Pop’live, le tour des concerts et soirées à ne pas rater pour la quinzaine à venir.
Daniel Johnston, parrain de la scène folk lo-fi, partage sa vie entre studio et HP. Rare concert à Paris, le 27 à la Maroquinerie. © DR
< 17'10'08 >
Sortez ! Pour oublier les financiers

Le mois de novembre s’annonce gargantuesque. Mais la quinzaine qui commence n’est pas moins riche en concerts et live tous azimuts, avec notamment le début en fanfare de l’expo Gainsbourg à la Cité de la musique (du 21 octobre au 1er mars). Voilà qui va encore faire mal à nos finances.

Des inratables à la pelle

Dès ce soir à la Maroquinerie, superbe double affiche Swell-Emily Jane White. Figure underground des années 90, Swell revient par la grâce de son leader David Freel, désormais seul aux commandes. Au confluent de l’indie rock et de l’americana, ce groupe de San Francisco a sorti une kyrielle d’albums importants sans jamais trouver son public (« 41 », « Too Many Days Without Thinking »…). On ne peut que souhaiter à Freel, avec un nouvel album et une compilation de raretés, de trouver enfin des oreilles attentives. La deuxième, Emily Jane White, songwriter qu’on vous présentait au printemps, assure la première partie sur les brisées de son gracile premier album « Dark Undercoat ».

Demain soir samedi 18 octobre, c’est à la Cité de la musique qu’il faut aller pour assister à la rencontre au sommet entre Carl Craig, figure tutélaire de la techno qui publie ces jours-ci une compilation de ses maxis (« Sessions »), le héraut de l’electro-dub allemande Moritz von Oswald et Francesco Tristano. Le pianiste prodige vient tout juste de collaborer avec Oswald sur le récent « Auricle/Bio/On ». Tout ce joli monde sera accompagné par un ensemble classique pour un « Versus » très attendu, avec en point d’orgue une relecture du « City Life » de Steve Reich. En clôture, Carl Craig et Moritz von Oswald devraient interpréter un extrait de Ravel ou Moussorgski, tiré de leur tout chaud « Recomposed » paru (mais oui) chez Deutsche Grammophon.

Aux amateurs d’électro old-school et de transpiration sous les aisselles, on conseille un détour par le Social Club le 23 pour aller gigoter sur les sonorités 80’s de l’éternel Egyptian Lover. Le 25, Lambchop calmera nettement le jeu au Café de la Danse en présentant son nouvel album, « OH (Ohio) » qui amène la country-folk vers des sommets de soie et de veloutés. Ne pas rater la pianiste américaine Casey Dienel alias White Hinterland en première partie, une jeune singer-songwriter américain de 21 ans. Emule de Joni Mitchell, Chan Marshall et Joanna Newsom, cette protest-singer new style a déjà deux albums de pop jazzy fragile et rêveuse à son actif (dernier en date, « Phylactery Factory »).

Le 26, Alain Bashung inaugure sa série de concerts dominicaux à l’Elysée-Montmartre (jusqu’au 14 décembre), cadre plus intime que l’Olympia où il présentait avant l’été les merveilles de son récent « Bleu Pétrole » dans un live poignant. Le lendemain, Daniel Johnston, folksinger intranquille et neurasthénique est annoncé à la Maroquinerie. Sa voix d’enfant, ses histoires tordues et sa bio cabossée (plusieurs internements) en ont fait une véritable légende underground (on vous dit tout très vite). Enfin, le 28, direction le Bataclan pour jouir des riffs en verre pilé de The Kills, dont on ne se lasse toujours pas.

Daniel Johnston grimpe dans le taxi (The Black Cab Sessions) :



Bouquet d’hommages à l’homme à la tête de chou

Les 22 et 23 octobre, dans le cadre de l’expo Gainsbourg à la Cité de la musique, le co-compositeur de « Melody Nelson » Jean-Claude Vannier en livrera pour la première fois sa propre version, après « L’enfant assassin des mouches » (dont le livret fut écrit par Gainsbourg). Vannier sera accompagné d’une kyrielle de récitants VIP (Matthieu Amalric, Brigitte Fontaine, Clothilde Hesme). En after, le 22 au Glazart, une master-class de rock psyché menée par Andy Votel, le rééditeur moustachu. Les fans de Gainsbourg seront gâtés : le 23, toujours à la Cité de la musique, c’est Gainsbourgmania japonaise, où des groupes japonais revisitent son univers. S’attendre à quelques surprises. Et le 25, le trio new-yorkais Blonde Redhead, qu’on sait très fan du bonhomme (une magnifique reprise de « Slogan » il y a quelques années) lui consacrera un plein concert.

Chair fraîche : le rock fait la nique à l’électro

Malgré le téléchargement compulsif et la course à l’échalote des blogs musicaux, Gang Gang Dance est longtemps resté dans l’ombre. Désormais signé chez Warp, qui revient aux sources tout en brouillant un peu plus les pistes après quelques incursions en terres rock (sophistiqué : Battles, Pivot, Born Ruffians), cette clique new-yorkaise pourrait enfin sortir de son semi-anonymat. Filez découvrir leur fourre-tout passionnant, qui mélange Animal Collective et Boards Of Canada (oui-oui) (Maroquinerie, le 26). La petite bande d’Annecy Coming Soon occupe elle le Café de la Danse les 26 et 27. Revivalistes antifolk, c’est fort logiquement qu’ils ont invité Stanley Brinks, le frérot Düne à la voix d’ange, à jouer avec eux. L’autre barbu (il a fui à Berlin dès que le groupe s’est vu approcher par une major) poursuit ses affaires dans son coin, en composant des chansons poignantes et très perso.

Le 29, c’est en marchant sur les mains qu’on se précipitera au Social Club pour vérifier in situ le buzz de l’été DJ Mujava, Sud-Africain titulaire du premier hit électro du continent avec son chaloupé « Township Funk ». Entre-temps, le 27, Juana Molina, ex-vedette de la télé argentine, devrait faire parler d’elle à la Flèche d’or avec les bidouilles pop de son tout frais « Un Dia ».

Bonne surprise que l’album « Down & Out in Paris & London » d’autoKratz, dont on n’attendait à vrai dire pas grand chose. La soirée du label Kitsuné, le 30 à la Maroquinerie, sera l’occasion de voir ce qu’ils ont dans le ventre sur scène. Les Cazals auront fort à faire pour se démarquer avec leur rock synthétique de saison.

DJ Mujava - « Township Funk » :



Valeurs sûres

On les voit souvent à Paris mais on aurait tort de se priver. Double affiche Talitres le 22 à la Maroquinerie avec la pop dylanesque de The Walkmen et l’indie rock marqué par les années 90 de Le Loup. Au rayon plus expérimental, Jackie O Motherfucker et son folk vrillé de psychédélisme passe par la Flèche d’or le 21. Toujours un grand moment. Enfin le 28, Mogwai investit le Casino de Paris nanti d’un nouvel album qui renouvelle aux marges sa formule post-rock bodybuildé.

Festivals : ne désespérez pas Billancourt !

Octobre marque le retour de deux festivals qui ont réussi à s’implanter dans le paysage, avant la ruée vers les Transmusicales de Rennes. Le premier, c’est In Famous carousel, qui s’agite depuis 2003 dans le domaine des musiques performatives et mutantes comme nous l’expliquait l’une de ses programmatrices, Joz Auzende. Quatre dates (17, 24, 30 et 31 octobre), quatre lieux (Point Ephémère, Jeu de Paume, Centre Pompidou, Palais de Tokyo) et une dizaine de propositions, dont ce soir le concert des cultissimes Corrupted. Dans un registre plus pop, le BB Mix (sis à Boulogne-Billancourt) propose lui aussi plusieurs soirées, dont la plus notable sera celle du 25 : Why ?, le pape de l’americana David Grubbs, le vététan Son Lux, Richard Youngs et Melissa St Pierre (Carré Bellefeuille).

A fuir

Au choix, la human beat-box Spleen, qui a pris la grosse tête après des incrustes répétées chez CocoRosie et Devendra Banhart (Maroquinerie, le 28) ; ou les nouveaux branchagas des beaux quartiers (Chaville, 92) Housse de Racket, dont les tenues de tennismen masquent mal l’indigence de leur sauce électro-hard rock. Le Paris Paris n’est plus, les voilà donc à la Boule Noire, le 29.

benoît hické et matthieu recarte 

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