Bob Dylan, Karen Dalton et Fred Neil sur la scène du Cafe Wha à New York, en février 1961. © DR
< 08'07'08 >
Pop’clip : Karen Dalton, les secrets d’une sainte folk

« La meilleure chanteuse dont vous n’ayez jamais entendu parlé » titrait le « Guardian » en 2006, année de la salutaire réédition du premier album de Karen Dalton, « It’s So Hard to Tell Who’s Going to Love You the Best », initialement et confidentiellement publié en 1969. Et pour cause, elle fut longtemps le secret le mieux gardé de la folk music. Ceux qui la connaissaient ne tarissaient pas d’éloges à son sujet, parmi eux : Bob Dylan, Joni Mitchell, Fred Neil, pas moins… Tous ont vu en Karen Dalton l’exception dès ses premiers pas dans Greenwich Village en 1961, alors qu’elle débarque fraîchement de son natif Oklahoma pour New York à l’âge de 19 ans. Elle est l’incarnation mutante et torturée d’une Billie Holiday hillbilly apôtre d’un folk sensuel dopé au blues et remplie de larmes… en un mot, la meilleure.

Karen Dalton - « It Hurts Me Too », filmée en 1969 par la télé française !



Alors pourquoi Karen Dalton ne fut pas de facto consacrée ? Etrangement, elle n’a jamais chanté que les chansons des autres, ici, avec « It Hurts Me Too » d’Elmore James, ailleurs le « God Bless the Child » de sa divine marraine Billie Holiday, mais aussi celles de Fred Neil, un temps son compagnon. Autre facteur de son anonymat, et probablement le principal : elle enregistre tard, après déjà dix ans de route, et quasiment sous la contrainte. Ca la rebute psychologiquement et plus encore physiquement d’aller dans un studio : pour cause, elle est claustrophobe. Si l’on ajoute à cela des problèmes liés à l’alcool et aux psychotropes (chose somme toute presque ordinaire à l’époque), on comprend mieux l’extrême fragilité de ses deux disques officiels. Elle ne prend la première fois le chemin du studio que pour accompagner Fred Neil dans sa chanson « Little Bit Of Rain ». Puis, en quelque sorte piégée sur place, elle se laisse aller à chanter seule, avec sa guitare douze cordes juste secondée d’une basse électrique, la suite des titres qui composent « It’s So Hard to Tell Who’s Going to Love You the Best ». Tout est fait en une seule prise, sans fioritures et sans retouches. Un chef-d’œuvre est né.
Mais Karen Dalton ne supporte pas les circuits promotionnels ou le commerce des festivals que tente de lui imposer sa maison de disques. Elle quitte New York et se réfugie dans les montagnes du Colorado où elle vivra, en communauté, sans le sou, puis décèdera clocharde édentée oubliée de tous en 1992. Comme toutes les saintes, il lui a fallu mourir avant d’être canonisée devant l’éternel.

« Blues Jumped The Rabbit » en 1970, chez elle à Summerville, Colorado, un document précieux extrait du DVD bonus qui accompagne la réédition de « It’s So Hard to Tell Who’s Going to Love You the Best » :

jean-philippe renoult 

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< 1 > commentaire
écrit le < 25'07'08 > par < dojeanelie ayC yahoo.fr >
Ses amis Joe Loop et le guitariste Peter Walker donnent une version moins tragique des dernière années de la vie de Karen Dalton, morte du Sida le 19 Mars 1993. Peter Walker lui avait offert un asile dans une petite maison où il habitait à West Hurley, près de Woodstock. Il était près d’elle lorsqu’elle est morte. Son fils aussi s’occupait d’elle. Ceci infirme la terrible légende d’une clochardisation dans les rues de New York et d’une mort solitaire dans la rue. Quelle chanteuse formidable, j’ai ses 4 CD et j’en attends encore. C’est Michel Lancelot qui en France la programmait dans Campus, il passait "Something on your mind" qui était un petit bijou dans l’émission. Salut à tous. Do Jean-Elie