Au cinquième jour de l’expédition polaire d’Agnès de Cayeux et Maëlla Mickaëlle, leur carnet de bord low-tech quotidien pour Poptronics, empruntant à la narration du film VR qu’elles réalisent au Groenland, « 360 notes prises au Nord », s’attache à deux figures féministes, Henriette Rasmussen et Trinh T. Minh Ha.

Jour 5, Henriette et Trinh

(liminaires)

noteA050

Chère, voici le monde dans lequel je me déplace sans y avoir été invitée, qui n’est ni à moi ni à moi, mais moi tout de même. L’histoire a commencé il y a longtemps déjà... Elle est ancienne. Plus ancienne que mon corps, que celui de ma mère et celui de ma grand-mère. Elle est est aussi ancienne que toi, moi et les autres.

noteB050

Chère, l’histoire ne cesse jamais de débuter ni de s’achever. Bâtie sur des différences, elle semble aussi anonyme qu’inépuisable. Sans conduite, sans prise, sans poussée, sans percée décisive. voici le monde dans lequel je me déplace sans y avoir été invitée, qui n’est ni à moi ni à moi, mais moi tout de même. L’histoire a commencé il y a longtemps déjà... Elle est ancienne. Plus ancienne que mon corps, que celui de ma mère et celui de ma grand-mère. Elle est est aussi ancienne que toi, moi et les autres.

noteC050

Chère, l’histoire circule comme une offrande, une offrande entièrement vie que chacun et chacune peut s’approprier en la remplissant librement, mais que personne ne peut jamais posséder réellement.

(rêveries)

En attendant l’intempérie, et le paysage très sombre qui conviendrait pour tisser les liens par-delà les continents, le temps et l’histoire, entre Henriette Rasmussen et Trinh T. Minh Ha. Elles se ressemblent étrangement. L’une est groenlandaise, l’autre vietnamienne. Les deux sont des merveilles de femmes.

Henriette Rasmussen a milité pour les droits des femmes et des peuples autochtones, elle a été ministre de la Culture groenlandaise, a écrit sur les nouvelles technologies et la jeunesse. Elle repose au nouveau cimetière de Nuuk. Trinh T. Minh Ha, compositrice, réalisatrice et écrivaine, a écrit l’ouvrage manifeste « Woman, Native, Other. Writing postcoloniality and feminism » en 1989 – qui n’est paru en français que l’an dernier, sous le titre « Femmes indigènes autres, écrire le féminisme et la postcolonialité ».

(Re)lire les précédents épisodes du Carnet de bord du cercle polaire : épisode 1, épisode 2, épisode 3, épisode 4.

agnès de cayeux