Sortez ! Sonic Protest, Crash Course In Science, Daniel Johnston, Michael Gira...
(pop’live) Et revoilà après une (longue) hibernation, la sélection de concerts et soirées signée Poptronics. Plutôt que de s’engourdir sur Twitter à débattre du non-débat présidentiel, mieux vaut se dégourdir les jambes et penser à autre chose – comme croiser les Pierrots de la nuit, les nouveaux anges gardiens de nuits parisiennes sans bruit, vive le progrès… Ça tombe bien, on aura de quoi faire cette quinzaine du côté des musiques non formatées, avec en point d’orgue la huitième édition du Sonic Protest.
On commence par une curiosité avec le premier concert français de Crash Course In Science (Point éphémère, 06/04). Groupe météorite (1979-1981) peu connu au-delà de ses frontières, ce trio venu de Philadelphie est une légende underground de la new wave synthétique américaine. Pratiquant une électronique sèche teintée d’industriel, avec guitares dissonantes, instruments-jouets voire ustensiles de cuisine, concis (le single « Cakes in Home » en 1979 et le 4-titres « Signals From Pier Thirteen », en 1981), le précurseur Crash Course In Science a été remis en selle il y a quelques années par un beau travail de réédition (et un remix de Danton Eeprom). Doki Doki les fait monter sur scène pour cette soirée où l’on retrouvera également l’adepte de collages hurluberlus Guido Möbius et Centenaire.
A l’initiative du webzine Hardzine se tient le premier festival Fake Series à l’Espace B (09-11/04). Soit de la pop dans toutes ses acceptions (synth-pop, indie, psyché, new-wave…), dont deux poulains du label de référence NotNotFun (les Américains Ensemble Economique et Umberto, amateurs affirmés de Carpenter) et la jeune New-Yorkaise Eleonor Logan d’Happy New Year.
Happy New Year - « Gold Medallion », real. TBYRD (2011) :
Si la pop, c’est trop doux pour vous, Sonic Protest est là pour bousculer vos oreilles ! Revenu d’entre les morts l’année dernière et désormais installé au printemps, le festival des musiques « libres et tordues » comme le défendaient ici ses initiateurs se déploie en 2012 dans cinq villes : outre Paris, Marseille (de plus en plus en pointe dans les musiques « différentes ») accueille pour la première fois une semaine complète de programmation tandis que Reims, Tours et Dijon proposent chacune une soirée. Beaucoup de (bonnes) choses à picorer dans cette proposition déployée dans une demi-douzaine de salles parisiennes (dont les Instants chavirés, la scène historique du festival, le Palais de Tokyo ou Mains d’œuvres), comme toujours ouverte aux quatre vents expérimentaux (minimalisme, noise, folk, rock). Pour le détail du programme, cliquez par ici.
Plus Instrument live à Amsterdam (1980) :
Difficile de faire un tri dans la programmation expérimentale tordue et haute en couleurs sonores de cette semaine à dominante guitares et machines, où la vielle à roue (Puech & Gourdon & Bremaux) côtoie le ghetto blaster instrumenté (le projet bien nommé Ghetto Blastard de Jean-Marcel Busson), le luth (Jozef Van Wissem) et la vitre amplifiée (Rice Corpse). Comme toujours, le Sonic Protest fait œuvre de passeur et convoque nombre de figures injustement méconnues. A côté des glorieux anciens (l’ex-Dream Syndicate Tony Conrad, Kim Foley, et Keiji Haino) qui squatteront l’église Saint-Merry (12/04), on retrouvera quelques vieilles connaissances : la Néerlandaise Truus de Groot, en solo (14/04) et avec Plus Instruments (15/04), les vétérans no wave Flipper (13/04), l’alliance de deux pontes de l’expérimental (Frans de Waard et Scott Foust) dans Tobacconists (10/04) ou encore Fall of Saigon, perle new wave française reformée… sans son Pascal Comelade (14/04).
Flipper - « Sex Bomb » (live) (1983) :
Ce qui fait le sel d’un Sonic Protest, c’est l’effet de surprise de cette programmation : la performance d’Astreinte (noise from Béarn) virera-t-elle au Meurtre (noise from Paris) ? Super Reverb (nouveau projet d’un demi-Schneider TM) vous fera-t-elle grimper vers Les Hauts de Plafond (de la « musique décorative radicale ») ? Balinese Beast (noise saxo-samplée de Grèce) fera-t-il ravaler ses K7 customisées en machines à jouer à Tapetronic ?
Cet aéropage d’artistes curieux et inventifs vous feront tourner la tête aussi bien que « Vinyl Rally », l’installation que Lucas Abela présentera au Palais de Tokyo (les 12 et 13/04) : un circuit de 6000 vinyles scratchés par les stylets fixés sous une voiture radio-commandée depuis une borne d’arcade. L’artiste sonore se mettra littéralement en quatre tout au long de la semaine pour présenter ses divers projets.
Lucas Abela - « Vinyl Rally », installation (2011) :
Toujours déviants mais moins sonores, Daniel Johnston et Jad Fair font cause commune (Gaîté lyrique, 08/04). Amis de trente ans, partageant la même approche borderline de la chanson, ces deux Américains sont devenus des références pour toute une génération de folksingers œuvrant hors des clous. A noter, une grande exposition consacrée à la production graphique et musicale de Daniel Johnston s’installe au Lieu Unique à Nantes, du 7 avril au 20 mai. Autre figure de proue de l’Amérique qu’on aime à Poptronics, Michael Gira, leader des Swans et patron du label Young God, sera de passage en solo à Paris pour livrer son folk si rachitique qu’il en deviendrait presque expérimental (Point éphémère, 09/04, avec Kristof Hahn).
Michael Gira - « My Brother’s Man », live à Toronto (2011) :
Poptronics en a déjà parlé :
04/04 : Mondkopf (DJ-set) au Rex.
05/04 : Digitalism (complet) à la Gaîté lyrique.
08/04 : Matias Aguayo (soirée Dirty Party) au Social Club.
08/04 : Ivan Smagghe et James Holden au Rex.
14/04 : Puppetmastaz The Reunion Show (complet) à la Gaîté lyrique.