Unique date française de Daniel Johnston le 27/10 à 19h30 à la Maroquinerie, 23 rue Boyer, Paris 20e (complet).
Daniel Johnston, légende underground borderline. c DR
< 27'10'08 >
Daniel Johnston, super-héros borderline

C’est un personnage hors normes, une légende de l’underground américain, pas moins, qui promène depuis trente ans son mal-être dans des enregistrements singuliers où la mise à nu est de rigueur. Daniel Johnston est musicien, illustrateur et considéré comme l’un des pères fondateurs des mouvances lo-fi et antifolk. Admiré par David Bowie, Tom Waits, Sonic Youth ou Matt Groening, il a joué avec Yo La Tengo, les Butthole Surfers ou Jad Fair et exposé ses dessins naïfs dans le monde entier, accouchant depuis le début des années 80 d’une discographie pléthorique : une quarantaine d’enregistrements, des premières cassettes guitare-voix autoproduites sur son label Stress (« Songs of Pain », « Yip/Jump Music », « Hi How Are You ? »...) à « Fun » (1994), son unique disque sur une major, « Rejected Unknown » (2001) ou les tout récents « Lost and Found » et « Fear Yourself », sortis en vinyle sur le minuscule label britannique Coppertree Records.

Loin de la mode et de ses engouements saisonniers, Daniel Johnston a construit une œuvre à part, menant cahin-caha une carrière à éclipses. Car il souffre de troubles maniaco-dépressifs, diagnostiqués en 1986 après une très violente altercation avec son manager d’alors, et fait depuis des séjours réguliers en hôpital psychiatrique. Il n’en cache rien dans ses textes impudiques et écorchés, qu’il chante d’une voix adolescente. Il y carambole ses visions malfaisantes d’apocalypse (à 48 ans, il vit toujours chez ses parents, des fondamentalistes catholiques) avec la culture populaire US (science-fiction, films d’horreur, comics) et le souvenir de son grand amour adolescent (jamais consommé) pour une certaine Laurie… qui lui a préféré un croque-mort. Des comptines déviantes, des déclarations d’amour, des adresses au diable, Daniel Johnston se livre tout entier, plongeant dans l’horreur de ses hallucinations (voir ses dessins déjantés), ressassant ses figures obsessionnelles (Casper, Captain America, les Beatles ou Laurie, donc), auscultant sa faille avec une ironie blême (cf. l’excellent documentaire « The Devil And Daniel Johnston » de Jeff Feuerzeig).

Ses concerts sont rares (c’est complet, ce soir à la Maroquinerie), difficiles aussi. Etre spectateur de cette souffrance qui le dévore et l’a détruit physiquement (les neuroleptiques l’ont rendu obèse) n’est pas une position aisée. Sa timidité maladive n’aide pas à rendre l’atmosphère plus légère (il peut disparaître après trois morceaux) d’autant que certains attendent clairement une explosion borderline de ce génie en sursis. Mais Daniel Johnston n’est pas un animal de foire. C’est juste l’un des grands songwriters américains contemporains.

Daniel Johnston – « Casper The Friendly Ghost » live à Portland :



Daniel Johnston – « I Had Lost My Mind », extrait du documentaire « The Devil and Daniel Johnston » :


matthieu recarte 

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< 3 > commentaires
écrit le < 27'10'08 > par < moreismore Vsb free.fr >

A noter l’excellente exposition des dessins de Daniel Johnston à HEIDI galerie à Nantes jusqu’au 5 novembre.

http://moreismore.free.fr

écrit le < 29'10'08 > par < l L86 l.us >
et l’anti-anti-folk ça donne quoi ? le rap irakien ?
écrit le < 07'11'08 >
non non, ça donne plutôt carla bruni, voyez le genre ?