Chronique de Nicolas Frespech, net-artiste, pour vivre connecté sans connexion (on prépare ses vacances en zone blanche ?) avec à l’intérieur des vraies tranches de :

cHTeMeLe, jeu presque collaboratif et presque éducatif pour découvrir et apprendre le langage HTML (Hypertext Markup Language, le langage de programmation des pages web).

Nichons-nous dans l’Internet, revue semestrielle, numéro 1, février 2014, 14€.

QRDH, projet de jeu IRL et URL autour et sur les humanités numériques.

Les cartes à jouer de Chtemele : quoi, vous ne connaissez pas le HTML ? jouez donc pour apprendre le code) Des cartes à jouer. © http://www.chtemele.org
< 14'06'14 >
La culture du online… offline

Il fait chaud, les écrans sur-bouillent, les vacances approchent… Et si vous vous retrouviez en pleine zone blanche ? Pas de panique, la culture du Net se vit aussi en mode off. Petite sélection de découvertes débranchées pour accompagner la tendance « Droit à la déconnexion ».

« cHTeMeLe » est un jeu de société qui invite à construire une page (certifiée) en HTML 5 (le langage de programmation du Web).

Mode d’emploi de « cHTeMeLe » par Unboxing (personnellement je suis très friand des vidéos d’Unboxing) :

Différents plateaux en carton sont proposés pour faire avancer ses pions, chacun portant le nom d’un navigateur web (Chrome, Firefox, Safari, Opera, sans oublier Internet Explorer...). Chaque joueur participe à la réalisation d’une page web en piochant puis en posant ses cartes : une carte d’ouverture de balise div entre <> pour ajouter du contenu éditorial, une carte balise d’images, etc. Tout cela pour arriver à construire des lignes de code correctes.

Attention, le parcours se complique avec quelques cartes de pénalités : l’erreur 404, le FTP error... Certaines pénalités n’affectent que certains navigateurs (alors, forcément, si vous avez Internet Explorer, il va vous arriver quelques bricoles…).


© http://www.chtemele.org

Quand j’ai reçu ma boîte, j’étais tout heureux de pouvoir m’amuser offline avec mes amis (nerds ou pas). Le plus dur a été de les convaincre (les pas nerds) de faire quelques parties (cheat codes interdits !).

Je ne sais pas si on peut considérer « cHTeMeLe » comme un jeu sérieux mais la plupart des joueurs par ailleurs gros consommateurs de pages web ne s’étaient jamais vraiment posé la question de comment ça marche, une page web : avec du code mon ami !!!

Le créateur de « cHTeMeLe » n’est pas un inconnu du Net, loin de là, c’est Olivier Chambon, hacktiviste qui s’occupe de la fameuse Grotte du barbu, un site internet où on parle Arduino, DiY et toutes ces bidouilleries. Le Barbu a décidé de mettre son jeu à disposition sous licence Creative Commons : vous pouvez le télécharger, l’imprimer et le modifier sur le modèle du Print and Play. De nouvelles variantes seront bientôt proposées.

Jouer autour des cultures numériques, ç’a m’a donné une idée. On joue ?


« Nichons-nous dans l’Internet », revue papier… garantie sans nichons mais avec du net. © DR

« Nichons-nous dans l’Internet » est une nouvelle revue semestrielle parue en février 2014 qui parle de culture numérique… mais sur du papier. Oui oui, du papier ! Julien Achard, le directeur de la publication, m’explique que le papier est une manière particulière de stopper le flux.

Ok. Moi quand on me parle papier, je dis que c’est bien aussi, vu qu’on ne fait plus guère confiance aux supports numériques dans les nuages et que le microfilm fait un retour en fanfare. Une revue papier, ça peut avoir du sens non ?

« Nichons-nous dans l’Internet » n’est pas une publication érotique : pas de pin-up en page centrale ! « Nichons-nous dans l’Internet » a des invités de choix : Camille Paloques Berges y parle du réseau SAFIR, Olia Lialina de Gif, et côté illustration, c’est tout aussi bien avec de belles aquarelles de modems RTC.

C’est la revue à prendre avec vous sur la plage : y’a même une rubrique people avec des posts Instagram des joueurs du PSG, et un entretien avec Diane Tell  ! Mais où sont les tests psycho à l’ancienne, où l’on devait taxer un crayon à un inconnu et faire des calculs compliqués avec des A et des B ?

La revue, distribuée dans certains points de vente, peut être commandée en ligne (14€). Impossible de trouver sur le net un PDF pirate ! A moins que je ne me lance dans une copy party estivale ? Ça me fera un projet de vacances…

Faisons-nous face à un mouvement déconnecté version post-Internet art ? Il y avait déjà la « Map » d’Aram Bartholl, installation qu’on ne présente plus et qui circule IRL depuis 2006. Du côté des digitaux natifs, l’artiste Florent Lagrange présentait au dernier Salon de Montrouge une installation où textes, codes et impressions 3D animaient un pan de mur. Plus de 200 cadres comme autant de pages web dialoguent entre eux, à la façon d’un site Internet archivé et portable, encapsulé.


« Open [Source] Hearing » (FLorent Lagrange, 2014), vue partielle au salon de Montrouge. © Florent Lagrange

Une pièce assez exemplaire de la notion d’humanités numériques. Ici, aucune connexion, à l’exception d’une PirateBox bien cachée, et aucun écran allumé. Et pourtant, impossible d’apprécier la pièce sans un minimum de culture numérique !

Plus ambigu, le travail de Julia Whittaker sur notre présence en ligne et hors ligne. L’artiste a réalisé une petite sculpture où des diodes LED affichent en alternance le mot URL ou IRL.


« IRL-URL ». Julia Whittaker, 2014. © DR
Faut-il vraiment choisir ?

nicolas frespech 

votre email :

email du destinataire :

message :