Il existe des sources de petits émerveillements, des niches bien à l’abri du quotidien où il fait bon aller se réfugier. Il en est une, à portée de souris. Un endroit qui ne se veut que ludique et qui imprime pourtant sur les rétines de vrais poèmes visuels. Il s’agit de « Poisson rouge ».

« Poisson rouge » est un site destiné aux enfants. Qui ne cherche même pas à être didactique ou pédagogique et ne fait que rendre les enfants curieux et rêveurs... c’est déjà beaucoup. Créé par l’artiste britannique Patric Turner et la linguiste et ergonome française Edith Furon, c’est presqu’une antiquité du Net puisqu’il existe depuis 1999. Mais il a connu une sérieuse mise à jour en février dernier : la galerie d’art jusqu’à présent réservée à leur site « vitrine », Interactica.com, où l’on retrouve toutes les créations multimédias de ces deux fantaisistes du webdesign, a été intégrée lors de cette nouvelle mouture. Une galerie plutôt facétieuse, accessible depuis le tableau accroché au mur sur la page d’accueil, qui permet aux petits (et aux grands) de jouer avec les œuvres de Warhol, Mondrian, Pollock et M.C. Escher.

La première qualité de « Poisson rouge » est de n’imposer aucune règle de jeu (ni texte ni commentaires lénifiants en accompagnement). On les devine, ou peut-être les invente-t-on au fil des visites, ces règles. Les objets s’animent quand on promène sa souris sur l’écran, et alors qu’on croyait être venu à bout d’une activité, on découvre qu’en cliquant ici, ou là, de nouvelles perspectives ludiques et poétiques s’ouvrent à nous. Tout à coup de nouveaux jeux sortent des images comme un lapin du chapeau. C’est là la deuxième grande qualité du site, qui réussit à surprendre en proposant pourtant la batterie classique des activités ludo-éducatives (jeu musical, coloriage, puzzle...).

« Poisson rouge » compose sa propre net-comptine, faite de net-fantaisies dans un univers naïf, parfois bucolique. Un clic pour assister à un tournoiement d’abeilles, un autre pour que dansent les poupées russes et un autre pour que gonfle un gâteau. Ce trois fois rien de couleurs lumineuses, de mouvements légers et de sound design subtil fait un bien fou.

corine girieud