Suite à sa résidence artistique à Nantes, Bill Kouélany expose à la galerie RDV. © DR
< 12'12'07 >
Nantes expose à fleur de peau
Deux artistes exposées à Nantes, l’une qui confronte le monde à ses coutures et ses ruptures, l’autre qui dévoile l’intime.
Bill Kouélany : on l’a vue cet été à la Documenta de Kassel, (dont poptronics vous entretenait cet été), présente dans l’exposition par un grand mur couleur gris, briques de journaux broyés laissant apparaître quelques titres programmatiques et des dessins diagrammatiques, animés par des images vidéo. Un autre grand mur a été construit, par cette artiste congolaise née en 1965 et qui affiche un prénom masculin, à la galerie associative RDV de Nantes, une ville où elle a déjà séjourné, après son prix obtenu à la Biennale de Dakar 2006. Cette fois elle a également animé un atelier de l’Ecole des beaux-arts de Nantes, produisant collectivement une série de sérigraphies à partir d’un article du « Monde » ; l’action noircissante du papier journal est ici livrée, quasiment au sens propre. Le carton, le papier, le tissu comme des peaux prennent leur sens tragique des actions qui les triturent, les maculent, les froissent, les déchirent.
Dominique Milbéo, photographe et cinéaste expérimentale morte il y a dix-huit mois est célébrée en trois lieux de la ville de Nantes, qu’elle a elle-même fréquentés (elle fut diplômée de l’Ecole des beaux-arts en 1985). L’Ecole des beaux-arts accueille quatre films Super 8 et le musée, deux installations vidéo, qui rejouent les éléments traditionnels du récit et du dispositif filmiques, pour, en quelque sorte, les dramatiser en les pliant au sceau de l’intimité et du dialogue avec un autre soi-même, à jamais absent. De la même façon, la belle série de polaroïds exposée au Ring/artothèque constitue autant d’essais d’autoportrait où le miroir s’efface, au profit de l’ombre, du flou, du « bougé ». La crise de la représentation de soi est, précisément, le lieu où l’image devient possible.
elisabeth lebovici
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