Festival Temps d’images, du 12 au 21/10, la Ferme du Buisson, allée de la Ferme, Noisiel, Marne-la-Vallée (77), RER A, station Noisiel, navette retour sur Paris sur réservation. Rens. : 01.64.62.77.77. contact@fermedubuisson.com
Pass Festival (incluant 3 propositions) : 28 € (ou 20 € si réductions et 4 € pour les moins de 12 ans). Ici, l’agenda complet.
« Seagull-Play » (La Mouette) : le classique de Tchekhov, avec un bout de « La Dame aux Camélias », des extraits du journal de Stanislavski et des expériences personnelles des acteurs. Lu-di-que. © DR
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Temps d’images, projections à la Ferme

Quoi de neuf sur une scène avec image en mouvement, film, effet spécial, artifice 3D ? Temps d’images, concocté par Arte et la Ferme du Buisson (scène nationale), est l’occasion annuelle d’en offrir un tour d’horizon curieux et fureteur. Pour sa sixième édition, jusqu’au 21 octobre, le festival réinvestit entièrement, durant deux week-end, l’ancienne ferme modèle des chocolatiers Meunier, toute de briques et de pelouses vêtue, à Noisiel, en proche banlieue parisienne (77). Sachant qu’on y trouve des salles de spectacles en pagaille, de tailles diverses et variées, un centre d’art et une salle de cinéma, on peut mesurer la densité de cette programmation protéiforme (théâtre, danse, musique, installations…). José Manuel Gonçalves, directeur artistique du lieu et du festival, s’emploie à « trouver des objets dans lesquels l’image, même si elle est minimaliste, donne sens à ce qui se passe sur le plateau et réciproquement ».

Comment faire le tri dans cette offre conséquente ? Pour ce premier week-end, c’est le Brésilien Enrique Diaz et sa version déplumée de la Mouette, « Seagull-Play », qui a notre préférence. Dans ce Tchekhov in progress où les indications scéniques s’annoncent haut et fort, les dérapages sont toujours possibles et l’improvisation jamais très loin.

Ne pas louper non plus la nouvelle création de Cyril Teste et du collectif MxM, « Electronic City », qui, après une immersion fructueuse dans la langue nerveuse et samplée de Patrick Bouvet, s’attaque à celle, toute aussi rythmée et musicale, du dramaturge allemand Falk Richter. Une romance d’aujourd’hui un poil désespérée, que content des comédiens aux prises avec de déroutants dispositifs vidéo.

Il faudra achever le week-end sur une note féministe pour découvrir les « Violences commerciales » de la plasticienne et styliste Fanny Bouyagui, membre du collectif Art Point M (émérites ambianceurs lillois déjà responsables de l’excellent Name festival). Une performance qui déboulonne le diktat des images publicitaires et son impact sur les modèles esthétiques féminins.

Temps fort du deuxième week-end, La Nuit Curieuse (performances et massages, bains chauds et autres surprises) sera l’occasion de découvrir les étonnants couples créés pour l’occasion. La guitare du rocker portugais The Legendary Tiger Man se grattera à l’univers de deux plasticiens portugais, João Louro et Julião Sarmento, tandis que le trip hop de Wax Taylor se lovera contre les vidéoprojections graphiques de Nils Incandela.

Pour se remettre de cette longue nuit, l’incursion chez la bruxelloise Isabella Soupart est vivement conseillée. Chorégraphe, actrice, danseuse, dans chacune de ses créations, elle invente un langage théâtral qui mêle déconstruction du texte et mouvement. K.O.D. (Kiss of Death), spectacle mixant ambiance lynchienne, docus sur l’ex-Union soviétique et chansons pop, téléporte Hamlet dans un monde archimédiatisé, et hypersurveillé.

Mais il y a aussi la performance irrévérencieuse et très attendue du libanais Rabih Mroué, « Comme Nancy aurait souhaité que tout ceci ne fut qu’un poisson d’avril », qui s’inscrit dans le contexte économique et politique libanais marqué par la guerre et l’influence des communautés religieuses. Le plasticien Mroué transforme tout ce petit monde en un jeu virtuel qui permet à chacun de mourir et renaître à volonté.

Enfin, les images de Temps d’images sont aussi celles du cinéma, à travers des sélections de courts métrages et de rencontres avec des cinéastes exposant leur projet en cours. Une « Petite Fabrique d’images », où écouter le punk et debordien F.J. Ossang venu pour son nouvel opus « La succession Starkov » (forcément barré) et Laurent Cantet, en pleine adaptation du roman-docu à succès de François Bégaudeau « Entre les murs ».

Et parce que ça déborde de propositions, sur le terrain aussi, ça dégorge jusque dans l’espace public. Les installations de « Guérilla urbaine », nées de l’utopie de débarrasser la ville de ses oripeaux publicitaires, ont lâché sur le chemin de la ferme, sur les façades d’immeubles et les tunnels de RER toutes sortes d’animaux sauvages et de parasites virtuels.

stéphanie cléau 

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