« Sabot de cerf », en voilà un nom plein de promesses de ruades. Deerhoof est comme ça, amateur de clairières isolées et de sous-bois pop peu fréquentés, où l’on peut déployer ses talents de mélodiste tout en faisant un barouf de tous les diables. Depuis treize ans et dix albums, ces Californiens (San Francisco) et leur chanteuse japonaise travaillent à blackbouler les conventions du genre, jouant des collisions, des écarts et des alliances contre-nature. Une démarche qu’on pourrait apparenter, toutes proportions gardées, à celle du Sonic Youth dernière période : créer la chanson pop ultime sans renier la dissonance et le chaos sonore.

Deerhoof – « Fresh Born », extrait d’« Offend Maggie » :

Album 2007 à la pochette dessinée par David Shrigley, « Friend Opportunity » a permis au groupe de monter en catégorie, obtenant (enfin) une certaine reconnaissance et une présence toujours plus ébouriffante sur la scène des grands festivals. Le tout nouveau « Offend Maggie » pousse un peu plus loin encore la logique, qui s’attaque frontalement au format chanson. Le trio (Satomi Matsuzaki, chant et basse, Greg Saunier, batterie, John Dietrich guitare), rejoint par Ed Rodriguez, compère de Dietrich au sein de Gorge Trio ou Colossamite, demeure adepte des morceaux à tiroirs mais met la pédale douce sur les inflexions white noise/free. Plus facile au premier abord sans perdre pour autant un côté borderline, ce surprenant (et excellent) « Offend Maggie » avance sûr de lui dans une contre-allée pop tordue et heurtée. On attend donc de pied ferme de voir quel sort Deerhoof, connu pour ses écarts bruitistes kamikazes sur scène, réservera ce soir à ces quatorze nouveaux titres sur la scène du Trabendo, pour la quatrième soirée du Sonic Protest 2008.

A surveiller avant eux, le quatuor américain Parenthetical Girls, qui explore une voie expérimentale dans la pop cabaret et le curieux hardcore des Français Stanley Kubi, tout autant fascinés par les Balkans, Ennio Morricone et Stanley Kubrick…

Deerhoof – « Chadelier Searchlight », extrait d’« Offend Maggie » :

matthieu recarte