Reality Festival, jusqu’au 2 novembre, exposition de 11h à 22h, entrée libre, Door Studios, 9-9 bis rue Lesdiguières, Paris 4e.
Performances et conférences, dont, ce vendredi à 20h00, la projection de « Alissa1969 Seriman », d’Agnès de Cayeux, et la discussion samedi de 11h à 18h autour du projet.  
Dans "Newborns", d’Alain Della Negra et Kaori Kinoshita, de nouveaux venus dans le monde virtuel Second Life racontent les premiers pas de leur avatar. © DR
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Des mondes virtuels que la Reality rattrape
Pour une première, Reality, « festival international d’art spécialement consacré aux mondes virtuels », y baigne, dans la réalité : les mondes persistants font face aux premiers effets de la crise. Second Life subit ce vendredi sa première grève d’usagers (ils sont 15 millions d’inscrits mais seulement 500000 réels usagers de ce monde en perpétuelle construction), qui manifestent contre une hausse des tarifs des terrains. L’imbrication entre monde physique et virtuel n’est plus à démontrer, ce que confirme une fois de plus Paul Virilio en qualifiant la crise actuelle d’« accident global » (lire l’interview du philosophe et urbaniste sur le site du « Monde »), cette fameuse accélération du temps due au réseaux des réseaux. Et si les mondes persistants ne sont pas tous devenus une extension du réel, ils s’hybrident en tout cas de plus en plus à la réalité. Les manifestations cette semaine dans Second Life : Le festival Reality donc, s’intéresse à la façon dont les artistes interrogent ces univers, via une exposition et quelques performances et conférences, à Paris. La sélection ne devrait pas bouleverser ceux qui s’intéressent de près à ces thématiques. Elle a néanmoins le mérite de permettre à ces artistes une visibilité et, si le succès médiatique et public est au rendez-vous, de fédérer un embryon de scène artistique. On y retrouve avec plaisir le dernier volet de la série documentaire d’Alain Della Negra et Kaori Kinoshita, « Newborns », ces nouveaux « slifers » qui évoquent leurs débuts dans Second Life, le projet « Dotred » de David Guez (dont poptronics a déjà beaucoup parlé ici et là), la nouvelle performance dans le cadre de « Bup », le projet hilarant de Nicolas Boone, les étonnantes photographies de paysages non colonisés de Second Life de Marco Manray Cadioli, « l’Hôtel » de Benjamin Nuel (présenté au Fresnoy, un jeu vidéo tronqué). « Metabup », de Nicolas Boone, tourné dans Second Life : Et on découvrira ce soir l’essai vidéo d’Agnès de Cayeux (autre artiste chouchou de poptronics) « Alissa 1969 Seriman », un avatar immortel qui figure Alissa, le personnage interprété par Nicole Hiss dans le premier film de Marguerite Duras, « Détruire, dit-elle » (1969) qui nous projette en 2066. « Mon essai est ce récit reconstruit, ce récit de vie possible d’Alissa élaborée à partir de données étrangères circulantes sur notre réseau internet, explique Agnès de Cayeux. J’ai choisi de donner corps ou image à Alissa qui traverse l’essai au travers d’un avatar, d’un autre corps présent sur Second Life. J’ai cherché la Faustine de Bioy Casares dans "L’invention de Morel" sur Second Life. Je lui ai passé commande d’une modélisation d’Alissa. Faustine sera présente samedi 1er octobre, elle prendra le train et sortira de l’écran pour discuter avec nous d’Alissa. » Si la vidéo est projetée ce soir, demain samedi, il faudra également assister à cette discussion qu’a imaginée Agnès de Cayeux entre un philosophe, des spécialistes (dont Cyril Thomas, qui officie aussi sur poptronics), Faustine et elle-même sur ces univers, les traces qu’on y laisse et ce qu’il en restera dans un futur incertain.
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