5 ans, 50 portraits.
Aujourd’hui : Wendy Delorme, écrivain, comédienne, performeuse, enseignante, vit et travaille en France.
Auteur : Julie Girard, journaliste

« Il faut qu’on parle », soirées de lectures, créations textuelles et micro ouvert, première le 31 octobre 2012, à La Cantine, à Paris.

En guise d’autoportrait (la demande faite à tous les artistes, auteurs et chercheurs de notre série pop’50), Wendy Delorme nous a fait parvenir cette image d’elle, en mai 2012 à Montréal. © Wendy Delorme
< 30'10'12 >
Wendy Delorme, du sexe des fem

(pop’50) Delorme, Wendy. Ecrivain, comédienne, performeuse, enseignante. Née en 1979. Ni fée, ni princesse. « Une femme ça transpire, ça rote et ça pète… » lit-elle un jour au théâtre de Chaillot. Poursuivant : « Il n’y a pas d’eau de rose, de douceur et de bons sentiments innés poussant en même temps que nos ovaires… Il y a des putes et des cinglées, des mères indignes et des évadées. »

L’éternel féminin, mon cul
Toute femme, aussi « fem » soit-elle, jouant avec les codes de l’ultra-féminité, ne se réduit pas aux fantasmes de sirènes vaporeuses. Il n’y a pas d’éternel féminin, et pas de mystère. Une autre fois, sur scène, Wendy Delorme invite des gens du public, « pourvu qu’ils soient pourvus d’un sexe féminin », à mettre la main dans son vagin. « En m’inspirant d’Annie Sprinkle, j’ai voulu pousser la logique de démystification de l’organe sexuel féminin : soit on l’idéalise, soit on pense qu’il est sale », explique-t-elle.

C’est encore sous l’influence de la féministe prosexe américaine (« notre mère à toutes ») qu’avec les performeuses du Queer X Show (sept femmes traversent l’Europe, un road movie documenté dans le film « Too Much Pussy ») elle propose un remake du « public cervix announcement » - examen au spéculum et à la lampe de poche du col de l’utérus.

« Pas de victimisation, pas de misérabilisme. La première chose à faire en tant que féministe : ne pas culpabiliser d’avoir des désirs et vivre dans le plaisir. »



Dans la grande famille féministe, on demande les sex-positives. Traduire : qui militent pour une sexualité dénuée de préjugés négatifs. Qui prennent le pouvoir en s’appropriant les outils de production. Delorme se fera éducatrice sexuelle, actrice dans des films « faits par des femmes pour les femmes », performeuse sur scène dans des shows burlesques à base de genderfuck et de paillettes…

Gender studies en français simple dans le texte
Sex-positif, porn, post-porn, gender, queer, drag king, butch, fem, FtM, MtF, translover, un bréviaire américain dont Wendy Delorme, avec d’autres, accompagne la traversée de l’Atlantique, en même temps que se popularisent les gender studies à la française, et que se développe en Europe l’idée d’une pornographie féministe. Sauf qu’elle incarne la théorie avec ses mots à elle. Et l’expérience de celle qui a fait ses classes à San Francisco ou en militant avec des « trans-pédé-gouines » à Paris.

Pas besoin de maîtriser l’arsenal de mots en vase clos des universitaires pour comprendre ce qu’elle écrit. Il y a un côté vulgarisateur chez elle, qui ne cesse de servir de courroie de transmission vers celles qui l’ont marquée, moins exposées qu’elle. Car Delorme sait ce qui lui vaut l’intérêt des médias. Ça tient en trois mots : « blonde, blanche, féminine. »

Lutte, sexe et amour
Ce qu’elle écrit : des histoires de lutte, d’amour et de sexe, ce qui se trame dans les permutations masculin-féminin, leurs transgressions, leurs interstices et toutes les traversées de désirs, là où se réinventent les apparences. A son compteur, des textes courts, des traductions, un guide du BDSM, et trois livres entre parcours de la combattante et histoires sentimentales : « Quatrième génération », « Insurrections en territoire sexuel », « La mère, la sainte et la putain ». Des livres d’autofiction mais pas autobiographiques, précise-t-elle, comme pour délimiter les contours d’un personnage.

De toute façon, elle veut s’en éloigner désormais pour mettre en scène « des protagonistes plus inventés ». On la retrouve dans la revue « Ravages » en compagnie d’Isabelle Sorente, avec qui elle lance bientôt « Il faut qu’on parle », des soirées de création littéraire à micro ouvert (dont poptronics est partenaire).

Elle est prof aussi et c’est pour l’instant ce sur quoi elle se concentre : l’enseignement, la recherche portant sur l’image des femmes dans les médias, après avoir pris pour sujet de thèse les stéréotypes des minorités sexuelles dans la publicité.

Une image pour finir (mais ce n’est pas celle qu’elle a choisie pour son autoportrait) : celle où, en compagnie d’une partie de la troupe de « Too Much Pussy », elle déambule, un soir dans les rues de Paris, à moitié à poil, hilare. Too much power ! Pour avoir croisé ces femmes plus tôt au Franprix, en plein jour et habillées, l’effet était le même.

Aller plus loin

Un article de Wendy Delorme paru dans la revue « Ravages », octobre 2011 : « Pornographie féministe : fin d’un oxymore »

Une discussion avec Peggy Sastre sur l’asexualité sur le site Yagg.

« Il faut qu’on parle », soirées de lectures, créations textuelles et micro ouvert, première le 31 octobre 2012, à La Cantine, à Paris.

julie girard 

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