Après-coup sur Désert numérique, du 22 au 26 juillet, à Saint-Nazaire-le-Désert (26340), par Nicolas Frespech, net-artiste et chroniqueur émérite pour poptronics.
L’entrée du Désert numérique, avec signalétique imaginée à partir d’objets de récup par les étudiants des Beaux-Arts de Valence. © Nicolas Frespech/Licence art libre
< 27'07'10 >
Traversée du Désert numérique

(Saint-Nazaire-le-Désert, envoyé spécial)

Sortie du Désert numérique… A l’invitation de Michèle Lision, KRN, Marika et Bernard Dermineur, du jeudi 22 au dimanche 25 juillet, une vingtaine d’artistes proposaient une découverte des arts numériques dans un patelin de la Drôme, Saint-Nazaire-le-Désert.

Je suis venu présenter mon « Echoppe photographique »... en ligne ! Je commence à baliser, moi qui suis devenu accro à mon « ordiphone » et qui ne peut plus vivre sans connexion Internet 24h/24h. L’angoisse de la fracture numérique se fait sentir... Le village de 144 habitants est connecté à l’ADSL depuis à peine trois ans !

L’intention de ces rencontres est clairement transversale, affirme l’association Désert numérique : « Transformer le village par des performances audiovisuelles et électro-acoustiques, des installations sonores et visuelles, des projections vidéo, des lectures de poésie, des ateliers artistiques et techniques, en modifier notre perception, et en révèler les dimensions poétiques. » C’est aussi un projet qui fait appel à toutes les énergies locales, artistes du coin et acteurs institutionnels, avec par exemple un « Jardin éphémère de plantes électroniques » réalisé par les élèves de l’école communale lors d’un atelier avec l’artiste espagnol Victor Viña. Un jardin « magique » réalisé à partir d’objets récupérés et muni de capteurs, on touche et une plante s’anime, on souffle... une autre clignote…

Le jardin éphémère à Saint-Nazaire-le-Désert :


A deux pas de là, Marie-Christine Driesen et Horia Cosmin Samoïla investissent l’église. Un capteur solaire est disposé à l’entrée, couplé avec une autre installation : une plante verte munie d’un capteur d’ondes électromagnétiques. Le mélange des deux flux d’informations crée une animation lumineuse et sonore fantastique... Et comme c’est dans un lieu de culte, l’ambiance est tout à coup très surnaturelle ! Je m’amuse à toucher la plante, à passer un briquet sous ses feuilles pour entendre les conséquences de ces différentes stimulations...

« Diffractions transmutatoires », Marie-Christine Driesen et Horia Cosmin Samoïla :


Le « Grand Générique d’Antoine Schmitt est une œuvre forte : à l’écran défilent les identités de « tous les êtres humains » avec une mise à jour spéciale Désert numérique par l’ajout des noms de tous les habitants du village... fascinant et déstabilisant quand on sait que l’Inde se prépare à attribuer à chacun de ses concitoyens une empreinte digitale et un identifiant numérique...

Le même Antoine Schmitt convie avec « Time Slip » à consulter le futur à partir d’un flux d’informations tirées de dépêches existantes, mais conjuguées au futur. Son univers est sombre et ça fait peur !

Luc Dall’Armellina, lui, est plus léger. Il présente « In_tensions », une création ironique et poétique diffusée le soir sur la falaise.

Histoire de désenclaver une bonne fois pour toutes le village, KRN, l’une des artistes à l’initiative de ce « Désert numérique », fait le choix de la discrétion et dissimule dans différents endroits du village des sons urbains de plusieurs villes du monde (Algérie, Chine, Liban, Sénégal...). Ça s’appelle tout simplement « D’ailleurs et d’ici ».

A l’EPN (Espace public numérique), l’équipe propose une médiathèque participative et subjective pour se poser un peu et découvrir une sélection surprenante. Normal après tout, puisque chacun des artistes présents peut y apporter un livre ou sa liste de sites favoris sur les cultures numériques. J’ai emmené « Sexe et solitude », un livre de Bruce Benderson, sur le thème des relations amoureuses à l’heure du réseau.

A propos de papier, des étudiants de l’école régionale des Beaux-arts de Valence réalisent un journal quotidien. Réactifs et très concentrés, ils alimentent le blog de Désert numérique de photos et de vidéos.

Fanzine par les étudiants des Beaux-Arts de Valence :



Super investis dans cette expérience, ils ont aussi réalisé la signalétique de Désert numérique : des objets récupérés et entièrement recouverts de couleur orange, amoncelés devant une porte ou un monument pour indiquer aux visiteurs les lieux à explorer.

En début d’après-midi, je me retrouve attablé avec les artistes invités et autres lève-tard... car tous les soirs, une programmation live de concerts et de performances tient le village éveillé. Dommage, il est temps pour moi de rentrer, je vais rater le concert subaquatique dans la piscine… De quoi se rafraîchir dans cette oasis numérique. Et puis des nerds en maillot de bain, c’est pas tous les jours qu’on peut en voir !

De retour à la maison, je m’installe devant mon PC pour répondre à quelques commandes de l’Echoppe et écrire cette chronique. Je m’aperçois que je n’ai plus Internet et pas un seul voisin chez qui squatter la connexion wifi. Et s’il était là, mon désert numérique ?

nicolas frespech 

votre email :

email du destinataire :

message :

< 2 > commentaires
écrit le < 27'07'10 > par < contact bJV tepe-studio.fr >
Dommage que je n’ai été prévenu que trop tard par mon "collègue" artiste. Cette manifestation avait l’air des plus pationnante.
écrit le < 30'07'10 > par < beatrice 7ay darnal.com >
Le 16 septembre 2006, Laurent Mulot, a inauguré son deuxième Centre d’art contemporain fantôme à Rochefourchat, commune de Saint Nazaire le Désert. Le premier est situé à Cook en Australie. L’ensemble des six Centres d’art contemporain fantômes est visible sur le site de Laurent Mulot : http://www.theycomeoutatnight.org/