univers hyper-concurrentiel alors que les législations sur les droits d’auteur sont très différentes en France et aux Etat-Unis ?

P. R. : Nous partageons totalement votre analyse concernant la spécificité des différents marchés, et c’est justement la force et la volonté de Dailymotion d’être au plus près des créateurs dans les différents pays. C’est la raison qui nous amène à être physiquement présents dans différents pays dont les Etats-Unis et bien sûr la France. Là où certains se différencient uniquement sur les fonctionnalités techniques, notre approche consiste à travailler au plus près des internautes et des producteurs de contenus pour nouer avec eux des partenariats adaptés à leur catalogue et aux différents pays.

Avez-vous l’intention de faire appel de cette décision pour éviter de vous transformer en Napster de la vidéo (Napster était précurseur dans les échanges de fichiers musicaux en P2P et n’a pas réussi la transition de la période des échanges "anarchiques" à la mise aux normes juridiques) ?

P. R. : Nous étudions effectivement la possibilité de faire appel mais il faut analyser finement cette décision qui est très différente du récent jugement « MySpace » (attaqué par l’humoriste Lafesse, qui a obtenu 61000 euros de dommages il y a dix jours, ndlr). La justice reconnait en effet notre qualité de prestataire technique et non d’éditeur de contenu comme elle l’avait fait pour « Myspace ». Le principe de notre service de partage de vidéos n’est donc pas remis en question. Le juge nous demande de mieux protéger les œuvres, c’est exactement ce que nous faisons dès aujourd’hui avec le déploiement d’un système de détection de vidéo. Le choix de respecter les œuvres est depuis longtemps celui de Dailymotion, pour nous il ne s’agit donc pas d’une transition mais de conserver tout le dynamisme de l’Internet et des vidéos communautaires (ainsi notre programme Motion Maker de détection des nouveaux talents connait une croissance de 100% par mois), avec la signature de partenariats avec des producteurs plus établis comme nous l’avons récemment fait avec Universal Music Group ou Warner Music.

votre email :

email du destinataire :

message :