Disparition lundi 11/05 de l’artiste Robert Rauschenberg, artiste hors catégorie et figure émancipatrice de l’art américain.
« Odalisk » (1955-1958), une de ces « combines paintings » qui mêlent les techniques : huile, aquarelle, crayon, aquarelle, crayon, journal, poteau en bois, lampes et coq empaillé. © Robert Rauschenberg / Adagp, Paris 2007
< 15'05'08 >
Rauschenberg s’efface

Robert Rauschenberg, né en 1925 au Texas, figure majeure et donc inclassable de l’art contemporain, s’est éteint lundi en Floride à l’âge de 82 ans. Les hommages fleurissent ici et dans les journaux, certains, comme « Le Monde » donnant à relire un entretien daté de 2005. Parler de cet artiste touche-à-tout, chorégraphe, partenaire de Merce Cunningham, et de John Cage, peintre, assembleur génial, cinéaste aussi et même designer de BMW, revient à évoquer ces quatre dernières décennies. On conseillera donc d’aller fissa lire le billet du blog d’Elisabeth Lebovici qui retrace l’ensemble de la carrière de l’artiste, avant de suivre les tribulations en vidéo de Rauschenberg et Willem de Kooning (dont il a effacé une œuvre).

Robert Rauschenberg - « Erased De Kooning » :



Pour approfondir, Sophie Lévy explore les premières toiles monochromes de Rauschenberg qui lui valurent une reconnaissance dès sa première exposition personnelle à New York à la galerie Léo Castelli, en 1958. En marge de sa créativité, Rauschenberg forme une sorte de pivot central autour duquel plusieurs grands noms d’artistes gravitent : Josef Albers, dont il suivra l’enseignement, Cy Twombly, Jasper Johns, des danseurs aussi Trisha Brown et Paul Taylor, des critiques d’art comme Leo Steinberg et enfin tous les membres du Black Mountain College, de la Judson Church, puis plus tard ceux du groupe Experiments in Art and Technology.

Père quasi spirituel, figure presque mythique, de la collaboration entre artistes et ingénieurs, notamment avec Billy Klüver, avec lequel il réalisa « Oracle » entre 1962 et 1965, œuvre inclassable et hybride installée dans la collection du Centre Pompidou, il fut également l’un des protagonistes des « 9 Evenings », analysés par Clarisse Bardiot, chercheuse en art et création numérique. Rauschenberg n’avait de cesse de bricoler les objets, les rebuts du quotidien, de les incorporer, de les détourner dans ses toiles et ses œuvres mettant à mal les catégories établies, de peinture et de sculpture.

Bien avant d’obtenir son Lion d’or à la Biennale de Venise en 1964, il multiplie les expositions. On retiendra celle du Metropolitan de New York qui fit une halte parisienne au Centre Pompidou en 2006 offrant un panorama de ses « Combines paintings » et de ses premiers assemblages de 1953-1964 et celle intitulée « Robert Rauschenberg, on and off the wall » au MAMAC de Nice en 2006. Et parce qu’avec une production aussi prolixe, l’artiste garde encore quelques mystères, on ne saurait trop vous conseiller de faire un détour par la Haus der Kunst de Munich (jusqu’au 14 septembre 2008), pour y découvrir un échantillon de ses « Cardboards », de ses « Venetians » et de ses « Jammers » réalisés durant les années 1970.

cyril thomas 

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