Dernier aperçu sur la 25e édition du festival Art Rock 08, qui s’est terminé dimanche 11/05 à Saint-Brieuc.
Atelier de tektonik en plein air : le mélange des genres et des publics aussi fait la saveur d’Art Rock. © Benoît Hické
< 13'05'08 >
Art Rock trouve sa formule record

(Saint-Brieuc, envoyés spéciaux)

Quand samedi dans la nuit, la scène des musiciens du métro parisien, sans effets de lumière et totalement gratuite, est investie par James Chance, la légende néo-punk jazz (vu la veille au forum) pour arsouiller son saxo sur une bande son jazz, on se dit qu’on tient là un des moments incongrus, forts et émouvants du vingt-cinquième anniversaire d’Art Rock, qui s’est achevé tard dimanche. Comme Jean-Michel Boinet, qui prend son appareil photo pour immortaliser la scène, directeur débonnaire qui depuis l’origine mixe les disciplines avec un art consommé du très grand public : s’il invitait Dionysos, BB Brunes et Yelle cette année, c’est aussi pour proposer des installations nouveaux médias de qualité internationale, des James Chance ou une sélection de clips poptronics, aperçu éclectique des tendances musicales et visuelles les plus novatrices.

Et le résultat est à l’avenant : une fréquentation encore en hausse cette année, avec 62 000 spectateurs (55 000 l’an passé). « La soixantaine de produits culturels qu’on propose nous oblige à une forte fréquentation et à la plus large ouverture : pour capter l’attention sur les arts numériques, quel meilleur moyen que d’inviter BB Brunes ? », justifie Boinet. Surtout, cette forte fréquentation garantit à la manifestation une forme d’indépendance vis-à-vis de l’institution qui, comme partout ailleurs, s’est fortement désengagée cette année : « Heureusement que nous nous auto-finançons à 50%, ajoute Jean-Michel Boinet. En 1992, nous recevions 58 000 € de subventions du ministère de la Culture, contre 38 000 aujourd’hui et 10 000€ de moins de la Drac. » Alors, pour lutter contre la concurrence de plus en plus rude entre pléthore de manifestations et l’inflation du coût des tournées, le festival briochin, du haut de ses 25 ans d’existence, réinvente chaque année sa formule, des clips vidéo des premières éditions en passant par l’art vidéo, ou, depuis plus de dix ans, de l’art numérique. Sans oublier la danse, le théâtre de rue des Royal de Luxe (qui ont fait plus que le plein en quatre jours, malgré une proposition en retrait par rapport à leur inventivité habituelle).

Samedi 10 mai, après avoir testé les nouveaux morceaux de Poni Hoax la veille, il avait fallu trouver un chill-out à la mesure de la soirée bretonne. Coup de chance, les Londoniens Tunng sont programmés en milieu d’après-midi, dans le tout mignon théâtre à l’italienne. On avait aimé « Good Arrows » l’année dernière, leur troisième album à l’univers délicat, dans la digne tradition du folk britannique (les fantômes de Sandy Denny et donc du Fairport Convention ne sont jamais très loin). Le sextette a eu le bon goût de durcir un brin le ton sans se départir de sa richesse mélodique et vocale (tout le monde chante) et d’enrichir le tout de programmations électroniques et de pépiements d’oiseau mécanique. Résultat, 90 minutes de bonheur doux, porté par un groupe soudé et parfois fendard (notamment lorsque le leader s’attaque à un morceau metal du meilleur effet !), loin du sérieux pénible des néo-hippies US. Meilleur concert d’Art Rock 2008. Après, évidemment, la grosse machine festivalière paraît bien fade.

L’été dernier, les premiers concerts de The Do promettaient le meilleur, avant qu’ils ne soient happés par les Gargamel de l’industrie musicale. Manifestement, le groupe a perdu de sa candeur et semble désormais en rodage pour la ribambelle de concerts estivaux (il est programmé dans presque tous les festivals). Le musique est devenue plus grossière, les nuances sont inexistantes, et l’on parie que la chanteuse Olivia B. Merilahti pense déjà très fort le matin à une carrière solo, pourquoi pas à la Feist. Sur la grande scène, (Dionysos et Keziah Jones, qui n’a pas bougé depuis « Rythm Is Love ») enflamment un public apparemment conquis, tandis qu’au forum les Blood Red Shoes sont attendus. Ce duo de Brighton, sur lequel le buzz est en train de s’abattre, est paresseusement comparé aux White Stripes. Certes, le joli couple nous assène un rock garage millésimé mais plutôt en mode automatique, pas inintéressant mais très peu incarné. N’importe quelle vidéo des Chats Sauvages fait plus d’effet, voyez…

Dimanche, le festival oscillait entre ateliers tektonik et retour aux sources pour Yelle, l’enfant du pays, l’ancienne bénévole d’Art Rock, aujourd’hui starisée mais sympa. Et Zebramix achève d’embarquer les festivaliers sous un ciel d’été.

Session acoustique de Tunng pour la BBC, 2007 :

benoît hické et annick rivoire 

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< 1 > commentaire
écrit le < 13'05'08 > par < info WYb franck-ancel.com >

Petit souvenir de La Fura Dels Baus à Art Rock en 2007

http://www.youtube.com/v/b3hOS-FrUCA&hl=en

Pas aussi bon que la seule représentation de XXX en France de la FDB à Art Rock, il y a déjà quelques années... Mais vivement 2009 !