Sauve qui peut les banques
A force de tourner autour du pot, on finit par tomber dedans... La récession ne passerait pas par là, promettait le gouvernement vent debout contre la crise financière qui s’installe (on en veut pour énième preuve la Bourse de Paris, qui dévisse ce lundi matin). Et puis, il a bien fallu admettre que la croissance en berne, les banques au bord de la faillite et le libéralisme financier étaient les symptômes d’un monde qui lâche. Et la récession, mot-tabou il y a encore une semaine, est désormais actée par le ministre du Budget (qui parle de « récession technique »). François Fillon, le Premier ministre qui, il y a moins d’une semaine en appelait à « l’unité nationale » pour éviter les débats qui fâchent (ce mercredi à l’Assemblée, au final), a lui aussi versé dans un vocabulaire catastrophiste, à la veille d’un week-end chargé en négociations internationales. En clôture des Journées parlementaires de l’UMP, Fillon a en effet dénoncé le « capitalisme dévoyé » qui nous mène « au bord du gouffre par la faute d’un système irresponsable ». Finies, les envolées lyriques sur la liberté d’entreprendre et la baisse des prélèvements obligatoires : face à la crise financière qui touche pour la première fois depuis 1929 le système bancaire, c’est tout le contraire qui est mis en avant par Nicolas Sarkozy et son gouvernement (tout comme par Angela Merkel en Allemagne, une autre fameuse partisane de l’économie régulée par l’Etat...). Vive l’Etat et la régulation... Un changement de cap que Guillaume-en-Egypte ne pouvait laisser passer. Et l’on en revient à Fillon, qui explique qu’il est temps de « bâtir de nouvelles régulations », et d’« instaurer de nouveaux rapports entre l’Etat et le marché ». Ou au président français, qui a tenté de rallier samedi l’Italie, la Grande-Bretagne et l’Allemagne à son idée d’une « refondation du système financier ». « Nous voulons jeter les bases d’un capitalisme de l’entrepreneur et non du spéculateur », expliquait-il après le G4. Un vœu pieux ? Un fameux raté en tout cas en matière d’opportunité pour l’Europe à faire entendre et valoir sa voix à l’échelle internationale : le consensus dégagé samedi n’a tenu que le temps de la réunion. La faute à Angela Merkel, qui a volé au secours de la banque Hypo Real Estate en assurant la garantie de l’Etat allemand pour tous les dépôts d’épargne de particuliers. Autrement dit, et l’Autriche a aussitôt suivi, c’est un peu chacun pour soi en Europe, ou plutôt chacun pour ses banques. Une belle leçon de solidarité européenne...
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