Dessin de Guillaume du 21 juin.
< 23'06'09 >
Guillaume, chat d’Iran
Il n’y a pas que les chancelleries qui aient les yeux rivés sur l’Iran ces jours derniers. Guillaume-en-Egypte, le chat pigiste de poptronics, ne manque rien de la crise dans laquelle le pays s’est enfoncé après l’élection présidentielle qui a vu le président sortant Mahmoud Ahmadinejad obtenir plus de 62% des voix le 12 juin dernier (élection confirmée hier). Ses réactions sont comme autant de mises à distance. Information et désinformation, crise d’un régime absolutiste qui, voulait croire la jeunesse iranienne, était à bout de souffle : tous les ferments de la mondialisation et ses excès sont là. D’un coup de patte, Guillaume rapproche la foule des opposants à la réélection d’Ahmadinejad du manifestant devenu le symbole de Tiananmen (dont la Chine a tenté de verrouiller au début du mois le vingtième anniversaire...). Façon de prévenir : les foules révoltées ne l’emportent pas toujours, quoiqu’en disent les partisans de la démocratie... De la même façon, quand Guillaume commente le discours devant la nation du guide suprême de la révolution islamique Khamenei, le 19 juin, c’est pour souligner la manipulation médiatique opérée... par le régime iranien : sur la télé iranienne, on croirait que seuls les hommes étaient conviés à écouter son discours. Sur Al Jazeera, en revanche, on voit pléthore de femmes, aussi vociférantes que les hommes, avec en tête les « veuves des héros » chasublées de vert. De la très bonne propagande pour le régime ? Pas du tout ! Même voilées, même obéissantes, les femmes n’ont seulement pas droit à un plan de coupe sur les deux heures d’émission. D’où l’image subliminale incrustée dans le dessin « à la Tiananmen », représentant une Iranienne, la poétesse persane Forough Farrokhzad. Les méthodes du régime iranien n’ont rien de ragoûtant. Voire pour s’en convaincre les images de l’héroïne martyre de cette nouvelle révolution iranienne, Neda, jeune fille morte sous l’objectif d’un téléphone portable et qui, grâce à l’Internet, a fait le tour du monde. Neda, mort d’une manifestante en Iran, reportage de CNN du 20/06 : Et Guillaume d’enfoncer le clou de sa démonstration : oui, le régime iranien est critiquable et oui, on peut soupçonner les Américains d’en rajouter. N’empêche, le texte de Thierry Meyssan publié sur le réseau Voltaire le 17 juin, qui dénonce la « guerre psychologique » de la CIA, rappelle furieusement sa fameuse théorie du complot au moment de l’effondrement des tours le 11-Septembre (« l’Iran est un champ d’expérimentation de méthodes innovantes de subversion. La CIA s’appuie en 2009 sur une arme nouvelle : la maîtrise des téléphones portables. »). Comme si la CIA à elle seule pouvait orchestrer et manipuler à distance les milliers de manifestants, à Téhéran et ailleurs... Manipulation sans aucun doute, mais de là à penser que ce « chaos est provoqué en sous-main par la CIA »... De fait, les Iraniens ont abondamment utilisé le service de micro-blogging Twitter (plus difficile à censurer qu’un site), les téléphones portables, les serveurs proxy relais, pour continuer de communiquer. La presse rapporte les difficultés qu’elle rencontre pour témoigner de ce qui se passe quotidiennement en Iran. Là encore, la révolution Internet est passée par là et si les sources et la vérification des faits se trouvent compliquées du fait du black-out de l’information officielle, les trous du réseau ont néanmoins permis de continuer à voir derrière le mur de la censure.
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