Pocket Films, 4e édition du festival du 13 au 15/06 au Centre Pompidou, place Georges Pompidou, Paris 4e (entrée libre).
Pocket Films, 4e édition du rendez-vous du cinéma filmé pour et par des téléphones portables. © DR
< 13'06'08 >
Pocket Films, le cinéma au bout du portable

Trois ans après la création d’un festival dédié aux images pour/par téléphones portables, le Pocket Films 2008 tente de démontrer que la discipline a gagné ses galons de forme artistique. Les progrès techniques, la plus grande diffusion des images et l’esthétique Youtube, ainsi que des démarches singulières telle le journal filmé de Joseph Morder ont changé la donne depuis 2005, quand le Forum des Images interrogeait l’outil téléphone portable pour initier de nouvelles pratiques de cinéma dit « de poche » par le biais d’actions pédagogiques. On avait noté alors les mêmes symptômes qu’avec l’éclosion des caméras DV fin des années 90, un arte povera filmique, en dépit de l’hypothèse selon laquelle la souplesse de l’outil transformerait notre regard sur le monde.

Après les surprises visuelles hors-normes de l’an passé, on constatera ce week-end au Centre Pompidou le progrès général des 120 films montrés (sur 1 200 reçus), quant à leur forme, la plupart ayant bénéficié d’une post-production, et de réelles idées de cinéma. La série produite par Arte, « Mes 20 ans », à voir en septembre prochain sur la chaîne, recèle des films inventifs, comme la comédie musicale moderne « Un premier amour » de Nicolas Engel, où l’on chante et où l’on se prend en photo dans le métro et « Les derniers pas » de Marie Vermillard, où des jeunes gens courent au ralenti dans un brouillard de pixels sur « La solitude » de Léo Ferré.

Isabella Rossellini jouera les invitées VIP avec la série produite par le Sundance Institute, « Green Porno », à visionner sur l’un des quatre arbres à portables. Série de huit petits modules flashy qui voient la diva jouer l’araignée scato-nympho ou la mante religieuse hésitant entre copulation et démantibulation. On préfère le nouveau Jean-Charles Fitoussi (qui avait déjà réalisé en 2005 le poétique « Nocturne pour le Roi de Rome »), « Temps japonais », croquis documentaires conçus lors d’une résidence à Kyoto.

Paradoxalement, les films présentés en compétition, loin des phénomènes viraux bien connus, ont une bien faible prise sur le monde. C’est au final l’animation qui se détache de ce cru 2008, avec le bijou « Vil », hommage convaincant de Marc Alapont à Francis Bacon, et l’expérimental avec « Self Portrait » de Johan Renck, captation troublante de la solitude d’un homme chez lui, et « Situation 2.2 », une conversation avec Abigail Child, deux films nourris par l’esthétique du téléphone.

benoît hické 

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