« Lay Down The Reality », exposition d’ouverture de la galerie Moretti & Moretti, jusqu’au 2/02/09, du mardi au samedi de 14h à 19h et sur rendez-vous, 6, cour Bérard, 28 rue Saint-Antoine, Paris 4e.
L’Atlas revisite le rideau métallique, un "classique" du street-art. © Galerie Moretti & Moretti
< 19'12'08 >
Chez Moretti & Moretti, le street-art épate la galerie

La bande dessinée avait Dupont et Dupond. Depuis quinze jours, le monde de l’art a Moretti et Moretti. N’ayant rien à envier aux premiers en matière de gags, ils viennent d’inaugurer une galerie d’art contemporain près de la rue Saint-Antoine, à Paris, avec assez d’humour pour créer le buzz. Ceux qui ont vu la pub annonçant leur première expo en rigolent encore : on y voit les deux frères grisonnants et ventripotents poser carrément à poil place de la Bastille, pancartes de réclame à la main. Un défi lancé par Yaze, street-artiste qu’ils collectionnent depuis quatre ans et curateur de « Lay Down The Reality », leur premier opus.

Cette blague de potaches est aussi une façon d’annoncer la couleur : à voir la galerie de la cour Bérard, on suppose que Moretti & Moretti ont effectivement dû se mettre à poil pour acquérir les lieux. Personne ne peut dire au juste quelle surface fait l’endroit. 800, 1000 m² ? Entre les caves et le rez-de-chaussée, cet ancien atelier de photocomposition offre un espace immense et bourré de cachet. Il y a même au sous-sol une ancienne tourelle ; elle serait le dernier vestige du château des Tournelles, détruit par Catherine de Médicis.

De quoi montrer pas mal de monde. Yaze y réunit donc seize peintres, photographes, sculpteurs et vidéastes, parmi lesquels une bonne moitié de street-artistes. « Je voulais faire un parallèle entre artistes contemporains issus d’une formation classique et héritiers du graffiti », explique-t-il. Côté graff, on retrouve les copains : Babou, Sun7, Tanc et l’Atlas. Délaissant le sol et les détournements calligrapho-signalétiques, ce dernier revisite le rideau métallique, support « historique » des graffeurs, pour en faire une série de tableaux textuels. L1es reste lui aussi attaché à une certaine « tradition » du graff : le mur qui lui a été confié est couvert d’aphorismes, signatures et noms d’oiseaux aussi gouailleurs qu’une femme publique. Quant à Yaze, il investit efficacement le sous-sol avec un ensemble de toiles grand format dont le cadre peine à contenir son énergie. Mais finalement, la pièce maîtresse de l’expo vient de l’art contemporain. Il s’agit d’une installation « lumino-cinétique » de Laurent Bolognini aux mouvements hypnotiques, sorte de version cocaïnée des machines de Tinguely.

S’il peut donner le sentiment d’une totale gratuité, le mélange art contemporain/street-art est en tout cas emblématique de la façon dont Moretti & Moretti entendent mener leur barque. « Pas de spécialité », annonce-t-on chez eux, même si Jean-Pierre Moretti est convaincu que « le street-art va exploser ». Chez les deux frères, on verra donc aussi bien des expositions individuelles que des expositions collectives, des valeurs sûres et des étoiles montantes. Si la discrétion prévaut pour l’instant sur la programmation, on compte sur eux pour nous faire un peu peur, et beaucoup rire.

stéphanie lemoine 

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