In famous Carousel, sixième édition sous-titrée « Etendez-vous », les 12, 13, 25 et 26/11 à Paris (Palais de Tokyo, Centre Pompidou, Point éphémère), avec performances, concerts, soirées.
Poptronics vous invite : 6 places pour la soirée du 12/11 au Point éphémère, et 2 par soir pour les concerts-performances des 13, 25 et 26/11. Envoyez un mail à info@poptronics.fr.
In famous, un carrousel de musiques volantes et de corps soupirs
Pour sa sixième édition, in famous Carousel, rendez-vous de toutes les expériences (pas que musicales), se déploie dans différents lieux parisiens, oscillant entre propositions radicales, performances à la lisière du happening et bien sûr des concerts, avec comme slogan aux allures de manifeste, un « étendez-vous » qu’on s’imagine tout à fait mettre en pratique le poing levé, la mâchoire serrée, tant le fond de l’air n’en finit pas de rougir. Jos Auzende, programmatrice en chef de ce bien étrange raout (et par ailleurs conseillère artistique de la future Gaîté lyrique) le confirme : « En sous-titrant le festival "Etendez-vous", nous voulons construire une aventure par fragments et questionner notre relations aux sons et aux technologies qui interagissent autant avec lui qu’avec notre corps. Nous observons depuis quelques années le parallèle entre la dématérialisation de la musique et un retour à son interprétation physique, en lien avec la scène. Ce qui nous intéresse depuis le début, c’est de confronter les artistes et mettre ainsi les esthétiques en dialogue, en réinjectant du corps et en questionnant la manière dont il peut être ressenti. Chaque plateau du festival est l’étape d’une extension. »
Parfaite illustration de cet intérêt pour la pulsation du corps, la présence plutôt exceptionnelle de la grande compositrice américaine Pauline Oliveros (le 13/11 dans la grande salle du Centre Pompidou), qui, en maniant son accordéon relié à un ordinateur, et en le faisant littéralement respirer, bourdonner, soupirer, confère à ses notes étirées adlib une dimension quasi mystique. Les concerts de Pauline Oliveros sont toujours des moments intenses, en connexion étroite avec sa théorie du « Deep Listening », tout droit sortie des années 60 et du San Francisco Tape Music Center (formé par Morton Subotnick et qu’elle dirigea). Une écoute profonde, méditative, en symbiose avec le musicien et les sons qu’il produit, voici ce que propose cette pionnière exigeante qui, quand elle était enfant dans les campagnes du Texas, se produisait pourtant au milieu de centaines d’accordéonistes au moment des rodéos ! Les cours de Robert Erickson, un compositeur proche du courant dodécaphoniste qui lui enseigna la défiance à l’égard des chapelles et surtout la manipulation des bandes magnétiques, lui donnèrent une infinie liberté formelle. On la dit pionnière du courant « drone », assez connu aujourd’hui car réinvesti par des esthétiques noise ou métal mais c’est bel et bien sa grâce, à 80 ans révolus, et sa croyance dans le son comme véhicule, qui lui donnent aujourd’hui une stature unique.
Pauline Oliveros à Saldes (Espagne) (2008) :
Ce concert exceptionnel sera précédé par la performance de Terre Thaemlitz, artiste activiste connu pour ses accointances avec la scène ambient (son label Comatonse ou ses collaborations avec Mille plateaux : il se produira ce soir en DJ set). « C’est un artiste total, conceptuel, qui opère un dialogue entre le corps et l’esprit, explique Jos Auzende, qui crée une nouvelle poétique où l’affirmation du corps est plus idéologique que conceptuelle. Il donne régulièrement des conférences sur les problématiques queer, le transgenre, la pansexualité. Sa performance "Transportation" est une lecture de notre environnement autant qu’une libération de l’énergie de la part de celui qui se considère comme japonais. Une autre manière de questionner l’identité ! »
Et puisque décidément l’affiche est intrigante, il faudra découvrir Lucyandbart ce soir au Point Ephémère pour la soirée japonaise « Dansez maintenant », où l’on verra aussi le turntablist L ?K ?O ? martyriser le beat. Le couple manipulateur et performateur de corps se produira également le 13/11 pour livrer sa propre vision de la beauté à travers le filtre d’une chirurgie plastique low-tech déglinguée. Un corps altéré, mutant et déformé, en écho au travail de DJ Manabe, autre artiste nippon qui se plaît à transformer le son en pulsations électriques qu’il active sur son propre corps. Les visages grimacent, le public est tendu, gêné et impuissant devant cette leçon de gégène.
Daito Manabe, test d’électrostimulation (sound design : Taeji Sawai) :
Seul « vrai » concert (au sens le plus pop du terme) au menu de cette édition 2010, celui de Gavin Russom, le 25/11 au Palais de Tokyo, tout droit échappé de la récente tournée de LCD Soundsystem (dont il assure les percussions électroniques, en plus de son travail de producteur pour DFA au côté de James Murphy). Après des échappées en terrain répétitif, avec Delia Gonzales, le projet acid-techno Black Meteorit Star et une virée au Brésil, le voilà de retour avec un projet résolument festif et délié, The Crystal Ark (présenté comme un « hypnotique hommage à Sun Ra et à Lee Perry » : on confirme !).
Ajoutons à ce programme déjà touffu la diffusion (le 26/11 au Palais de Tokyo) par la compositrice française Eliane Radigue d’« ADNOS II » (1979), une pièce pour le synthétiseur Arp 2500 hautement méditative. Idéale conclusion de ce festival aventureux dont poptronics est partenaire (attention, il reste très peu de places à gagner…).