< 30'03'09 >
Patrons : un décret complètement parachuté

Le Premier ministre François Fillon présentait ce lundi un décret interdisant les stock-options et les attributions d’actions gratuites dans les entreprises aidées par l’Etat, et encadrant les bonus, interdits en cas « d’importants licenciements ». Une mesure qui s’inscrit dans le concert d’indignations soulevé par l’aveuglement de quelques grands patrons (Société générale, Valeo, Natixis) qui continuent à collectionner en dépit du contexte de crise parachutes dorés, dividendes et primes pharaoniques.

Ce décret à la marge des dérives du capitalisme est déjà dénoncé par le Parti socialiste comme un « alibi ne concernant que quelques rares dirigeants ». En gros, pas à la hauteur de l’indignation généralisée. Indignation bien sûr, des partis anti-capitalistes qui voient leurs prophéties se réaliser, indignation du PS qui trouve là une occasion de se racheter une conduite, indignation de la présidente du Medef qui en appelle à l’éthique des entrepreneurs, indignation du président Sarkozy qui multiplie les attaques contre les patrons voyous, indignation, forcément, de la presse qui se fait le relais de toutes ces indignations. Face à une telle unanimité, les patrons se rebiffent, refusant d’être ainsi désignés comme des boucs émissaires, des victimes expiatoires de la crise. Responsables mais pas coupables ?

Du rite sacrificiel du bouc émissaire qui trouve son origine dans le seizième chapitre du Lévitique (« le bouc emportera sur lui toutes leurs fautes en un lieu aride »), le président Sarkozy a fait la substantifique moelle de sa politique, désignant successivement à l’opprobre nationale cheminots, grévistes, fonctionnaires, incivilités… jusqu’à tirer aujourd’hui contre son propre camp. Mais la stratégie du « tous contre un » sera-t-elle suffisante pour expier les fautes du système, garantir la paix sociale et faire oublier la faiblesse des réponses politiques apportées ? De quoi rendre tout le monde complètement chèvre, et le risque qu’à force de jouer sur les symboles, le peuple soit encore le dindon de la farce. Ou le pigeon, n’est-ce pas Guillaume ?

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