Soirée « Is it House ??? » au Batofar le 15/12 de 22h à 6h avec les DJ sets de Moodymann aka Kenny Dixon Jr et Zero dB et le live de Rednose Distrikt, 15 €, face au 11 Quai
François Mauriac, à Paris, 13e.
Moodymann, farouche défenseur des musiques noires de Detroit, soul et jazz, qu’il réinjecte dans sa techno house. © DR
< 15'12'07 >
Moodymann, aux sources de la house
C’est peut-être une bonne chose que la house soit en perte de vitesse. D’un côté des DJ’s superstars, voire star-académisés et perdus pour toujours… De l’autre des puristes qu’aucun mauvais vent ne fait varier. Moodymann, né Kenny Dixon junior, dont on signale la présence à Paris au Batofar samedi, est de ceux-là. A la fois pilier de ce qu’il y a de plus pur et soulful, mais aussi explorateur de sons, qui ne craint pas de salir ses textures electro groove avec divers emprunts sonores que le standard des dancefloors jugerait incongrus — poussières et craquements de vinyles, field recordings, fréquences radio, à l’exemple du classique « Tribute To The Soul We Lost » qui commence avec deux minutes entières de zapping radiophonique commentant la mort de Marvin Gaye. Kenny junior est donc le fils de Dixon senior, pianiste dans un cabaret unique, le bien nommé « Better Days » à Detroit. L’endroit est ouvert très tard et miraculeusement, il accueille les mixages black, latino, blanc, jazz, funk, rock, disco… Tout ça dans une ville ghetto où les métissages sont bien moins aisés qu’ailleurs. Pour l’ambiance, certes un peu hors contexte, un document ultra précieux avec les contorsions des danseurs du « Better Days » en 1982 sur le séminal titre électro de Detroit, « Sharevari » par A Number Of Names. Au début des années 90, Moodymann fait naturellement ses armes là-bas. Il n’apparaît sporadiquement que sur des vinyles autoproduits et cryptiquement siglés KDJ. Les pièces sont rares, mais quand notre homme voyage pour la première fois en tant que DJ en Europe, il n’hésite pas à donner gracieusement des pressages aux clubbers. En une paire d’années, le personnage Moodymann s’affirme en laissant officiellement son premier album, recueil de précédentes pépites KDJ, sur le label de Carl Craig, Planet E, puis sous la bannière Mahogani avec la série Mahogani Brown et Black Mahogani. Elle court jusqu’à aujourd’hui. Entre-temps, il radicalise ses positions, méprisant les petits DJ’s blancs qui spolient un siècle de culture musicale noire pour la réduire en boucle métronomique sans conscience. Un avis, certes tranchant, mais difficile à contredire. Au mieux, on pourrait avec un brin d’ironie s’amuser à compter les emprunts de KDJ à la « culture blanche », et lui rendre la monnaie de sa pièce, puisque « In Loving Memory », l’un de ses vinyles les plus recherchés, est une simple mise en boucle d’une intro des innommables Frères Marouani, du temps de leur combo synthé-disco Space… Emprunt tout pardonné, car c’est bien meilleur. À l’évidence, Moodymann prêche une valeur quasi spirituelle du dancefloor. Sa venue en France (rare) succède d’une semaine à celle de son concitoyen et frère d’armes Theo Parrish. Signe des temps d’un juste retour aux sources de la house, et une jolie chance que cela se passe à Paris.
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