pop’live, le tour des concerts et soirées de la quinzaine à ne pas manquer.
Les Américains de Deerhoof n’ont rien perdu de leur verdeur expérimentale. Retour pop déconstruit avec un onzième album et un concert le 19/04 à la Maroquinerie. © Sarah Cass
< 08'04'11 >
Sortez ! Deerhoof, Magnetic Man, Earth, Menace Ruine, InFiné...
(pop’live) Les quinzaines se suivent et se ressemblent : encore une guerre décidée dans les salons de l’Elysée, encore des reformations inutiles sur les scènes parisiennes (Human League !). Heureusement, pour nous donner des raisons d’espérer, on a le soleil, et, pour nous nettoyer les oreilles, le Sonic Protest qui continue. Sans oublier, pour porter la bonne parole en campagne, deux festivals décentrés qui lancent la saison des poids lourds (Garorock à Marmande, Panoramas à Morlaix, en place depuis quinze ans, bravo à eux !). Du neuf ? Mais c’est par ici maintenant tout de suite. Lorsque Benga, Skream and Artwork, soit la crème des producteurs de dubstep made in UK, s’associent, cela donne le projet 100% laptop Magnetic Man. Couvrant le versant le plus lumineux du dubstep, à l’opposé exact des productions Hyperdub (Burial, Kode9...), Magnetic Man a publié fin 2010 un album détonant, parsemé des tensions (les basses) inhérentes au genre, en lui injectant une souplesse, des incursions en lande techno et des featurings vocaux qui évoquent parfois les efforts de Roni Size pour sortir la drum’n’bass de l’impasse au siècle dernier (Machine du Moulin Rouge, 8/04). Magnetic Man – « Perfect Stranger » (2010) : Propulsé par Agoria, DJ au goût très sûr et indéfectible compagnon de route de la techno à la française, le label InFiné fait preuve d’une belle endurance, défendant contre vents et marée des propositions pas toujours évidentes. Si les amateurs d’hybridations connaissent bien Aufgang (le trio porté par le pianiste Francesco Tristano), ils sont peut-être moins familiers des autres signatures du label. La semaine spéciale que lui consacre la Gaîté devrait arranger ça (du 13 au 17/04, après un week-end qui accueille le festival indé Super mon amour). Outre Aufgang, donc (le 15/04) et sa musique tournoyante, suivi d’un DJ-set d’Agoria (qui fêtera la sortie de son mix Fabric), on sera curieux de découvrir la signature d’Arandel : le mystérieux musicien va en effet jouer avec les 200 hauts-parleurs tapissant les espaces afin de faire revivre « les fantômes des 150 ans de vie artistique de la Gaîté ». A la même affiche, Bachar Mar-Khalifé, frère de Rami (d’Aufgang) et fils du grand musicien humaniste Marcel Khalifé, ne doit pas sa présence à un quelconque piston. A l’automne, ce jeune pianiste et percussionniste libanais a sorti son premier album, l’un des plus saisissants de 2010. « Oil Slick » navigue hors catégorie, radical et brut, minimal et oriental, traversé d’expérimentations électroniques et de musiques traditionnelles. En six longs titres avant-coureurs (« Democratia » comme bande-son de l’hiver), avec au cœur les dix minutes de « Marée Noire », fulgurante confession-poème proche de la musique concrète (et dont on ne sort pas indemne). Une voie/x singulière dans l’expérimental qu’on aimerait voir faire tache d’huile. A signaler, pour les amateurs de guitares vintage et de performers vocaux, le festival Cool Soul (Bataclan, 8/04) avec le succès surprise 2010, Jim Jones Revue, notre Portugais préféré The Legendary Tigerman et les Bellrays. Ça ne fait jamais de mal de revoir ses classiques ! Pas tous cependant : les faisandés New York Dolls (Flèche d’or, 11/04), soit David Johanssen et Sylvain Sylvain accompagnés de mercenaires (Johnny Thunders est excusé), reformés pour ramasser la monnaie. On montera quand même dans la salle du XXe dès ce week-end (le 9/04) pour se faire cisailler les oreilles par le punk synthétique mal élevé des Australiens The Death Set, dont on vous a déjà parlé et dont on ne se lasse pas. On réécoute leur tube ! Le 12/04 se déroulera au collège des Bernardins le deuxième volet du cycle Alterminimalismes 2 conçu comme « un vagabondage stylistique et musical à travers la création contemporaine autour des possibles avatars contemporains du minimalisme ». Après le concert magnifique de Philip Jeck en mars, ce sera à Quentin Sirjacq d’investir l’auditorium tout en longueur des Bernardins grâce à son toucher de piano marqué par Debussy (et par un art dosé du silence et de la mise en apesanteur). Il sera suivi de l’Australien Oren Ambarchi, guitariste et percussionniste versé dans l’ambient (et dont on adore le dernier projet mitonné avec Keiji Haino et Jim O’Rourke). Grosse semaine en perspective pour les amateurs d’acouphène. Le 12/04, on ralliera le Point éphémère pour découvrir - enfin ! - sur scène un duo de Montréal au nom tout simplement fabuleux, Menace Ruine. Avec son doom métal étiré jusqu’à la brisure, ses enchevêtrements de réverb’ et ses vocaux cryptiques, à la limite de la cassure, Menace Ruine a séduit jusqu’à Stephen O’Malley de Sunn o))), qui les a programmés au Roadburn Festival, en Hollande. Première date en France, on attend avec impatience les décombres. Le lendemain, les plus insatiables iront découvrir les nouveaux morceaux de bravoure de Earth, le groupe de Dylan Carlson, autre figure du drone américain dont le nouvel album « Angels Of Darkness, Demons Of Light /Vol.1 », synthétise les obsessions pour les grands espaces, les guitares jouées avec les nerfs, en y ajoutant désormais une touche de lumière grâce à un subtil contrepoint de violoncelle (le 13/04 au Nouveau Casino). A Poptronics, on aime beaucoup Deerhoof. Actif depuis plus de quinze ans, cet électron libre de l’expérimental rock n’a jamais voulu se laisser enfermer dans un genre ou confisquer par une tribu. Une carrière démarrée dans le bruit le plus violent quand tout le monde calmait le jeu, des morceaux d’un équilibre mouvant, comme un jeu de construction oblique, et ces dernières années, un retour à la pop à rebours de la tendance noise dominante. Le onzième ( !) album des Américains confirme encore le caractère indompté de Deerhoof, jamais avare de ruades (normal, le nom du groupe signifie « sabot de cerf »). « Deerhoof vs Evil » que le groupe, bien dans son époque, a dévoilé morceau par morceau sur des sites triés sur le volet avant même sa sortie, explose un peu plus conventions et canons pop avec ses chansons à tiroirs dont s’échappent toutes sortes de sons bizarres, des guitares folk et des synthés vintage. Portée par la voix de Satomi Matsuzaki, la musique de la petite bande est d’une complexité et d’une hardiesse folles, d’une rare liberté de ton mais demeure pourtant, c’est tout le talent de ce groupe, très accessible. Plus dansant, moins cérébral, Deerhoof joue le contre-pied. Seul sur sa planète, seul contre tous. Et poptronics d’applaudir encore des deux mains (Maroquinerie, 19/04). Deerhoof – « Super Duper Rescue Heads ! » (2011), réal. Noriko Oishi : La quinzaine se concluera avec grâce : Emmanuelle Parrenin vient de publier un album plutôt remarquable, « Maison cube », enregistré sous la houlette des Disques Bien et surtout d’un fan de la première heure, Flóp. Trente ans après « Maison Rose », qui refondait à sa manière le psyché-folk à la française, Emmanuelle Parrenin ressort ses instruments (stanza, vielle et autres boiseries) et son univers introspectif (Point éphémère, le 20/04). Concerts et soirées :
Printemps électronique
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