Faire entendre d’autres voix. C’est une des raisons qui ont poussé poptronics à rejoindre le Off des Etats généraux de la presse lancé par Médiapart et Reporters sans frontières, l’association de défense de la liberté de la presse dans le monde. Ce lundi 24/11, au théâtre de la Colline à Paris, à partir de 20h, autour des GO Edwy Plénel, fondateur de Médiapart et ancien du « Monde », et Jean-François Julliard (RSF), devraient se manifester des voix diverses, lecteurs, blogueurs, créateurs de sites indépendants et autres journalistes non-encartés pour « une soirée de libre parole », promet Médiapart.

Donc poptronics en sera, pas seulement pour défendre son bout de gras (la petite place au soleil du Web que notre site s’est faite est loin d’être pérenne, la faute au modèle économique du Net toujours en friche, la faute au manque de pépettes et plus globalement à la crise qui touche tout le monde, petits et grands, mais les petits d’abord…). Poptronics est né d’un constat de carence de l’information des grands médias à traiter le monde tel qu’il va mal et la culture telle qu’elle a été totalement bouleversée par le numérique. Des carences qui ont des causes multiples, de la myopie d’un milieu de plus en plus fermé sur lui-même jusqu’aux attaques répétées à l’indépendance et à la liberté d’expression dans notre pays, de la part du pouvoir en place en premier lieu. L’organisation des Etats généraux de la presse écrite, voulus et orchestrés par le président Sarkozy, en est la preuve malheureuse.

Nous serons ce soir au théâtre de la Colline pour apporter modestement notre pierre à l’édifice d’une information qui s’émancipe du pouvoir, qui s’émancipe de ses élites (socialement, les rédactions des grands médias sont encore largement blanches et CSP ++), qui laisse la parole à ses lecteurs, qui leur accorde même des prérogatives dingues, comme écrire eux-mêmes les papiers : chez poptronics, ce sont notamment les artistes qui s’invitent pour enrichir et construire un média légèrement différent de ce qui se trouve en kiosques en ce moment.

On y défendra une position globale : faire du bruit pour une presse indépendante et libre.

Et des points particuliers :

— la reconnaissance du statut d’entreprise de presse aux médias online (un parcours du combattant que poptronics a provisoirement abandonné) ;

— la révision des modalités d’obtention de la carte de presse (ubuesques quand on travaille sur le Net), de manière à ne pas exclure entre autres tous les jeunes journalistes hors statut ;

— l’invention d’une nouvelle façon d’autoréguler la profession de journaliste, en reprenant la vieille idée de l’« ombudsman », élargie à une plate-forme de sites d’info, de médias papier ou radio, télé... Pour que ce médiateur, sorte de CSA indé, délivre ses « pans sur le bec » (clin d’œil au « Canard enchaîné », l’un des rares titres papier qui poursuit l’investigation, lui aussi sur la sellette avec la sortie cette semaine du « Vrai Canard », une enquête de Karl Laske et Laurent Valdiguié) ;

— l’abandon des projets de révision de la loi sur la diffamation qui déboucherait, si elle était adoptée à l’Assemblée, sur une responsabilité à deux vitesses : la première, limitant les effets de la diffamation dans le temps à trois mois, pour la « grande presse », la seconde, la repoussant à un an, pour les « mauvais » du Net, entendez, les indépendants et les blogueurs.

La bande-annonce du Off au théâtre de la Colline :

annick rivoire