Interview de Louis Skorecki après la projection au Palais de Tokyo le 18 juin du dernier volet de sa trilogie « Les Cinéphiles 3 : les ruses de Frédéric » (France, 2006, 32min) sur son blog et son rapport au cinéma.
Extrait de la courte vidéo filmée en 2007 à "Libération", où Louis Skorecki (debout au centre) s’énerve... © DR
< 19'06'08 >
Louis Skorecki : « La musique, c’est le cinéma de l’âme... »

Louis Skorecki est critique, metteur en scène de cinéma, producteur de films underground et auteur d’un blog érudit sur l’histoire de la musique (blues, rock, pop). Longtemps détenteur d’une chronique quotidienne sur le septième art dans « Libération », cette tête brûlée à l’écriture acérée a quitté le journal pour son « Club Skoreki ». Depuis lurette iconoclaste, il balançait dès 1978 son pavé « Contre la nouvelle cinéphilie » : « S’il est vrai que la télévision tue le cinéma, alors, vite, une bonne lois pour toutes, que meure ce cinéma ! ». L’empêcheur de penser en rond et sur écran géant a répondu à sa façon à nos questions de groupies. Mise en bouche avec cet extrait d’une dispute à « Libération » (un matin de conférence de rédaction en 2007), morceau d’anthologie…

« Skorecki déménage » :



Une notice sur Wikipédia (la consécration ?), une présentation le 18 juin au Palais de Tokyo du dernier volet de tes « Cinéphiles », ton blog original et musical, et l’aura plutôt mythique sur la « critique d’humeur » que tu as inventée : ça se passe bien pour toi l’après-« Libé », Louis ?
Disons que ça passe le temps, le temps de passer à autre chose ...

Tu n’as pas choisi de parler film et cinéma sur le Net, mais blues, pop, country (et pizzas), pourquoi ?
Seules les musiques m’intéressent, pas à penser, juste à ressentir et à raconter (et à chercher ce qui se passe entre les musiques).

Qu’est-ce que le « club Skorecki » t’a apporté (visibilité, amis, haine, argent et gloire) ?
L’expérience blog, c’est juste ça : parler à des gens invisibles, trouver une nouvelle visibilité plus proche de l’invisible...

Tu avais publié en 1978 « Contre la nouvelle cinéphilie » dans les « Cahiers du cinéma », où tu provoquais un peu la secte des adorateurs de la salle noire en disant que regarder un film sur sa télé, c’était ça désormais la cinéphilie (en substance). D’ailleurs, tu finissais ce texte par un extrait de Dylan (le blues déjà). Vingt ans plus tard, tu n’as pas changé d’avis ? Est-ce que les expériences de micro-cinéma, cinéma de poche (pour écrans de portable) ou pour écrans du Net, ça t’intéresse aussi ?
C’est bien pour les autres, tous ces écrans disséminés, moi je suis plus que jamais dans la solitude et l’affect...

Sur ton site, tu proposes un tas de vidéos Youtube, des « incunables » de l’histoire de la musique. Est-ce qu’on est encore dans le cinéma ou bien dans la consommation d’images ?
C’est de la musique, relayée, illustrée par des images, certaines bricolées par moi, mais seul le chanteur compte...

Tu regardes encore des films maintenant que tu n’es plus obligé d’écrire ta chronique pour « Libération » ?
Je n’en regardais déjà pas à « Libé » où j’écrivais mes chroniques sans « revoir » les films, maintenant je suis encore plus loin du cinéma, je vois un film par an à tout casser, et à la télé je regarde le plus souvent autre chose : des reality shows, des séries, n’importe quoi...

Est-ce que tes fans te réclament des textes sur le cinéma ? Ou se contentent-ils de lire tes contributions sur ton blog ?
Ils sont frustrés, je le sens, surtout que je n’écris plus qu’en anglais...

Tu as vu cette histoire autour du clip de Justice réalisé par le fils Gavras et qu’a défendu Chris Marker (le MRAP a porté plainte pour racisme contre le collectif Kourtrajmé). Est-ce que tu penses comme Marker que le clip est autre chose que de la promo : qu’il est une petite histoire du cinéma ? Est-ce que ce genre de débat t’intéresse encore ???
Je n’ai pas vraiment suivi ça...

Finalement, c’est la musique ou le cinéma qui te plait le plus ?
La musique, c’est le cinéma de l’âme...

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