Le mouvement étudiant qui monte qui monte, c’est le Net qui en parle le mieux. S’il ne fallait en garder qu’un exemple, c’est cette carte en temps réel des facs occupées qu’a concocté Manuel Canévet, blogueur et journaliste à l’AEF (Agence éducation formation) à partir de Google Maps, qui vient contredire en temps réel les déclarations officielles (10 facs occupées selon le ministère, 30 selon l’Unef, principal syndicat étudiant). L’internet, outil idéal pour organiser les luttes, est utilisé à plein régime par les étudiants qui avaient tardé à se mobiliser sur la loi de réforme des universités votée au cœur de l’été (il faut dire que le calendrier ne les y aidait pas). En marge des médias traditionnels qui commencent tout juste à se pencher sur la question et des sites officiels des universités peu réactifs (certains se contentant de délivrer des communiqués sur les perturbations engendrées par le mouvement), l’info, les photos et les premières vidéos d’évacuation des facs circulent de blog en site.

Les contestataires trouvent naturellement chez les médias alternatifs le relais de la contestation sur la loi Pécresse dite « de libertés et responsabilités des universités » (LRU), Indymedia ou Hns (Hactivist News Service) ou directement auprès des sites des syndicats. L’Unef, qui appelle à amplifier le mouvement et à manifester le 20 novembre après avoir ouvert le bal des négociations avec la ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, mercredi soir. Sud Etudiant, qui dénonce les fermetures administratives des universités, manière d’empêcher les étudiants de se rassembler, estime le syndicat. Un point de vue que ne partagent pas l’ensemble des opposants à la loi, et encore moins bien sûr l’Uni, syndicat de la droite universitaire, reçu lui aussi par Valérie Pécresse et qui a beau jeu de crier aux atteintes à « la liberté d’étudier ».

Pour éviter toute récupération politique, certains étudiants s’émancipent des syndicats et fédèrent ; les appels de chaque université et les dates des assemblées générales sont sur le site Luttes Etudiantes. Blogs et forums tissent un paysage de discussions et de réseaux, entre comptes-rendus d’AG, analyses des textes de loi, infos sur le mouvement dans les autres universités, galeries de photos… Les sites se multiplient, plus ou moins efficaces, sensiblement énervés ou excédés. En tout cas, l’indication que l’atmosphère n’est pas vraiment à l’accalmie.

marion kerbœuf